épilogue; conclusion: de l'insoumission; lettres fictives; compte-rendu dans les 2-Rives

épilogue
En lisant Les Illusions perdues, roman d’Honoré de Balzac où abondent les portraits de personnages, il est venu deux idées à l’auteur qu’il croit opportun de partager avec le lecteur en guise d’épilogue. Notons ces deux définitions du petit Robert du mot épilogue : remarque exposant des faits postérieurs à l’action et destinée à en compléter le sens ; dénouement d’une affaire longue, embrouillée.
La première remarque est un retour sur une citation de Montaigne que nous avons choisie dans un moment de colère : la méthode de harcèlement de notre adversaire, est un vrai témoignage de l’humaine imbécilité, pour dire que ce que nous avons appelé avec une certaine grandiloquence de la pensée unique ou du fanatisme est peut-être, plus simplement, ce que Balzac appelait de la bêtise en décrivant une grande dame de province, madame de Bargeton qu’il qualifiait aussi ironiquement de reine et de souveraine. Quand il n’était pas d’accord avec le comportement provincial de madame de Bargeton, Balzac, exaspéré, parlait de sa bêtise. Il nous est arrivé de le penser à propos de notre adversaire. A l’époque où existait une aristocratie, entre hommes, un duel lavait une offense. De nos jours, quand on se croit victime d’une insulte ou qu’on se sent menacé dans sa fonction ou qu’on veut exercer une vengeance politique et qu’on est une grande dame qui fait partie de la hautepéteuterie de sa petite ville, on appelle son avocat surtout quand on sait qu’on n’aura pas à en assumer personnellement les frais. C’est une caractéristique d’une certaine classe sociale. Ce n’est pas brillant mais ce n’est pas nécessairement de la bêtise. Ça dépend du point de vue. Balzac aurait dit de cette bourgeoise infatuée qu’en femme exagérée, elle exagérait la valeur de sa personne. Jane Austen aurait écrit qu’elle avait beaucoup d’admiration pour sa personne. Elle aurait dit aussi qu’en femme accomplie, rien ne devait lui résister. Dans Pride and Prejudice, Lady Catherine de Bourgh qui est aussi une dominatrice, subit la défaite : sa fille ne marie pas Mr. Darcy. 
Deuxième remarque de conséquence du point de vue des rapports entre les mots et la réalité. La distance dans l’espace et l’éloignement dans le temps nous ont donné cette étrange impression que le portrait que nous avons tracé de la directrice a créé un personnage fictif assez séduisant qui s’est exprimé dans des Confidences. Comment ne pas être séduit par une femme mûre qui reconnaît en partie ses torts et qui ne menace plus de nous poursuivre. Même si c’est un personnage fictif qui est certainement différent de l’original. Toutes les parties du livre mettent en scène des personnages   dont le présent est si loin de ce passé pourtant récent qu’ils en sont devenus comme les acteurs d’une pantomime dont on cherche le sens dans la tristesse du souvenir de nos amis Daniel Lussier et Lise Latraverse  aujourd’hui disparus.
Vieux-Longueuil, décembre 2004- septembre 2017- mai 2018-février 2019-mai 2019
Le Littéraire,  voyageur de Charlevoix ayant mis le point final à son livre, après 40 ans d’enseignement dont 36 au même collège et quatorze ans de réflexion et d’écriture, s’est senti désinstitutionnalisé, c’est-à-dire, libre comme les prisonniers sortis de prison du film The Shawshank Redemption, libre du poids de certains éléments hostiles d’une région et libre d’aimer cette région à travers des ami(e)s et à travers l’affection qu’il porte au père Didace et aux deux romans qui n’en sont qu’un, si riches en humanité, de Germaine Guèvremont : Le Survenant et Marie-Didace qui sont des chefs-d'oeuvre dignes de figurer dans le panthéon de la littérature universelle.
aire de repos
Le samouraî parle. Le samouraï dit : 
Ma Voie est fondée sur la loyauté, la justice et l’honneur. Mon idéal est l’esprit martial dans l’affrontement sans peur de l’ennemi dans la bataille. En toutes circonstances, droiture, honnêteté et surtout contrôle de soi. Mon art consiste non pas à vaincre les autres mais à ne pas être vaincu. Ma passion pour la franchise n’exclut pas la ruse mais rejette le mensonge ; elle a sa source dans le courage, mais aussi dans le besoin de limpidité, de pureté, d’harmonie et de cohérence. Tout ce qui entache cet état est déshonorant. 
Ainsi parla le samouraï.

Et quand personne ne me lira, ai-je perdu mon temps de m’être entretenu tant d’heures oisives à pensements si utiles ? (Montaigne)
Je crois finalement qu’écrire fait partie de la liberté d’expression. On a le droit d’écrire comme on a le droit de parler. Quand on écrit, on ne fait taire personne. (Jacques Ferron)
Notre vie est partie en folie, partie en prudence. Qui n’en écrit que révéremment et régulièrement, il en laisse en arrière plus de la moitié. (Essais, III, 5)
Mais, me direz-vous, il ne s’agissait que d’une misérable petite affaire ! Oui, bien sûr, vous avez raison, mais tout est relatif. Moi, j’en faisais une grande affaire et, comme elle me concernait, mon jugement prévalut. (Jacques Ferron, Appendice aux Confitures de coings, Parti pris, 1972)
aire de repos
Réponses de Claude Gauvreau au questionnaire Marcel Proust: on appréciera l'humour souverain de Claude Gauvreau.
Votre qualité préférée chez l’homme ? Par-dessus toute chose, en tout, j’estime l’authenticité.
Votre qualité préférée chez la femme ? Quitte à friser le pléonasme. je dirais que ma qualité préférée chez la femme c’est la féminité.
Votre vertu préférée ? L’obstination.
Votre occupation préférée ? Ecrire.
Le principal trait de votre caractère ? L’implacabilité.
Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ? La compréhension. J’en arrive à l’âge où, longtemps méconnu et incompris et dénigré, j’ai besoin de goûter à un peu d’admiration.
A cause d’un vieux pli pervers, je suis toujours étonné qu’on me fasse confiance mais, chaque fois, c’est un des beaux et bouleversants moments de l’existence.
J’apprécie la franchise, l’absence de ruse, la spontanéité.
Ce que je déteste par-dessus tout ? J’ai en horreur les calculateurs, les exploiteurs, les tacticiens roués, les adeptes de l’extorsion, les arrivistes, les opportunistes, toutes les formes de l’inauthenticité.
Etat présent de mon esprit ? Je suis combatif, imaginatif, extravagant, optimiste.
Extrait de : Quand les écrivains québécois jouent le jeu, présenté par Victor-Lévy Beaulieu, Editions du Jour, 1970. 
Le poète et dramaturge Claude Gauvreau s’est suicidé en juillet 1971. Il avait quarante-cinq ans.  

aire de repos
Les abeilles pillotent de çà, de là, les fleurs, mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym ni marjolaine. (Montaigne, Essais, 1, 25)
Gagner une brèche, conduire une ambassade, régir un peuple, ce sont actions éclatantes. Tancer, rire, vendre, payer, aimer, haïr, et converser avec les siens et avec soi-même doucement et justement, ne relâcher point, ne se démentir point, c’est chose plus rare, plus difficile, et moins remarquable. Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. De fonder la récompense des actions vertueuses sur l’approbation d’autrui, c’est prendre un trop incertain et trouble fondement. Il n’y a que vous qui sache si vous êtes lâche et cruel, ou loyal et dévotieux : les autres ne vous voient point, ils vous devinent par conjectures incertaines ; ils voient non tant votre nature que votre art. Par ainsi, ne vous tenez pas à leur sentence, tenez-vous à la vôtre. (Essais, III, 2)
Crois-tu que de vivre dans le conflit t’apportera le bonheur ? (Philippe Barberis, entrepreneur, Services PB)

Conclusion: de l'insoumission, condition de la liberté

Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition (Montaigne)
Fallait-il s'excuser de notre compétence!
Avec cruauté, par des menaces diverses, elle refusa à cet enseignant le droit de dire je, droit qu'il dut reconquérir.
Je ne traite pas, je maltraite. (Belmondo-Stavisky)
Pendant que d’autres parlaient de mondialisation, au lieu d’être accablés par cet universel naufrage du monde (Montaigne), nous étions engagés modestement, nous les machos et les misogynes, dans la défense de sept femmes, sept employées de la cafétéria menacées de perdre leur emploi par la privatisation. Nous faisions aussi la promotion de la qualité des aliments servis aux élèves. Nous étions engagés dans la défense du syndicat des enseignants dont l’existence même était en jeu. Nous nous battions aussi pour la liberté d’expression. Luttes modestes mais luttes nécessaires. Au niveau local.  
Certes nous étions conscients des problèmes mondiaux comme la protection de l’environnement, la faim dans le monde, la menace terroriste que fait planer sur la planète le radicalisme islamiste, la situation d’exploités et de dominés de millions de femmes, d’enfants et d’hommes, la poudrière du Moyen-Orient où la création d’un Etat palestinien est toujours remise à plus tard, en somme tout ce qu’on voit aux nouvelles télévisées tous les jours. Ces graves questions faisaient évidemment paraître moins importantes nos préoccupations d’enseignants. Mais conscience planétaire et soucis quotidiens de santé et de travail coexistent chez la plupart de nos contemporains. La vie quotidienne des enseignants est faite de soucis bien ordinaires de nombre d’élèves dans nos classes et de discipline, de contenus de cours, d’horaires étirés, de liberté académique, d’évaluation par compétences, de médiocres rivalités entre collègues et de réunions convoquées par des cadres qui cherchent à s’occuper. Par ailleurs, la vie syndicale s'intéresse aux baisses de clientèle, à la répartition équitable des ressources, aux conflits interpersonnels, aux programmes à sauvegarder et aux conditions de travail plus ou moins décrétées par le gouvernement qui refuse de négocier. Il aura fallu mêler Montaigne à nos querelles pour élever le niveau des débats et les civiliser. Plusieurs citations de cet écrivain unique ont fortement irrité nos opposantes. Mais c’est grâce à Montaigne, maître de résilience, que nous avons résisté à nos adversaires, que nous avons défendu la liberté d’expression et que nous avons combattu avec un certain panache, nous semble-t-il, ce qui nous ramène à Cyrano de Bergerac qui nous a inspiré et dont nous admirons la faconde.
Sa Majesté de Ste-Anne-de-Sorel savait que nous n’étions pas d’accord parce que nous ne nous gênions pas de le dire et de l’écrire ( elle avait ses courtisans, ses espions et ses agents-doubles qui cherchaient des avantages et que nous connaissions). Il fallait vraiment qu’elle vive dans sa bulle pour croire qu’elle réussirait à nous casser en exigeant de nous des lettres d’excuses ou des engagements de bonne conduite. Que voulait-elle au juste ? Ce n’est pas compliqué : pour assouvir sa passion tyrannique, elle voulait notre soumission. Elle voulait abattre notre esprit d’indépendance. Elle voulait régner sans opposition. Narcissique et égotiste, elle voulait le pouvoir absolu en annihilant toute opposition et en brimant la liberté d’expression par ces constantes brimades qu’on appelle du harcèlement. 
Faisant partie de la hautepéteuterie de sa ville, elle s’attendait à notre soumission et elle l’avait obtenue de l’exécutif syndical qui nous avait précédé quand, après un repas bien arrosé dont elle a payé l’addition, utilisant son charme irrésistible, elle obtint 4.2 ETC (équivalent temps complet) pris dans l’enveloppe réservée à l’enseignement, ce qui veut dire, en clair, quatre enseignants en moins pour accomplir l’ensemble des tâches d’enseignement dans un collège qui compte  82 enseignants. Cette servitude volontaire nous a profondément irrités. Quand nous avons été élus à l’exécutif, ce fut une autre histoire. Nous sommes allergiques à la soumission et à la servilité. L’ayant constaté, et s’imaginant toujours avoir droit à notre soumission, elle entama deux poursuites en diffamation et elle commit plusieurs gestes d’abus de pouvoir et de harcèlement contre le Littéraire qui ne sont pas anodins et dont le caractère vexatoire n’a pas échappé à certains qui ont dit après avoir pris connaissance du dossier : Ça n’a pas dû être facile ! Elle frappait sans avertissement. Obnubilée par le pouvoir ou par l’argent comme tous les parvenus libéraux, elle se croyait tout permis avec un sans-gêne effronté. Montaigne l’a bien décrite dans les lignes suivantes :
En celle qui est enivrée de cette intention violente et tyrannique, on voit par nécessité beaucoup d’imprudence et d’injustice ; l’impétuosité de son désir l’emporte ; ce sont mouvements téméraires et de peu de fruit.
De peu de fruit en effet sinon de nous avoir donné l’occasion de gagner une longue bataille et de mieux comprendre et d’apprécier l’incomparable Montaigne. Nous terminerons par une autre citation de l’auteur des Essais, sans fausse modestie :
Quelle plus grande victoire attendez-vous que d’apprendre à votre ennemi qu’il ne vous peut combattre ?
Elle aimait répéter : Pendant que moi, je fais du développement pour le collège, eux. ils ne font rien d’autre que critiquer et me mettre les bâtons dans les roues. Vous savez maintenant que cette vue simpliste était fausse. Elle avait tout prévu sauf que le Directeur des études la laisserait tomber en se trouvant un emploi ailleurs ; pour parler ironiquement, il a alors manqué à son devoir de loyauté. Il a cessé d’être soumis et de faire la belle devant sa souveraine. Elle avait tout prévu sauf cette trahison et celle du Conseil d’administration qui refusa de poursuivre le syndicat pour une troisième fois. Elle n’avait pas prévu notre pugnacité et notre ténacité dans la volonté de faire du conflit une lutte collective gagnée par un syndicat qui s’est tenu debout parce que l’ensemble des enseignants ont compris les enjeux et ont été solidaires.
La liberté syndicale et la liberté d’expression étaient menacées. Devant un pouvoir dominateur, ou tu cèdes ou tu résistes. Que serait-il arrivé si nous lui avions laissé faire ses quatre volontés même si l’expérience a démontré comme se plaisait à le répéter le Politique qu’elle n’avait pas de limites allant, par exemple, jusqu’à demander à la conseillère en orientation, dans un chantage sans précédent, de renoncer à sa permanence et à devenir temps partiel à contrat pour le bien du collège.
Si nous l’avions laissé faire, nous aurions pu enseigner en paix sans nous faire espionner et sans que nos classes ne soient envahies par des cadres féminines munies de questionnaires piégés. L’Adjointe aux programmes (Louise K.) serait devenue Directrice des études ce qui n’aurait pas été dramatique. Les Conseils d’administration harmonieux terminés où toutes les propositions de la Reine auraient été adoptées à l’unanimité, nous aurions vidé les bouteilles de vin ensemble en dégustant quelques morceaux de pain français avec du bon pâté de campagne, du savoureux fromage d’Oka et quelque fine pâtisserie suivie d’un bon café. Nous nous serions quittés en nous donnant l’accolade et nous aurions emporté avec nous l’odeur capiteuse de son parfum comme l’écrivait Baudelaire de la Circé tyrannique aux dangereux parfums jusqu’à rendre notre femme jalouse. Il n’aurait pas été question de lettres d’excuses, ni de diffamation et d’atteinte à la réputation, ni de Conseil de discipline ou de Cour supérieure ni de griefs ou de plainte au Tribunal du travail, ni de mises en demeure, ni d’avocats et de huissiers. La cafétéria aurait été privatisée et peu importent les conséquences sur la qualité des aliments et la sécurité d’emploi des employées. La tâche des enseignants aurait augmenté parce que des ressources réservées à l’enseignement auraient été détournées ou, si vous voulez employer un euphémisme, réorientées. Sa Majesté aurait éprouvé une grande douceur à régner et nous aurions eu le contentement béat qu’apportent des relations harmonieuses avec l’Autorité et le Pouvoir. Nous aurions pu dormir en paix dans la quiétude que donne la soumission. Le directeur des ressources matérielles, de la formation continue et de l’International nous aurait invité à visiter sa cave à vins à Boucherville, ce qui nous aurait donné l’impression d’appartenir au même monde que ceux et celles qui veulent qu’on les admire à cause de leur carte de crédit Or.
Renonçant à tous ces avantages et bien d’autres, nous avons préféré l’insoumission et la liberté. Nous avons préféré donner aux jeunes et à une région l’exemple d’un vrai syndicat qui sait se tenir debout et se bat pour la liberté d’expression et la démocratie afin que l’argent ne soit pas le premier facteur qui influence toutes les décisions. Nous avons décidé de rester libres et nous n’avons aucun regret. Nous avons combattu la censure avec succès malgré deux poursuites-bâillons. C’est pour nous un sujet de fierté. Et nous avons tenu mordicus à ce que notre aventure soit imprimée noir sur blanc  pour qu’elle ne soit pas oubliée. Tout en insistant pour que sa dimension politique ne soit pas occultée.

Tel est notre témoignage. 
Le Littéraire 
J’entends les cris de l’engoulevent, j’observe son vol dans le ciel d’un soir d’été, les lumières s’allument sur le parc Robin, il est temps de mettre fin aux jeux et de rentrer à la maison de mes grands-parents italiens, ma petite main droite serrée dans la douce main gauche de ma mère. J’ai quatre ans et je suis heureux.

A  Lise Latraverse, une femme courageuse, honnête et digne.
A Daniel Lussier, notre ami,  le Syndicaliste compétent.
Ils n'avaient pas 57 ans. Quelle tristesse. J
O proud Death ! Now cracks a noble heart. Good-night, sweet prince, And flights of angels sing thee to thy rest ! (Hamlet)  
O mort orgueilleuse ! Voilà que se brise un noble coeur. Bonne nuit, aimable prince,   Et que des vols d’anges bercent par leurs chants ton sommeil.  
The rest is silence.
Et le reste est silence. 

aire de repos

Changez tout (chanson de Michel Jonasz) (sur Youtube)
Je veux aller où l’air est plus doux,
Où la colombe vole en-dessous
Où le printemps entre un jour comme un fou
Vous saisit au revers
Au détour d’un chemin vert
Et vous dit : ça va pas comme ça.
Changez tout, changez tout
Vot’monde ne tient pas debout
Changez tout, changez tout, changez tout .
Je veux aller dans l’après-midi
D’un jour où rien n’est interdit,
Où le bonheur, sans faire de comédie
Vous salue sans manières
Et vous parle à coeur ouvert
Et vous dit "qu’est-c’que t’as bien fait
D’changer tout, changer tout.
Pour une vie qui vaille le coup,
Changez tout, changez tout, changez tout.

Lettres fictives de réactions à La Gibelotte en compagnie de Montaigne et répliques du Littéraire

J’ai envoyé mon manuscrit en Word et en TextEdit par courriel à différentes personnes impliquées dans le conflit pour connaître leur opinion. Voici leurs réactions et mes réponses. (Le Littéraire)
Lettre de l’avocat local Robert A. dit L'Eloquent, l’homme de 50,000$, qui a souhaité devant le Juge que cessent ces injures et ces vomissements.
Monsieur,
j’accuse réception de votre oeuvre. De ma maison des Cantons de l’Est, que j’ai fait construire en partie avec les émoluments provenant de votre dossier, je vous réponds que je ne vous lirai pas. Je mettrai votre livre au feu cet automne quand les froids commenceront à sévir. Après avoir traité une affaire, je passe à la suivante. J’ai depuis longtemps perdu le goût des actes gratuits. De plus, je connais la mauvaise opinion que vous avez de moi et je ne suis pas masochiste. J’ai été l’avocat de votre adversaire et je n’avais pas de cadeau à vous faire.  
Comme lors de l’entente hors cour vous avez refusé de me serrer la main car vous vous croyiez en possession exclusive du désintéressement et de la vérité, je ne vous salue pas. Je regrette seulement de ne pas avoir insisté pour inscrire une clause de confidentialité dans l’entente que nous avons signée et que vous n’avez pas respectée en continuant votre harcèlement contre la directrice.
J’aurais bien aimé qu’il y ait un procès devant un juge. Je suis certain que vous auriez eu la leçon de votre vie. Je vous aurais fait payer très cher votre arrogance. Je vous aurais donné de bonnes raisons de jouer à la victime. C’est mon seul regret. Je n’ai pour vous aucune considération. Vous vous en êtes tiré à bon compte. J’espère que vous en êtes conscient.
On me dit que je vous ai causé beaucoup de souci. Je serais malhonnête si je ne vous disais pas que ça m’a fait plaisir.
Je vous informe qu’un téléphone du spécialiste des assurances de la région au  premier ministre a été fait en faveur de ma nomination au poste de juge. Tous les espoirs me sont permis depuis que l’on sait combien j’ai écoeuré un indépendantiste comme vous monsieur le diplômé de l’Université Laval et ennemi personnel de Robert Bourassa, époux d’Andrée Simard de la célèbre famille d’industriels de Sorel sans laquelle il n’y aurait pas eu de collège pour vous donner un emploi pendant trente-six ans. 
L’avocat dit local, Robert A. Au Carré royal, le 10 août 2009.
Réplique du Littéraire
Monsieur le Grandiloquent,
Vous êtes toujours aussi belliqueux même quand vous n’êtes pas payé pour l’être. Pourquoi le prendre de façon aussi personnelle ! Vous n'aimez pas perdre cela est évident. Demandez à vos ex-comparses et toujours amies de vous indiquer les passages qui vous concernent dans mon oeuvre, comme vous le dites avec ironie. Vous aurez la leçon de votre vie car je ne vous épargne pas. On se souvient de vos injures et de vos vomissements. Ayez un peu de respect pour l’humble travailleur de la plume et le modeste enseignant que je suis.
Vous m'êtes fondamentalement antipathique. Je comprends votre déception de ne pas avoir eu l’occasion, devant un juge complaisant (on sait comment ils sont nommés), de montrer votre mauvaise foi et votre capacité sans limite de démagogie. 
Comme exercice de style, j’ai imaginé le procès dont vous rêviez mais qui n’a pas eu lieu. Vous en dites des vertes et des pas mûres et vous gagnez. Dans mon cauchemar, je paie vos frais fort élevés 100,000 $ et des amendes de 80,000 $ et 170,000 $ pour diffamation et atteinte à la réputation. 
Dommage pour vous que vous n’ayez pas eu l’occasion de montrer vos immenses talents comme quand vous avez conçu le cette fois-là incriminant mais malheureusement faux. Avez-vous digéré notre refus de votre demande de deux fois 10,000 $ pour fermer les deux dossiers que vous n’aviez pas réussi à relier ? Et votre exigence de confidentialité par rapport à cette honteuse demande. Je vois encore le juge qui vous regarde avec condescendance devant votre tentative de ne faire qu’une seule poursuite sur mon dos pour que je passe pour le Grand Diffamateur.  Je revois le retrait piteux de votre demande de fusion des deux causes pour éviter un refus officiel du juge et son inscription dans le dossier.
J’espère qu’aujourd’hui vous vous amusez en pensant à cette demande complètement farfelue qui démontrait toutefois hors de tout doute raisonnable qui était l’ennemi que vous visiez par dessus tout et en tout temps au nom de vos clientes belliqueuses dont vous avez été le complice consentant et fort bien payé avec des fonds publics.
Je n’ai pour vous aucune espèce d’estime et c’est pourquoi, je persiste à ne pas vous serrer la main. Je n’oublierai jamais le jour où vous vous êtes mis entre notre avocat et le juge avec votre café au moment où notre avocat plaidait que le collège n’avait rien à voir avec la poursuite du directeur des études. Le juge nous a donné raison mais votre tentative d’interférence était basse et mesquine.
Ça ne m’étonnerait pas que vous soyez nommé juge. Votre compétence ne fait pas de doute et vous avez de bonnes connexions. Sur votre dossier en route vers le bureau du premier ministre, la secrétaire de Jean Charest Chantal Landry mettra un post-it indiquant : LIBÉRAL. C’est la compétence la plus décisive.
 Le Littéraire, Vieux-Longueuil, le 10 août 2009  

Lettre de l’Avocate de service, ex-directrice des ressources humaines, madame béèmdoublevé en personne dite Le Ton, libérale
Monsieur,
L’amabilité que vous avez eue de m’affubler du surnom de pète-sec m’autorise à vous dire que vous êtes l’homme le plus désagréable et le plus détestable que j’ai rencontré de toute ma vie.
Quand je n’aurai rien à faire, je jetterai un coup d’oeil sur vos élucubrations mais, pour le moment, je ne vous permettrai pas de venir troubler mon repos à la fin d’un été suffisamment décevant.
Dans le conflit qui semble vous obséder, j’ai joué consciencieusement mon rôle d’avocate et je suis très contente de vous avoir fait passer quelques mauvais quarts d’heures dans l’espoir d’obtenir de vous un peu de respect sinon de considération.
Je ne vous ferai pas le plaisir de vous dire que je vous déteste ainsi que vos pareils du syndicat qui avez tout fait pour me rendre difficile l’exercice de ma fonction. Vous aurez réussi le tour de force de rendre antipathique pour moi de nombreux écrivains dont Montaigne dont vous vous êtes servis pour nous faire choquer.
Je n'oublierai jamais les réunions du comité des relations de travail où vous teniez à faire écrire le mot "détournement" de ressources dans le procès verbal. Je vous trouvais pas mal baveux.
Je suis fière d’être restée fidèle jusqu’au bout aux engagements que j’avais pris en acceptant le poste de directrice du personnel devant un syndicat des enseignants systématiquement hostile et malfaisant. La Directrice générale mérite toute mon admiration pour sa ténacité, sa compétence, son bon jugement, sa générosité et ses réalisations que vous avez toujours été trop mesquins pour reconnaître.
Je n’en dirais pas autant de vous qui, pendant sept ans, n’avez rien fait de constructif.
Je ne vous salue pas. 
Me Michèle G., ex-directrice des Ressources humaines, secrétaire générale et responsable des communications, le 10 août 2009
Réplique du Littéraire
Madame,
Vous avez parfois manqué de droiture. Vous avez été parfois exécrable. Vous avez été engagée comme avocate afin de poursuivre le syndicat des enseignants. C’est ce que vous avez fait. Vos amis vous ont félicité pour votre beau travail.
Moi, je ne vous félicite pas. Vous avez déshonoré la profession d’avocate mettant vos (relatives) compétences au service d’une mauvaise cause. Vous avez été la complice d'un faux témoignage.  Vous avez manqué d’éthique. Vous devriez avoir honte. Et employant la langue du Parti des Anglais, la langue favorite des Libéraux, je dis : Shame on you.
le 10 août 2009   

Lettre de l’ex-directrice
Monsieur le docteur en lettres,
J’ai reçu votre manuscrit sous forme électronique que j’ai lu avec attention. En général, vous me traitez avec délicatesse malgré quelques crispations. J’en conclus que les poursuites et la retraite ont produit chez vous le meilleur effet et je m’en félicite. On voit que le temps vous a mûri. A l’époque de notre guérilla, vous étiez plus coriace et moins équilibré en un mot, plus adolescent. Le portrait de moi que vous tracez en me faisant écrire des Confidences est honnête, assez réussi et je pourrais en être flattée. En me (vous) lisant, on comprendra mes motivations et certains pourraient même en venir à me donner raison. Il est vrai que j’ai compris : Promesse d’ivrogne quand j’ai entendu l’expression à jeun. J’admets qu’il est possible que vous n’ayez jamais dit : Cette fois-là vous étiez à jeun. Sans que je sois une amateure de romans policiers, je reconnais que votre démonstration est convaincante. 
Si j’avais à me plaindre, je vous reprocherais une insinuation sur ma possible bêtise qui me rapprocherait de Madame de Bargeton, un personnage créé par Balzac. Vous avez toujours eu une façon d’insulter par insinuation et références littéraires qui est fort déplaisante. M’a aussi beaucoup déplu la signification politique que vous avez décelée derrière l’absence d’applaudissements lors de la mention de mon nom lors de la fête du 40è anniversaire du collège. Ce silence exprime selon moi une certaine déception du fait que je n’étais pas présente. Mes nombreux amis qui étaient sur place ne m’ont certes pas reniée à cette occasion. Penser autrement est absurde. Si j’avais été là, j’aurais été applaudie. Venant d’une personne qui a évité systématiquement de participer à ce genre d’événements et qui m’a toujours reproché ma prétendue mondanité, ce commentaire frôle l’indécence. Un jour, votre manie de tout politiser vous jouera des tours. On commence à le savoir que vous allez râler tant que l’indépendance du Québec ne sera pas faite. Relisez ce que j’ai cité de Montaigne où il écrit que l’innovation est dangereuse aux Etats. Soyez un disciple de Montaigne jusqu'au bout. Méfiez-vous des nouvelletés.
Je vous sais gré d’avoir rétabli la vérité par rapport à tout ce qui touche la monumentale indélicatesse qui a rendu célèbre votre passage au conseil d’administration de notre collège. Ma réputation s’en trouve rétablie et restaurée. Mais pas nécessairement la vôtre malgré tout le mal que vous vous donnez pour passer pour un persécuté.

Je n’ai jamais nié vos qualités de professeur quand vous vous donniez la peine d’enseigner car, on le sait, les luttes syndicales ou politiques et vos études de doctorat ainsi que le voyagement de 150km de Longueuil au collège chaque jour de cours pendant 36 ans ont pris beaucoup de votre énergie. Vous le savez mieux que moi, votre carrière d’enseignant a eu des hauts et des bas. La réforme de l’enseignement du français en 1992 vous a imposé une discipline dont vous aviez bien besoin. Votre cours d’analyse littéraire a été apprécié pendant plus de dix ans : faire aimer des poèmes de François Villon ; faire comprendre la Princesse de Clèves et le Misanthrope, initier à la lecture des Essais de Montaigne ; faire pleurer des jeunes à la lecture de La dernière confession du père Didace et du Testament politique de De Lorimier, c’est digne de mention. Tout en se payant la tête des membres de l’administration dont moi, en particulier, qui ai été votre tête de Turc. C'est vrai que j'ai demandé à l'adjoint de vous donner un horaire sur cinq jours. Je m'en excuse auprès de Nathalie Piette qui elle aussi a eu un horaire sur cinq jours.
Vous le savez, j’aime Montaigne que je considère comme mon maître à penser et ce n’est pas par snobisme que je l’affirme. On peut être professeur de chimie et aimer la grande littérature et l’heure de s’enivrer de poésie de Baudelaire. L’usage que vous faites des citations de Montaigne m’a épaté même si la plupart d’entre elles servent à me dénigrer. C’est viscéral chez vous : comme Chateaubriand, une blessure une fois subie, vous ne pardonnez jamais à celle qui en est la cause. Vous êtes un rancunier.

Quant à vos prétentions sur des abus de pouvoir ou du harcèlement que vous auriez subis, je laisse au lecteur le soin de juger si une administration qui se fait traiter publiquement d’incompétente et de manquer de jugement a le droit de se défendre. J’avoue que vous avez semé le doute dans mon esprit à propos de la fameuse phrase sur le cette fois-là qui vous incriminait. Votre démonstration est convaincante et difficile à contourner. Votre conjointe qui aime lire des romans policiers doit être fière de vous, même si j’ai entendu dire qu’elle est tannée d’entendre parler de moi. Attention au ménage à trois. 
Nous étions en guerre, vous avez raison de le dire. C’est vrai que c’est moi qui ai commencé. Je savais que vous seriez contre moi alors je suis dès le début passée à l’attaque. Il y a vraiment eu une plainte contre vous que je me devais de traiter et je n’étais pas obligée d’engager le Syndicaliste Daniel Lussier comme Directeur des ressources humaines. De cette guerre, je reconnais que votre Gibelotte en compagnie de Montaigne rend compte avec une relative honnêteté d’où il se dégage que ce fut pratiquement un match nul où personne n’a pu vraiment crier victoire. Vous avez quand même été battus aux élections syndicales qui ont suivi notre lutte et votre défaite a aussi une signification même si vous vous évertuez à en minimiser la portée.
Malgré la somatisation de vos anxiétés, en écrivant ce livre, vous vous êtes bien amusé, semble-t-il. Serez-vous surpris si je vous dis que vous avez droit au bonheur et les membres de votre famille aussi. Il y a en moi une capacité de générosité qui s’exprime en ce moment comme il y avait, en moi, une capacité de dominer que vous saviez si bien contrarier. En ce mois d’août où l’été vient d’arriver, je vous souhaite une retraite enfin allégée de tous ces conflits qui relèvent du passé. Je vous invite à perdre du poids, à faire du sport, à voyager, à partager l’amitié de vos proches, et à continuer à écrire des  analyses politiques qui sont, en général, toujours aussi loin de mes opinions. J’admets que vous n’écrivez pas mal. Mais vous aimez la controverse. Récemment, vous avez eu le bon jugement de ne pas m’attaquer à propos des Fiers car, comme présidente du Fier de ma région, je suis irréprochable. A moins que vous vous mettiez à attaquer le capitalisme comme tel et les politiques de développement régional du gouvernement Charest. Ce que vous écrivez sur l'orientation sexuelle Robert Bourassa et ses conséquences politiques en vous appuyant sur les deux romans de Claire Pontbriand fait réfléchir.
Maintenant que vous avez vidé votre sac à malices à propos de vos sept dernières années d’enseignement et de syndicalisme et à propos des traumatismes que vous auriez vécus entre mon arrivée au collège et ma démission, ne pensez-vous pas que ce serait une bonne idée de passer à autre chose. J’espère que votre prostate s’assouplit, je le dis sans être sarcastique comme les deux infirmières que vous citez. A propos des petites madames, vous êtes de mauvaise foi d’autant plus que rien ne prouve que ces sept employées auraient perdu leur emploi par la privatisation. Mais oublions ces broutilles et ces enfantillages. La lutte des classes, c’est dépassé.
Je ne vous remercie pas de tenter de me rendre célèbre. Je n’en ai pas besoin. Quand allez-vous cesser de vous distancer de notre classe sociale par fidélité mal comprise à votre enfance et à votre jeunesse vécue dans le bas de la ville à Montréal autour du parc Lafontaine où vous n’avez manqué de rien malgré la relative pauvreté de votre famille ? Avec votre Honda Accord flambant neuve, votre femme propriétaire de votre maison, votre absence de dettes, vos investissements et votre pension respectable, vos quatre enfants qui ont des emplois bien payés, qu’est-ce qui vous différencie de nous ? Vous me direz que tout ce que vous avez est mérité. Sans doute. Vous êtes, comme nous, un petit-bourgeois sinon un bourgeois. Cessez donc vos allusions malveillantes à la BMW de mon amie l’avocate qui s’épanouit dans sa belle maison le long du Richelieu. C’est de la coquetterie de votre part. Admettez-le vous êtes un privilégié.  
Vous auriez dû accepter mon invitation après un Conseil d’administration à partager un goûter accompagné d’un verre de bon vin. Votre refus de fraterniser avec moi alors que tout était possible est votre plus grande erreur. L’admettez-vous en ce moment ? Aviez-vous peur de moi ? Malgré nos différences, n’auriez-vous pas préféré qu’on soit amis ? N’est-ce pas ce qu’à mots couverts laisse entendre votre dialogue avec l’Irlandais que j’en profite pour saluer ! Oui, à la rentrée des classes, j'aurais dû souligner la réussite des études de Pierre Girouard à Concordia. Je m'en excuse auprès de lui.
De la haine à l’amitié, le chemin n’est pas si long ! N’avez-vous pas une certaine admiration pour moi qui ai eu le courage de vous combattre ! Hélas, je ne corresponds pas à votre type de femme. Je n’ai malheureusement pas ces qualités que les hommes recherchent souvent chez les femmes, la douceur, la générosité, l’humour. Vous pensez que je n’ai pas le sens de l’humour. Vous vous trompez. Je suis une panthère.

avec dignité, honneur et vaillance,
Soyez sage et heureux ! A votre santé !
L’ex-directrice retraitée, Françoise R.
Ste-Anne-de-Sorel, jeudi, le 8 octobre 2009  
p.s. Vous savez que c’est illégal d’enregistrer les gens à leur insu. Votre enregistrement de la réunion du conseil d’administration n’aurait pas pu être utilisée dans un procès. C’est mon avocat qui le dit. Dans votre récit, vous vous en servez pour démontrer que vous n’avez jamais dit “cette fois-là, vous étiez à jeun”.  Et pour démontrer notre malice...
Réplique du Littéraire
Majesté,

Vous êtes aussi souple que la vive couleuvre que j’ai vue l’été dernier au lac Langis près d'Amqui se faufiler sous le chalet que j'avais loué à Marie Emond. Je vois que votre volonté de séduire reste intacte. Vous me semblez en grande forme ce qui veut dire que la lutte qui nous a occupés pendant sept ans n’a eu sur vous aucune espèce d’influence permanente fâcheuse comme vous vous étiez préparée à le faire croire au juge si le procès avait eu lieu. Cela aurait été du grand théâtre hein! 
Et votre réputation n’a pas du tout été entachée par les propos que j’aurais tenus et que vous avez en partie inventés. Vous aussi vous avez du talent pour la fiction. J’espère que vous pouvez prendre un verre de vin sans être trop traumatisée.
Sur la signification politique du silence à la mention de votre nom lors du 40è anniversaire du collège, mes amis qui étaient présents sont formels. Ce n’est pas pour rien que vous avez préféré être absente. Vous avez senti le danger. On a peut-être tort, mais on ne semble pas apprécier vos réalisations tant que ça et vous êtes très loin de faire l’unanimité, cette unanimité que vous avez cherché en vain pendant sept ans de la part des membres du Conseil d’administration. Mais ne vous en faites pas : personne ne fait l’unanimité. Aux nouvelles, quand on parle d'un projet de loi, on aime dire qu'il ne fait pas l'unanimité. C'est une remarque absurde.
Moi aussi je vous souhaite d’être heureuse ainsi que vos proches même si je dois faire un effort pour formuler ce souhait. Vous avez raison de puiser dans le fond de générosité qui existe en chacun de nous et qui aspire à s’exprimer.

Je ne ferai jamais partie de ce que les bleuets appellent la hautepéteuterie d’aucune ville. Ce serait contre ma nature. Ne comptez pas sur moi pour me considérer comme un parvenu satisfait de l’ordre établi. Je ne suis pas satisfait. Je ne suis pas un bourgeois et je ne le serai jamais. Je viens d’un quartier populaire du bas de la ville de Montréal non loin du parc Lafontaine. Il ne faut pas confondre bourgeoisie et réussite. Ma réussite ne fait pas de moi un bourgeois. Encore une fois, vos idées sont confuses : vous mêlez tout pour avoir le dernier mot. Votre monde n’est pas le mien. Vous êtes trop satisfaite de ce que vous êtes et de la société dans laquelle vous vivez. Je ne peux absolument  pas accepter cette complaisance et cette déplorable autosatisfaction.
Malgré vos gros défauts, vous êtes quand même une femme qui ne laisse pas indifférent. Tenez-vous toujours autant au décorum ? Par curiosité, je suis allé voir le mot panthère dans le dictionnaire Robert. Au sens figuré, une panthère est une femme emportée, violente. Paul Léautaud, dont je vous recommande la lecture du Journal, appelait sa maîtresse : la panthère. Il écrivait aussi dans son journal : le fléau. C’est ainsi que je vous appelle quand je parle de vous. Oui, ça m’arrive encore de parler de vous. Ma conjointe m’apostrophe parfois en me disant que je suis une vraie plaie d’Egypte. Vous, vous êtes un fléau, le fléau. Pour toujours. Impossible de vous oublier. Pourquoi le ferais-je ? Sept ans de conflit, ça marque.
Vous me faites rire vous autres les fédéralistes quand vous dites ne pas faire de politique. Vous en faites tout le temps mais en hypocrites. Se battre pour le statu quo, c’est aussi faire de la politique. Le contexte historique des guerres de religion explique les positions politiques conservatrices de Montaigne. Les nouvelletés qu'il condamne n'ont pas de rapport avec le système politique canadien qui a son histoire et qui n'est pas de droit divin. Vous vous croyez brillante en suggérant que Montaigne condamnerait mon aspiration à l'indépendance du Québec. Vous faites la preuve que les rapprochements historiques exigent une culture que manifestement vous n'avez pas.
Merci de vos bons voeux que je crois sincères puisqu’ils sont désintéressés.
A notre santé ! 
Le Littéraire, (Robert B.) 

p.s. Je n’ai jamais dit “cette fois-là, vous étiez à jeun” et vous le savez très bien. Quand vous avez inventé cela, vous avez manqué gravement à l’éthique la plus élémentaire. J’ai un enregistrement qui le prouve. Peu importe que  cet enregistrement soir légal ou illégal. Il existe et tranche le débat une fois pour toutes. Avec la visite impromptue dans ma classe avec un questionnaire d’évaluation et l’horaire sur cinq jours, ce mensonge reste dans ma mémoire comme exemples de "votre mauvaisté"

Voici le compte-rendu qui aurait pu paraître  dans le journal local, le journal des 2-Rives
Enfin disponible sur internet : gibelotte en compagnie de Montaigne de Robert B.-G.
Au moment de prendre sa retraite en juin 2005, l’auteur m’avait informée qu’il avait commencé d’écrire un livre sur la saga judiciaire qu’il avait vécue et, en général, sur les sept années de pouvoir de l’actuelle présidente du Fier (Fond d'investissement économique régional) de notre région.
Vient de paraître le livre que nous attendions mais que nous n’espérions plus. Une rumeur avait circulé disant que les risques de poursuites étaient si grands, si l’histoire était racontée de manière partisane et virulente, que l’enseignant à la retraite risquerait de perdre sa tranquillité durement acquise après trente-six ans d’enseignement à notre collège. Nombre de ses amis y compris nous-même qui avons d’excellentes relations avec lui, l’avions averti de ce danger au risque de le voir renoncer à son projet.
Or, à notre grande surprise, l’auteur a écrit un ouvrage équilibré où les deux points de vue, celui de l’ex-directrice et celui du syndicat, sont expliqués honnêtement. Outre sa qualité d’écriture (l’auteur en est à son sixième livre et il  a publié depuis mai 2007 plus d’un millier de textes politiques), ce qui frappe le lecteur qui connaît les frustrations de l’auteur et son agressivité, c’est le contrôle qu’il a exercé sur lui-même afin d’éviter les diatribes vengeresses ou les excès de langage qui sont les tentations normales du polémiste qui est victime de coups bas et de mesquineries. Il s’est rappelé ce que disait Talleyrand : Tout ce qui est excessif est sans portée. Et, en effet, nous n’avons rien vu d’excessif dans son essai qui relève parfois du roman surtout dans le chapitre remarquable où il raconte toute l’histoire du point de vue de la Directrice.
En effet, l’auteur a donné la parole à son adversaire dans un des chapitres les plus intéressants du livre : les Confidences d’une femme trahie. La Directrice générale raconte toute l’histoire telle qu’elle l’a vécue chronologiquement avec ses réactions émotives et ses décisions stratégiques à chacune des péripéties d’un affrontement qui a duré sept ans. On fait la découverte d’une femme dynamique pleine de projets mais dont plusieurs ont été contrecarrés par le syndicat des enseignants. Sa crainte de ne pas voir son mandat renouvelé pour cinq autres années à cause d’une évaluation négative de son premier mandat par les enseignants en a fait un être tourmenté, agressif et guerrier qui est allé jusqu’à avoir recours au moyen extrême de la poursuite en diffamation deux fois plutôt qu’une. On apprend que cette démarche a coûté 48,900 $ au collège en frais d’avocat. C’est énorme pour un petit collège comme le nôtre et c’est inadmissible. La directrice qui écrit ses confidences réussit à attirer notre sympathie mais pas au point de nous faire accepter la coûteuse judiciarisation des relations de travail ou de nous faire approuver les nombreuses actions de harcèlement perpétrées contre l’auteur. Au contraire, disons-le tout net, nous ne sommes pas neutre dans toute cette affaire.
Gibelotte en compagnie de Montaigne, nous apprend des choses que nous ne savions pas qui font comprendre que l’enseignant a vécu sept années parmi les rocs occultes et parmi l’hostilité comme il le dit lui-même en citant Gaston Miron. Il a raison de qualifier de harcèlement les nombreuses actions posées par la Direction et les cadres dont l’objectif était de le déstabiliser et de l’empêcher d’exercer normalement son métier d’enseignant et sa fonction de syndicaliste. Tout ça parce qu’il n’était pas d’accord avec les valeurs néo-libérales défendues par la directrice et avec son style autoritaire. Sans oublier les deux poursuites, la plus condamnable de ces interventions fut l’invasion de sa classe de français au début d’un après-midi, sans avertissement, par deux cadres féminines qui l’ont sorti de sa classe et envoyé dans le bureau du Directeur des études pendant qu’elles passaient un questionnaire piégé d’évaluation dans le but de lui faire des reproches sur son enseignement, deux semaines avant les procès en diffamation. Il n’y a pas de professeur qui est irréprochable. Cette opération aurait donc pu réussir. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que les élèves, conscients de la manoeuvre, non seulement évitèrent de faire le moindre reproche à leur professeur, mais en plus firent son éloge si bien que le Directeur des études dut renoncer au projet de la Direction de passer le questionnaire d’évaluation dans ses deux autres classes. Devant l’échec de cette opération harcelante, le Directeur des études, avant de nous quitter pour un autre collège, a cru de son devoir d’écrire une lettre soulignant que l’enseignant visé était dynamique et grandement apprécié de ses élèves parce qu’il savait rendre intéressante la lecture de chefs-d’oeuvre de la littérature française et québécoise. Cela nous le savions après plus de trente ans d’enseignement chez nous.
Devant la description de cet épisode de la guerre de sept ans, il est difficile de ne pas prendre parti et on comprend pourquoi l’auteur tenait tant à raconter son histoire. Nous ne nous prononcerons pas sur la thèse de l’auteur qui prétend que le long conflit qui l’a opposé à la directrice n’est qu’un épisode vécu au niveau régional de la lutte entre libéraux et indépendantistes qui marque les quarante dernières années de notre vie politique. Mais c’est probablement vrai. Nos informations sont à l’effet que la directrice avait l’appui de ses amis hommes d’affaires qui l’encourageaient à être répressive. Il est difficile de saisir l’influence qu’un professeur peut avoir sur ses élèves ou les conséquences des écrits politiques d’un auteur sur une région mais toujours est-il que notre comté est solidement aux mains de députés du Bloc québécois et du Parti québécois. Les libéraux sont même arrivés troisième aux dernières élections provinciales. Pendant 36 ans, notre auteur a attaqué et combattu par la parole et par ses écrits les fédéralistes libéraux qui viennent en plus de perdre le pouvoir municipal, le premier novembre 2009. 
Les surnoms qu’il donne aux acteurs sont désopilants. Ainsi, on rit quand il appelle la directrice, la Reine du décorum et son bureau, le Carré royal tout près duquel se trouvent les bureaux de l’avocat local (celui du 48,900 $ d’honoraires...) comparé à un orateur tout droit sorti des Belles histoires des pays d’en haut quand il a réclamé à grands cris devant le Juge "que cessent ces injures et ces vomissements". On sourit quand il donne comme surnom à l’avocate de service, Béèmdoublevé ou le Ton pète-sec qui correspondent bien à sa personnalité. L’Adjointe "Qu’est-ce qu’elle fait là ?", question que posèrent les élèves de bureautique quand elle est arrivée avec un questionnaire d’évaluation du Littéraire (c’est le surnom de l’auteur) comme un cheveu sur la soupe trois mois après la fin des cours. Et l’adjoint au Directeur des études appelé Grandpied dans les plats, le Directeur des études dit le Soumis et le technicien surnommé Amable en référence au personnage antipathique du même nom des romans de Germaine Guèvremont. Voilà de la satire de bon aloi.   L’auteur perd sa sérénité toutefois quand il décrit sous la rubrique Réputation du chapitre Remarques sur le vocabulaire, les personnages et les circonstances l’hypocrisie ou la duplicité  de certains membres de son département, leur dénigrement, la soumission des femmes au mâle dominant et leurs petits complots imbéciles… qui ont raté mais qui ont rendu l'ambiance déplaisante. S’il y a quelque chose d’insupportable pour lui, c’est l’hypocrisie et l’envie. Et le mensonge: il n’a jamais dit: “cette fois-là vous étiez à jeun”: un enregistrement du conseil d’administration fatidique le prouve hors de tout doute.
J’ai été impressionnée par l’intensité qui se dégage du chapitre Chronologie et documents où on peut suivre l’histoire pas à pas et lire les documents qui décrivent des faits indiscutables. Il faut savoir gré à l’auteur d’avoir pris la peine de recopier tous ces documents. Il s’agit d’un travail de moine. Il s’en dégage un tableau extrêmement révélateur où on reconnaît le style incisif et précis du co-auteur des textes syndicaux surnommé l’Irlandais (Pierre Girouard, pour ne pas le nommer) que nous avons eu le plaisir d’avoir comme collaborateur culturel pendant sept ans à notre journal.
L’auteur fait la démonstration que les poursuites contre lui et contre le syndicat étaient des SLAPP, des poursuites-bâillons qui viennent de faire l’objet d’une loi adoptée par l’Assemblée nationale du Québec. Nous savions que l’auteur était un homme cultivé qui a passé sa vie à lire et à étudier comme le prouve son doctorat de l’Université Laval obtenu en 1987 à l’âge de 50 ans, doctorat qui semble fatiguer Pierre Foglia qui lui, est un autodidacte. C’est un véritable régal de le voir intégrer à ses propos des citations de grands écrivains parmi lesquels se trouve Michel de Montaigne, l’auteur des Essais. C’est un véritable tour de force que de voir des pensées d’un écrivain du seizième siècle associées intimement et pertinemment à un conflit qui se passe à la fin du vingtième siècle dans une région du Québec. Nous avons apprécié les aires de repos qui nous ont rappelé les premiers livres des années soixante-dix de l'auteur contre les libéraux qui ne lui ont jamais pardonné ses attaques virulentes contre leur mercantilisme et leur volonté de préserver un statu quo dont ils profitent.
L’auteur se dit libéré par son livre et on le comprend. C’est un sentiment qu’il partage avec le lecteur. Quant à nous du Journal, qui avons nous aussi subi des menaces de poursuites, ce livre qui fait l’éloge de notre impartialité, nous convainc si c’était nécessaire que nous devons continuer à fournir à notre région une information libre, honnête, complète, crédible et objective non soumise aux pouvoirs en place.

Plusieurs indices nous prouvent que l’auteur a profondément aimé notre région en commençant par le titre  Gibelotte en compagnie de Montaigne  qui a pour fonction d’indiquer le lieu de l’action. Les extraits du livre de Walter S. White nous rappellent le passé. Par le nom fictif de collège Germaine-Guèvremont, il exprime son affection pour l’auteur du Survenant et de Marie-Didace tout en montrant son désaccord avec ceux, principalement les gens de droite qui fréquentent tous les vendredis soirs l’Université, taverne bien connue de la région, qui se sont opposés au changement de nom du collège. Il fait de la satire en leur décernant un doctorat en marketing.
Ce livre de formes variées nous rappelle les valeurs de culture, de solidarité et de résilience que l’auteur a défendues pendant toute sa carrière d’enseignant et de militant indépendantiste. On comprend, après l’avoir lu, pourquoi il tenait tant à raconter son expérience. Ce témoignage trace le portrait d’un être attachant et de ses amis, l’Irlandais (Pierre Girouard), le Politique (Gilles Casgrain), l’Ebéniste (Daniel Trudeau), l’Ingénieur (Paul Martin) et l’avocat syndical (Me Jacques Lamoureux) qui l’ont accompagné dans sa lutte. Il nous rappelle de façon émouvante le souvenir de Lise Latraverse, technicienne en biologie et de Daniel Lussier, professeur de sociologie, tous deux décédés, à qui le livre est dédié et qui ont joué un rôle décisif dans la victoire syndicale.  
La rédactrice-en-chef du journal local  (26 novembre 2009- 11 janvier 2016- 15 mai 2019)


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