Chronologie et documents; résumé; l'auteur
aire de repos
A qui prend la mer sans décider de son port de destination, le vent n’est jamais favorable. (Montaigne)
Appendice
chronologie et documents
Cette chronologie et ces documents contiennent des commentaires et des documents qu’il peut être utile de consulter librement sans l’obligation d’une lecture suivie. Cette lecture suivie est toutefois fortement recommandée.
A la mémoire de Lise Latraverse, technicienne en biologie
A la mémoire de Daniel Lussier, professeur de sociologie et syndicaliste
A Elsie Haas, cinéaste (Youtube, Oppo, film sur les soudeurs-sculpteurs en Guinée)
A Lorraine Bourret, Gilles Casgrain, Nicole Frappier, Nicole Gauthier, Denise Gaudette, Pierre Girouard, Louise Grégoire-Racicot, Me Jacques Lamoureux, Lise Latraverse, Jean-Michel Leclaire, Daniel Lussier, Paul Martin, Christian Muckle, Pierre Nadeau, France Pépin-Courchesne, Michel Péloquin, Daniel Trudeau
Chronologie et 21 documents (1997-2009)
Les faits
aire de repos
celui qui jette, oublie
celui qui ramasse, se rappelle.
celui qui ramasse, se rappelle.
(proverbe haïtien cité par Dany Laferrière dans Pays sans chapeau)
Il ne faut pas appeler devoir une aigreur et âpreté intestine qui naît de l’intérêt et passion privée. (...) Ils nomment zèle leur propension vers la malignité et violence ; ce n’est pas la cause qui les échauffe, c’est leur intérêt ; ils attisent la guerre non parce qu’elle est juste, mais parce que c’est guerre. (Montaigne, Essais, III,1)
mais parce que c’est guerre
Lors vîmes leur mauvaisté (Jacques Ferron)
Mai 1997 : sélection de la Directrice générale. C’est le début de ce qu’elle appellera avec sa modestie habituelle, l’an I.
juin 1997 : sélection de la candidate de Thetford Mines comme Directrice des ressources humaines. Le Syndicaliste est rejeté et se fait dire par la Directrice : Je vous ai traîné pendant tout le processus. Cette manière cheap de l’écarter est le premier événement qui a déclenché le conflit.
août 1997 : de retour des vacances d’été, la Directrice générale convoque le président du syndicat des enseignants qu’elle rencontre pour la première fois. Sans en avoir d’abord parlé à la personne concernée, elle fait état d’une plainte non écrite d’une étudiante adulte contre le Littéraire sur une situation datant de trois mois. Comme c’était prévisible, une rencontre entre Le Littéraire (qui l’a exigée) et la Directrice tourne en affrontement. C’est le deuxième événement qui a déclenché le conflit.
13 octobre 1997 : lettre de protestation du syndicat des enseignants contre le fait que la Directrice Générale veut nommer directement l’Adjointe aux programmes comme Directrice des études sans passer par un comité de sélection. Lors d’un vrai comité de sélection, un professeur de philosophie d’un autre collège est choisi. C’est une première défaite pour la directrice générale.
An 1, 1997-1998 : la Directrice Générale refuse de financer à même le surplus accumulé de 2.4 $ millions trois nouvelles voies de sortie en assurances, en électrotechnique et en réseautique. Après une lutte d’un an pour éviter une augmentation de la tâche des enseignants, le syndicat obtient gain de cause. C’est une deuxième défaite pour la directrice.
15 juin 1998 : lettre de deux membres du Comité des relations du travail (CRT), le Politique et le Littéraire. Cette lettre provoquera une réaction excessive dont l’objectif est de nous faire comprendre que quiconque critique la directrice générale commet un crime de lèse-majesté et manque de loyauté envers l’employeur. Le message est clair : ce genre d’intervention est inadmissible pour la directrice.
19 juin 1998 : Pendant une réunion du Conseil d’administration, en l’absence des auteurs de la fameuse lettre du Littéraire et du Politique qui sont en vacances, le président du C.A., agent d’assurances prospère, ami de la Directrice, ancien élève du Littéraire, déchire publiquement la lettre précitée. En tant que membre du Conseil d’administration, le Littéraire devra passer devant le Conseil de discipline. Amable Beausapin (nous apprendrons plus tard qu’il est un ami de l’Avocate de service) assiste au Conseil à titre de membre du personnel de soutien et, au téléphone, après avoir raconté au Littéraire le geste théâtral du Président du C.A. et décrit l’agressivité ambiante, il conclut sur un ton enjoué faussement amical avec sa finesse habituelle : "Robert, tu es dans la marde."
25 juin 1998 : lettre disciplinaire du Collège versée aux dossiers des deux enseignants à cause de la lettre du 15 juin. Selon cette lettre patronale, "les propos, le ton et les menaces" qui apparaissent dans notre lettre sont "totalement inacceptables". Nous ne nous attendions pas à ce genre de reproche de manque de loyauté envers l’employeur qui est mentionné dans le Code civil. La Direction prend dès le début une approche juridique intimidante. Deux lettres disciplinaires versées au dossier d’un professeur pendant une année sur le même sujet peuvent conduire à un congédiement. Se faire accuser par son employeur d’avoir causé préjudice au Collège et de ne pas avoir agi avec loyauté envers votre employeur, ce n’est pas anodin. C’est relativement grave.
20 août 1998 : Ayant compris que ce qui dérange, c’est sa participation au comité d’évaluation de la Directrice générale, le Littéraire est obligé de démissionner de ce comité pour se débarrasser de la lettre de doléances à son dossier. Il veut éviter aussi d’avoir à passer devant le Conseil de discipline du Conseil d’administration qui est vendu d’avance à la directrice.
20 août 1998 : lettre d’entente entre le Collège et les deux enseignants, où les parties s’engagent au respect mutuel afin de favoriser un climat de travail sain et d’encourager les relations professionnelles, les communications et les interactions harmonieuses. Le Collège retire la lettre aux dossiers et s’engage à informer le Conseil de discipline de l’entente ; le syndicat retire son grief en rapport avec la lettre du 15 juin. Au comité d’évaluation de la directrice générale, le Littéraire fut remplacé par l’Ingénieur, autre représentant des enseignants au Conseil d’administration et qui pouvait être aussi critique. La directrice générale fit adopter un règlement sur la composition du comité d’évaluation : il n’y avait plus de membres de l’interne sur le comité. Le prétexte : le comité avait son mot à dire sur l’allocation aux hors-cadres du bonus annuel de 6% et des employés ne pouvaient intervenir dans ce processus. Le comité d’évaluation était formé de trois membres externes qui voyaient les choses de loin. La directrice prenait donc les moyens pour obtenir une évaluation favorable basée sur du papier, des bilans dont elle était elle-même l’auteur où elle s’auto-congratulait et qui justifiaient le fameux bonus de 6% et qui, éventuellement, aboutiraient à un renouvellement de mandat de cinq ans. Cette histoire d’évaluation devint son obsession et la mena à des attaques virulentes contre le syndicat des enseignants et ses principaux porte parole.
Dans le projet patronal d’entente présenté en août 1998, on remarque l’utilisation de l’article 2088 du Code civil qui décrète que l’employé a un devoir de loyauté envers son employeur. Les deux enseignants ont compris que toute critique de l’employeur les placerait dans une situation à risque en violation du devoir de loyauté. Avec cette mentalité, comment serait-il possible de faire du syndicalisme ! Par ailleurs, l’ostracisme de quatre mois a été levé contre le représentant des enseignants au C.A. Dans ce document, on constate qu’une critique syndicale est considérée par la partie patronale comme un comportement irrévérencieux. La Directrice se comportait donc comme une Mère supérieure dans un couvent. Ou comme une des femmes savantes de Molière. Ou mieux encore, comme disait le caricatural ecclésiastique Collins, dans Orgueil et préjugés de Jane Austen, elle nous prenait de haut comme la Très Honorable lady Catherine de Bourgh. Considérant que les menaces, les comportements d’intimidation et tout autre comportement irrévérencieux contreviennent aux volontés ci-haut énoncées. Ne pas être d’accord avec elle devient de l’intimidation ou de l’irrévérence et prévoir des désaccords futurs, c’est l’équivalent de proférer des menaces. C’est assez particulier.
Explications complémentaires
1- Le Littéraire a reçu deux lettres recommandées datées du 25 juin dont l’avis postal a été reçu le vendredi en l’absence du destinataire et dont le Littéraire n’a pris connaissance que le 2 juillet, le lendemain du congé férié de la fête du Canada. Tout le monde aura remarqué la délicate attention qui consiste à vouloir l’inquiéter pendant trois jours avec des lettres recommandées et à vouloir l’occuper pendant ses vacances.
2- Après avoir enfin reçu les procès-verbaux du Conseil d’administration, nous avons constaté que la menace de suspension du Littéraire jusqu’au 31 décembre et les accusations sur la conduite de l’enseignant membre du Conseil étaient inscrites dans une résolution du comité exécutif-conseil de discipline adoptée par deux membres présents sur cinq donc sans quorum était illégale. Comme notre alliée, présidente de l’association étudiante Lorraine Bourret dite l’Etudiante, était membre de l’Exécutif du Collège, nous étions bien informés. La lettre recommandée du 25 juin si désagréable, excessive et injuste était donc sans fondement légal, ce que le Conseil d’administration du 22 septembre a reconnu à l’unanimité, après les explications de l’enseignant. La page 648 du procès-verbal du 22 juin qui accuse le Littéraire d’avoir porté préjudice au Collège et de ne pas avoir été loyal envers son employeur n’existe plus et même n’a jamais existé. Elle a été déchirée. C’est toute une déconfiture pour la directrice générale qui a perdu la face devant tout le monde. Ce fut un triomphe pour le Littéraire. C’est la troisième défaite de la directrice générale et la plus humiliante jusqu’ici. Il y en aura d’autres.
Document : l’ostracisme à Athènes et à Sorel-Tracy
Dans une lettre adressée au président du Conseil d’administration, en date de 12 août 1998, donc avant l’entente du 20 août, le Littéraire a expliqué l’ostracisme dont il était l’objet en remontant aux Grecs de l’Antiquité. Pendant tout le conflit, la Directrice générale a ostracisé son adversaire. Le contexte est un texte de critique de l'An 1 signé par Le Littéraire et le Politique, vous savez cette lettre que l'ami de Sa Majesté, l'Assureur, a déchirée en plein conseil d'administration. Imaginez la scène et constatez son ridicule.
Monsieur le Président dit le Chasseur,
Dans le contexte de la suspension qui plane sur ma tête à titre d’administrateur et ce, jusqu’au 31 décembre 1998, suspension qui aura pour effet, entre autres, de m’empêcher de siéger au Comité d’évaluation de la Directrice générale et du Directeur des études (c'est le but de l'opération), j’ai étudié la notion d’ostracisme dont j’aimerais vous entretenir ici.
Dans La Cité antique de Fustel de Coulanges, nous lisons :
Les anciens ne connaissaient ni la liberté de la vie privée, ni la liberté de l’éducation, ni la liberté religieuse. La personne humaine comptait pour bien peu de chose vis-à-vis de cette autorité sainte et presque divine qu’on appelait la patrie ou l’Etat. L’Etat pouvait frapper sans qu’on fût coupable et par cela seul que son intérêt était en jeu. Aristide assurément n’avait commis aucun crime et n’en était même pas soupçonné ; mais la cité avait le droit de le chasser de son territoire par ce seul motif qu’il avait acquis par ses vertus trop d’influence et qu’il pouvait devenir dangereux, s’il le voulait. On appelait cela l’ostracisme. L’ostracisme n’était pas un châtiment ; c’était une précaution que la cité prenait contre un citoyen qu’elle soupçonnait de pouvoir la gêner un jour. A Athènes, on pouvait mettre un homme en accusation et le condamner pour incivisme, c’est-à-dire pour défaut d’affection envers l’Etat. La vie de l’homme n’était garantie en rien dès qu’il s’agissait de l’intérêt de l’Etat. (Fustel de Coulanges, La Cité antique, Flammarion, Paris, 1984, p.268)
Jacqueline de Romilly écrit dans son livre Alcibiade :
L’ostracisme consiste à exiler un homme politique mais cet exil n’a rien d’infamant et n’est pas une punition. Son principe est d’écarter quelqu’un qui gêne ou contrarie la politique athénienne, soit parce qu’il prend trop d’importance, soit parce qu’il y a heurt entre deux chefs et deux politiques. On écartait l’un des deux et l’autre avait les mains libres. (Jacqueline de Romilly, Alcibiade, Livre de poche, p.74)
Le Collège-la Directrice (l’Etat-la cité) se drape du code d’éthique et de déontologie et m’accuse de manquements à mes obligations d’administrateur alors que, en formulant une critique de l'An 1, j’ai agi dans l’exercice d’une fonction syndicale comme membre du CRT (Comité des relations du travail) et non comme administrateur. En fait, à la demande de la Directrice qui se sent menacée et qui ne veut pas être évaluée par quelqu’un qui n’est pas neutre, l’exécutif du Collège a exercé un ostracisme de quatre mois. Ayez dont l’honnêteté de le reconnaître. Cet ostracisme est une décision purement politique qui utilise le Code d’éthique à des fins politiques, pour m’empêcher de siéger au Comité d’évaluation de la directrice générale et du directeur des études.
En me suspendant comme administrateur, vous commettez un ostracisme. Le problème, c’est que cette vieille institution grecque n’existe pas dans la loi des collèges et ne fait pas partie de nos règlements.
Le Littéraire, 12 août 1998
15 avril 1999 : l’Adjointe aux programmes qui nous en veut, entre autres, de nous être opposés à sa nomination au poste de directrice des études sans comité de sélection, convoque le Littéraire à son bureau en présence du coordonnateur du département de français, le Grammairien dit le Courtisan qui demeura silencieux pendant la rencontre. C’est ce qu’il avait de mieux à faire : je n’avais pas besoin de lui pour me défendre. Pendant plus d’un mois, l’Adjointe frustrée a espionné l’enseignant et lui reproche des classes vides à quatre reprises à l’heure de ses cours. A trois occasions, l’enseignant était dans un autre local avec écran pour visionner le Misanthrope de Molière ; l’autre classe vide s’expliquait par une journée de maladie permise par la convention collective. L’Adjointe, piteuse, remercia l’enseignant de sa collaboration (et de son calme). Après la tentative ratée de passer un questionnaire en bureautique trois mois après la fin des cours et la pseudo-plainte de l’étudiante adulte qui a mené la directrice à convoquer le président du syndicat, c’est la troisième manifestation de harcèlement. Le harcèlement est fait de conduites vexatoires qui sont hostiles et non désirées et qui créent un milieu de travail néfaste.
15 septembre 1999 : six secrétaires refusent de participer à une opération de tournée des locaux ayant pour but avoué la vérification que les enseignants donnent effectivement leurs cours. C’est un autre échec de la Direction. La solidarité de nos collègues féminines est très appréciée. Après l’échec de l’espionnage du professeur de français, les penseurs de l’administration reviennent à la charge. Grandpied, avec son tact habituel et ses gros sabots, tente de mobiliser les secrétaires une par une ; elles ont répliqué collectivement d’une façon cinglante en prenant bien soin de préciser ironiquement qu’elles ne sont pas en rébellion. En revoyant sur ARTV des épisodes des Belles histoires des pays d’en-haut de Claude-Henri Grignon, on comprend la virulence de la référence au Père Ovide, le rapporteur officiel de Séraphin. Merci mesdames Carol, Nancy, Claire, Nicole, Sylvie et Chantale. Vous êtes magnifiques.
Voici cette lettre remarquable de précision et de fermeté où on décèle des talents presque littéraires.
D O C U M E N T 1 : six secrétaires disent NON à la délation
Le 15 septembre 1999
Adjoint à la direction des études, organisation scolaire
Adjoint à la direction des études, organisation scolaire
Les personnes signataires ont été choisies par le Collège pour une opération tournée des locaux ayant comme but avoué la vérification que les enseignements donnent effectivement leurs cours.
Les personnes soussignées refusent cette tâche pour les raisons suivantes :
+ Nous n’avons aucun avantage à diviser nos forces ;
+ Nous croyons que pour l’efficacité de notre travail, nous devons créer des liens de confiance avec les enseignants et non provoquer des situations de conflits ;
+ Nous ne croyons pas que ce genre de contrôle relève du personnel de soutien ;
+ Il n’existe pas de tâche de surveillant d’enseignants dans notre convention collective ;
+ Nous n’avons pas avantage à ce que le personnel de soutien soit perçu comme délateur, Père Ovide, porte-panier.
+ Nous croyons que pour l’efficacité de notre travail, nous devons créer des liens de confiance avec les enseignants et non provoquer des situations de conflits ;
+ Nous ne croyons pas que ce genre de contrôle relève du personnel de soutien ;
+ Il n’existe pas de tâche de surveillant d’enseignants dans notre convention collective ;
+ Nous n’avons pas avantage à ce que le personnel de soutien soit perçu comme délateur, Père Ovide, porte-panier.
Après discussion avec les autres membres de notre syndicat, il ressort que notre position est partagée par l’ensemble du personnel de soutien. Nous souhaitons vivement que ce genre d’ajout de tâche nouvelle et litigieuse soit évaluée en CRT AVANT d’être présenté aux personnes, s’il y a toujours lieu.
Ce NON catégorique n’est pas une rébellion mais une position inconfortable que nous ne nous sentons pas obligées et ne voulons pas tenir.
Carol T., Nancy P., Claire B., Nicole F., Sylvie B., Chantale G.
c.c. Directrice générale, Directeur des études, Directrice des Ressources Humaines, Syndicats du personnel de soutien, des enseignants et des professionnels
17 octobre 2000 : le Syndicat distribue à ses membres via les casiers personnels des enseignants un Bulletin d’information intitulé : Complément à l’Info-CA qui est intercepté et lu, en Régie, par les quatre directeurs, avant sa distribution aux enseignants. Le Bulletin syndical décrit d’une façon détaillée le fonctionnement ubuesque d’une réunion du Conseil d’administration sur la privatisation de la Cafétéria qui fut le deuxième grand sujet de conflit après celui du maintien des ressources dédiées à l’enseignement. Suite à cette interception, le Syndicat dépose un grief qu’il gagnera sur le droit à la liberté d’expression et le droit d’utiliser le service de courrier interne pour tout document d’information envoyé à ses membres et sans conditions. Pendant les négociations sur les conditions monétaires imposées à la coopérative qui dirigeait la cafétéria, comme négociateur patronal, le directeur des ressources matérielles, le Séduisant, faisait le matamore ; il était agressif au point qu’à deux reprises, il a poussé la gérante de la cafétéria jusqu’au bord des larmes. C’est un exploit qui n’a pas été raconté dans les gazettes. Après nous avoir quitté, il continua dans le même style dans un autre collège comme directeur général et, en décembre 2006, après une série d’articles bien documentés du Courrier de St-Hyacinthe sur les corporations apparentées axées sur l’International et une enquête de juricomptables, Jean Barbeau a été obligé de démissionner de son poste de Directeur Général. Comme le dit le proverbe : L’arbre tombe toujours du côté où il penche. C’est un exemple de justice immanente.
la cafétéria qu’il ne fallait pas privatiser
Le dossier des services alimentaires et de la cafétéria
C O M P L E M E N T À L‘ I N F O-CA, vol.4, no. 18 (publié le 4 octobre 2000 à la suite de la réunion du Conseil d’administration du 27 septembre 2000)
Signé par les quatre membres de l’exécutif syndical ; envoyé à tous les enseignants. Le Complément à l’Info-CA décrit en détail une réunion du C.A. sur le dossier de la privatisation de la cafétéria ; il a été intercepté par la Direction avant sa distribution dans les casiers des enseignants, geste qu’un arbitre a jugé illégal.
Notre propre honneur est intéressé dans de pareilles manoeuvres et l’action de ces mercantiles est si détestable que c’eût été y prendre part que de ne pas s’y opposer. (inspiré de Molière, Don Juan, acte 3, scène 3)
Texte intégral de la proposition présentée au Conseil d’administration par Le Littéraire et l’Ingénieur
Attendu que le projet éducatif du Collège prône l’honnêteté intellectuelle, le respect des personnes, la qualité de vie et non le mercantilisme ;
Attendu que le Café du Bourg est un organisme sans but lucratif qui offre d’excellents services alimentaires depuis 22 ans ;
Attendu que le Café du Bourg ne doit pas être traité comme un organisme extérieur au Collège auquel on imputerait des coût d’utilisation des équipements (électricité) ou de services (conciergerie etc.) comme si ces coûts n’étaient pas déjà financés par le Ministère (augmentation des frais d’opération de 4 800$)
Attendu que les négociations qui ont conduit à une augmentation de loyer de 14 250$ à 18 000$ avec la menace d’aller en appel d’offres pour obtenir plus de revenus pour le Collège, ont eu comme conséquence la déstabilisation du Café du Bourg et l’insécurité des neuf employées de la cafétéria et du Café-Inn et sont directement responsables de la fermeture du Café-Inn ;
Il est proposé par le Littéraire et appuyé par l’Ingénieur :
1- Que le C.A. confirme et maintienne le Café du Bourg dans sa vocation d’organisme sans but lucratif dont l’objectif est la qualité des services alimentaires offerts aux élèves et aux personnels du Collège au meilleur coût possible ;
2- Que le C.A. rejette la possibilité d’aller en appel d’offres en sous-traitance et rejette l’orientation qui consiste à donner un but lucratif aux services alimentaires ;
3- Suite à la demande générale (voir pétition), que des négociations soient entreprises pour permettre la réouverture du Café-Inn dans les plus brefs délais ;
4- Afin que ne se reproduisent plus la démoralisation et le stress causés par les négociations de l’année dernière, éléments de nature à nous priver de services alimentaires de qualité, que le C.A. s’assure du maintien à long terme du Café du Bourg comme organisme à but non lucratif qui administrera la cafétéria et le Café-Inn dans la stabilité et le respect.
Conclusion de cette lutte : l’administration du collège a dû renoncer à la privatisation des services alimentaires. C’est une autre victoire syndicale après le financement des nouvelles voies de sortie, le droit d’utiliser les casiers d’enseignants et l’abolition de la coupure de 2.5% en janvier et non en avril.
24 janvier 2001 : communiqué de l’exécutif du syndicat à tous les enseignants intitulé : la double incompétence accompagné d’un tableau démontrant que la règle du 70%-50% est absurde puisqu’elle rend impossible l’accès à un examen de reprise. Sous l’administration précédente, le budget de 25,000$ par année devant servir au centre d’aide en français avait servi à d’autres fins pendant cinq ans. Regardez dans les annuaires de collège des années 90 et vous verrez qu’il y a un seul collège francophone à ne pas avoir de picot noir à côté de son nom indiquant l’existence d’un centre d’aide en français. Comme on le constate, les administrateurs de notre collège, il n’y a rien à leur épreuve.
A la demande du Comité d’évaluation du Conseil d’administration, le Syndicat des enseignants a émis un avis négatif sur le renouvellement de mandat du Directeur des études. Mandaté par l’Assemblée générale, l’exécutif du syndicat a donné les raisons motivant le non renouvellement sans se faire d’illusion sur le poids de cet avis : ce ne sont pas les enseignants qui ont le pouvoir dans ce Collège, c’est la Directrice générale et ses acolytes. Et de fait, le Directeur des études a vu son mandat renouvelé pour cinq autres années.
La double incompétence qui faisait mal paraître l’administration a déclenché la judiciarisation de nos relations de travail.
31 janvier 2001 : au nom du Collège, lettre d’un des avocats du contentieux de la Fédération des cégeps ; c’est une mise en demeure de nous rétracter et de nous excuser d’avoir écrit des propos diffamatoires. C’est la guérilla qui commence.
D O C U M E N T 2 : mise en demeure envoyée par un avocat de la Fédération des cégeps
Montréal, le 31 janvier 2001
PAR HUISSIER
Aux quatre membres de l’Exécutif du Syndicat des enseignants
PAR HUISSIER
Aux quatre membres de l’Exécutif du Syndicat des enseignants
Objet : Cégep c. vous-même
Messieurs,
Nous représentons le Cégep qui nous a confié le mandat de vous transmettre la présente.
Le ou vers le 24 janvier 2001, vous faisiez parvenir à l’ensemble des enseignants du Cégep une lettre intitulée La double incompétence dans laquelle vous alléguez la double incompétence et le manque de jugement du directeur des études du Cégep. De tels propos sont injustifiés, diffamatoires et inacceptables. Le Cégep ne saurait tolérer d’attaque aussi indue à l’endroit d’un représentant de sa direction.
Conséquemment, vous êtes mis en demeure de vous rétracter de ces propos par écrit auprès de l’ensemble des enseignants du Cégep et ce, dans les cinq (5) jours de la réception de la présente. De plus, vous êtes également mis en demeure de présenter, dans le même délai, vos excuses écrites au Directeur des études.
A défaut de vous conformer à la présente dans les délais qui y sont mentionnés, nous avons le mandat d’entreprendre contre vous tous les recours judiciaires nécessaires au respect des droits du Cégep et des membres de sa direction sans autre avis ni délai.
Veuillez agir en conséquence,
Stéphane G., avocat
5 février 2001 : en réponse à la mise en demeure, les quatre membres de l’exécutif du syndicat envoient une lettre où ils retirent leurs propos mais en ajoutant que cela ne règle pas le problème qu’ils ont soulevé sur la politique absurde d’évaluation qui n’a pas encore été corrigée. Ils annoncent que la directrice générale sera évaluée par tous les enseignants, à la demande du Comité d’évaluation du C.A., ce qui permet à l’administration de conclure que nos excuses ne sont pas sincères car, on l’aura compris, la Directrice a pour but de nous empêcher de l’évaluer pour obtenir un renouvellement de mandat de cinq autres années.
D O C U M E N T 3 : l’exécutif se conforme à la mise en demeure et retire ses propos
5 février 2001
Expéditeurs : L’Exécutif du Syndicat
Destinataires : Tous les membres du Syndicat des enseignants
Destinataires : Tous les membres du Syndicat des enseignants
Objet : Mise en demeure datée du 31 janvier 2001
Chers membres syndiqués,
Par le moyen d’une lettre d’avocat expédiée au Syndicat le 31 janvier 2001, la direction du Collège considère que les expressions double incompétence et manque de jugement utilisées dans notre communication du 24 janvier dernier seraient injustifiées, diffamatoires et inacceptables, opinion que nous ne partageons pas.
La direction du Collège nous demande de retirer lesdits propos et de nous excuser auprès du directeur des études, ce que nous faisons volontiers par la présente et ce, dans l’intérêt supérieur de l’ensemble de la communauté collégiale, mais sans pour autant renoncer ni à nos droits syndicaux, ni à notre liberté de pensée et de parole.
Toutefois, bien que cette mise en demeure nous rappelle les lois sacrées du décorum, qu’il nous soit permis de revenir sur le fond et de souligner qu’il n’est pas dans l’intérêt des élèves qu’après trois semaines de la session d’hiver, les règles du jeu ne soient pas encore clarifiées par rapport à la double sanction et à l’examen de reprise.
Par ailleurs, l’Exécutif profite de la présente pour vous informer qu’il sollicitera, lors de la prochaine assemblée générale, le mandat d’amorcer le plus rapidement possible le processus d’évaluation de la directrice générale en fonction depuis le printemps 1997 comme nous le demandent les règlements du Collège.
Nous reviendrons sur ces dossiers à la prochaine assemblée syndicale qui se tiendra mardi le 13 février.
c.c. directeur des études
Commentaire
Cette lettre du 5 février n’a pas été acceptée par la Direction. Alors, l’Exécutif a demandé au Collège un modèle de lettre de rétractation et d’excuses. Le modèle a été déposé par la Directrice des ressources humaines au Comité des Relations du Travail du 15 mars 2001. Il a été accompagné de menaces de poursuites judiciaires... Il nous semblait pourtant que nous avions présenté des excuses et retiré nos propos comme ce qui suit le dit clairement dans cette lettre du 5 février 2001 : "La direction du Collège nous demande de retirer lesdits propos et de nous excuser auprès du directeur des études, ce que nous faisons volontiers par la présente." Nous doutons alors de la bonne foi de nos vis-à-vis patronaux et nous nous préparons psychologiquement au pire tout en nous interrogeant sur le concept de sincérité.
15 mars 2001 : puisque la lettre du 5 février n’est pas considérée par la Direction comme une lettre d’excuses sincères, l’exécutif du syndicat lui demande un projet de lettre d’excuses. Voici ce projet patronal.
D O C U M E N T 4 : projet patronal de rétractation et de lettre d’excuses
15 mars 2001
Monsieur le directeur des études
Monsieur,
Suite à la position du Collège qui ne reconnaît pas notre lettre du 5 février comme une véritable rétractation, ni de sincères excuses, suite à nos propos contenus dans notre lettre du 24 janvier 2001, veuillez prendre note des commentaires suivants :
Nous retirons formellement les propos tenus à votre endroit soit, principalement et non limitativement, double incompétence et manque de jugement, contenus dans notre lettre du 24 janvier 2001.
Nous tenons également à vous formuler nos plus sincères excuses eu égard aux circonstances.
c.c. Tous les enseignants du Collège
26 mars 2001 : en nous inspirant du modèle patronal, nous écrivons une deuxième lettre de rétractation et d’excuses mais nous réclamons que la Direction admette ses torts et corrige ses erreurs et nous mettons en exergue un texte de Montaigne qui met le feu aux poudres. Cette citation donnait à la Direction, paraît-il, des raisons de douter de notre sincérité : on aurait dit que, pour elle, la sincérité consistait à nous transformer en syndicat de boutique qui approuve toutes ses initiatives, son style autoritaire et sa façon d’essayer de diminuer les ressources à l’enseignement. Nous en avons conclu que le conflit perdurait et les menaces de poursuites étaient maintenues à cause des citations des Essais : on s’est dit : C’est la faute à Montaigne.
D O C U M E N T 5 : deuxième lettre de rétractation et d’excuses envoyée par l’Exécutif du syndicat avec copie à tous les enseignants
Le 26 mars 2001
"Nous devons la sujétion et l’obéissance à tous rois car elle regarde leur office : mais l’estimation, non plus que l’affection, nous ne la devons qu’à leur vertu. Donnons à l’ordre politique de les souffrir patiemment indignes, de celer leurs vices, d’aider de notre recommandation leurs actions indifférentes pendant que leur autorité a besoin de notre appui." (Montaigne, Essais, Livre 1, ch. 3)
Monsieur le directeur des études,
Comme nous l’avons fait dans notre lettre du 5 février 2001, nous retirons formellement les propos tenus à votre endroit, soit “double incompétence” et “manque de jugement” contenus dans notre lettre aux enseignants datée du 24 janvier 2001.
Si cette lettre du 24 janvier 2001 vous est apparue comme un manque de respect de votre personne, nous le regrettons puisque telle n’était pas notre intention et puisque ce qui était visé, ce n’était pas la personne mais uniquement l’exercice de la fonction.
Lors de notre rencontre constructive du 15 mars 2001, nous avons formulé des demandes d’amélioration du fonctionnement du CRT et nous avons souhaité plus de respect de la part des cadres et des hors-cadres à l’égard des enseignants qui sont des spécialistes de l’évaluation dans leur discipline.
En terminant, il est opportun d’ajouter que le Collège s’est engagé à ce que la présente lettre mette fin à ce litige et élimine complètement et définitivement la possibilité de recours judiciaires et/ou de mesures disciplinaires contre les membres de l’Exécutif du syndicat, engagement que nous aimerions avoir par écrit dans les plus brefs délais.
27 mars 2001 : lettre de l’Avocate directrice des ressources humaines qui nous accuse de manquer de sincérité ; le Collège refuse de s’engager à ne pas poursuivre en justice les quatre membres de l’exécutif du syndicat ; le litige continue de plus belle. Le Collège s’enfonce volontairement dans une judiciarisation des relations de travail.
3 mai 2001 : devant le refus des avocats de la Fédération des cégeps de s’engager dans la voie des poursuites, un avocat local dépose en Cour supérieure, au nom du Directeur des études et du Collège, une requête en diffamation, atteinte à la réputation contre L’Ebéniste, le Politique, le Littéraire et l’Irlandais et leur réclame, personnellement, la somme de 80,000 $ en dommages et intérêts.
D O C U M E N T 6 : poursuite de 80,000 $ contre les quatre membres de l’exécutif du syndicat
M. le Directeur des études et Cégep, requérants envoient aux quatre membres de l’Exécutif et au Syndicat une requête en diffamation, atteinte à la réputation et dommages, en Cour supérieure, chambre civile, pour des propos diffamatoires et méprisants tenus à l’endroit du requérant et parce que non seulement les intimés ne se sont pas rétractés, mais ils ont réitéré leurs propos aux termes d’une seconde missive datée du 5 février 2001.
Il est manifeste que les intimés voulaient s’en prendre malicieusement au requérant” (...) pour ruiner ses chances d’être reconduit dans ses fonctions de directeur des études. Les propos diffamatoires ont eu pour but de nuire volontairement à la réputation, l’intégrité et à l’honneur du requérant et, par conséquent, de la co-requérante, le Cégep. Les intimés ont grandement porté atteinte à la crédibilité professionnelle du requérant, laquelle est essentielle à sa charge de directeur des études. Les propos diffamatoires constituent un exercice abusif de la liberté d’expression.
Le co-requérant est en droit de réclamer des intimés la somme de 45 000$ représentant les dommages qu’il a subis par la faute des intimés et dont le détail s’établit comme suit : a) atteinte à la réputation, préjudice moral et physique, stress et autres inconvénients : 35 000$ b) dommages exemplaires : 10 000 $
La co-requérante, Cégep réclame des intimés la somme de 25 000 $ pour atteinte à la réputation majorée de 10 000 $ pour dommages exemplaires et punitifs.
Commentaire :
La poursuite dit : non seulement les intimés ne se sont pas rétractés, mais ils ont réitéré leurs propos aux termes d’une seconde missive datée du 5 février 2001. Il y a une erreur sur la date : on aurait dû lire : une seconde missive datée du 26 mars 2001. Curieuse erreur qui laisse perplexe. On dirait qu’il y a une agressivité qui fait perdre le nord. Il est faux de dire que nous ne nous sommes pas rétractés. Nous nous sommes rétractés et le 5 février et le 26 mars 2001.
24 mai 2001 : l’Assemblée syndicale donne à son exécutif la tâche d’évaluer le premier mandat de cinq ans de la Directrice générale de 1997 à 2002, qui doit prendre fin le 30 juin 2002. L’exécutif syndical engage une firme pour accomplir cette tâche de façon objective et sérieuse. Pendant la session d’automne 2001, à l’aide de trois longs questionnaires portant sur les nouvelles technologies, la promotion et l’image, les fonctions administratives et relationnelles, une centaine d’enseignants répondent consciencieusement aux questions et évaluent la Directrice générale.
14 juin 2001 : plainte du syndicat contre le Collège en vertu de l’article 15 du Code du travail qui accuse la Direction de se servir de la Cour supérieure à des fins antisyndicales et en guise de représailles à cause de notre opposition à la façon de gérer de la Directrice générale. Mme Louise Verdone sera la Commissaire qui entendra notre cause.
D O C U M E N T 7 : En réplique à la poursuite du Directeur des études, chacun des quatre membres de l’Exécutif a porté plainte en vertu de l’article 15 du Code du travail, le 14 juin 2001.
Voici le texte de la plainte.
J’ai été l’objet d’une poursuite non fondée suite à l’envoi d’une lettre (24 janvier 2001) concernant une décision d’ordre pédagogique prise par le directeur des études du cégep, et ce dans l’exercice de mes fonctions syndicales (...).
Cette poursuite constitue une mesure de représailles de la part de l’Employeur eu égard à mon rôle d’officier syndical ;
J’ai reçu ladite requête en diffamation, atteinte à la réputation et dommages datée du 3 mai 2001, le 15 mai 2001 ;
Pour ces motifs, je demande :
Accueillir la présente plainte ;
Condamner l’Employeur à me verser 5 000 $ pour atteinte à mes droits ; (...)
Signé à Longueuil, ce 14 juin 2001, l’Avocat du syndicat des enseignants, Jacques Lamoureux.
19 juin 2001 : réunion du Conseil d’administration du collège. Un point est ajouté à l’ordre du jour, le soir même : "implication des membres du C.A." dans le but de chasser le Littéraire du Conseil. Avant de se rendre à ce point à l’ordre du jour, lui et l’Ingénieur quittent la réunion qui est ajournée faute de quorum. Auparavant, à l’occasion de l’étude du budget, le Littéraire demande pourquoi la Directrice générale n’a pas tenu son engagement pris lors de l’accueil du personnel de l’automne 2000 devant trois enseignants, le verre de vin à la main, d’acquérir des ordinateurs pour faire du multimédia en Arts et Lettres. Il ajoute quelque chose qui souligne que l’engagement n’a pas été pris dans l’enthousiasme que peuvent créer quelques verres de bon vin et qu’il doit donc être respecté, ce qui n’a pas été fait.
La Directrice générale a mal interprété ces propos et a dit : "Je ne suis pas ici pour me faire insulter !" Il faut noter que sa volonté d’expulser l’enseignant du Conseil d’administration comme le prouve la modification de l’ordre du jour le soir même et l’accusation de ne pas respecter son engagement quant aux ordinateurs en Arts et Lettres ont provoqué chez elle une agressivité et un énervement qui l’a menée à mal interpréter ce qui a été dit. C’est une explication plausible et pas trop offensante. Etonné de la réaction que ses propos ont provoquée, l’enseignant les a retirés immédiatement. Mais sur les conseils de l’avocat local, ce retrait fut considéré par la Directrice comme frivole comme on dit dans un langage juridique qui n’a rien à voir avec la légèreté des moeurs.
27 juin 2001 : huit jours plus tard, en pleines vacances, au nom de la Directrice générale, l’avocat local, Me Robert Ally, par huissier à sept heures du matin, réclame du Littéraire une somme de 150,000 $ pour dommages et intérêts pour diffamation et atteinte à la réputation, à cause des propos tenus par le représentant des enseignants au Conseil d’administration du 19 juin. Cela a été fait froidement sans l’excuse de l’émotivité palpable le soir du 19 juin.
D O C U M E N T 8 : mise en demeure de faire un chèque de 150,000 $ pour diffamation
A. M. Avocats
PAR HUISSIER
Mercredi, le 27 juin 2001
PAR HUISSIER
Mercredi, le 27 juin 2001
Monsieur le Littéraire
Objet : Directrice générale c. Vous-même
Monsieur,
Nous avons reçu instructions de notre cliente de vous transmettre la présente mise en demeure.
Le 19 juin 2001, alors que vous siégez à une assemblée ordinaire du conseil d’administration du Cégep, vous avez, malicieusement et dans le but de nuire, tenu à son endroit des propos méprisants, mensongers et hautement diffamatoires, le tout dans les circonstances que vous connaissez.
Votre attitude a gravement porté atteinte à sa dignité et réputation, lui entraînant des dommages pour au moins 150 000 $, qu’elle vous réclame.
A défaut par vous de payer ledit montant par chèque (...) en fidéicommis, et ce, dans les dix (10) jours des présentes, les procédures judiciaires appropriées seront intentées contre vous, sans aucun autre avis ni délai.
Veuillez vous gouverner en conséquence.
L’avocat (local) dit le Tonitruant
L’avocat (local) dit le Tonitruant
27 juin 2001 : le même jour, par courrier recommandé, lettre du président du C.A. : à cause des propos tenus le 19 juin, suite à une plainte portée en vertu du Code d’éthique, vous êtes provisoirement relevé de vos fonctions d’administrateur.
On veut faire passer le Littéraire ostracisé, pour la deuxième fois, devant le Conseil de discipline pour le condamner et le rejeter. De plus, ce jugement du Conseil de discipline pourra être utilisé contre lui au procès en Cour supérieure.
D O C U M E N T 9 : le littéraire est chassé du Conseil d’administration
Le 27 juin 2001
Courrier recommandé
Courrier recommandé
Monsieur,
Conformément à l’article 9.4 du Code d’éthique et de déontologie des administrateurs (...), prenez avis, par la présente, que vous êtes provisoirement relevé de vos fonctions d’administrateur du Collège.
En effet, les propos que vous avez tenus envers notre directrice générale durant l’assemblée ordinaire du 19 juin dernier constituent un manquement grave qui porte atteinte à notre institution et à un de ses administrateurs et qui a entraîné le dépôt d’une plainte en vertu du code d’éthique précité.
Conséquemment, à titre du président du Conseil d’administration, je me dois de vous relever de vos fonctions, à compter de ce jour, et jusqu’à ce que le Conseil de discipline rende une décision dans cette affaire.
Sachez qu’à titre de président du Conseil d’administration, je déplore cette situation.
Le Président du C.A. (dit le Chasseur)
3 juillet 2001 : lettre du Littéraire, le représentant des enseignants, envoyée aux 19 personnes présentes au Conseil d’administration du 19 juin où il décrit avec précision les circonstances qui ont conduit à la question posée sur les ordinateurs pour Arts et Lettres et le mot à mot de la question posée qui était écrite sur une fiche lue pendant le C.A. Sauf sur le sujet de la mise en demeure reçue le 27 juin puisque toute précision aurait pu être utilisée contre lui à la fois par le Conseil de discipline et par la poursuite en Cour supérieure qui allait suivre inévitablement. Cette lettre a été déposée par la Littéraire lui-même en mains propres à la secrétaire de la Directrice.
D O C U M E N T 10 : mise au point du Littéraire sur ce qui s’est passé au Conseil d’administration du 19 juin 2001
3 juillet 2001
Madame la Directrice générale (lettre du Littéraire remise personnellement à sa secrétaire)
J’aimerais m’assurer que le contexte qui a conduit à la mise en demeure du 27 juin 2001 soit clairement établi. Quand votre avocat écrit : le tout dans les circonstances que vous connaissez, je ne suis pas sûr que ces circonstances sont connues de toutes les parties impliquées. Voici ces circonstances.
Au Conseil d’administration du 19 juin, j’ai demandé si, au point appareillage et outillage dans les prévisions budgétaires d’investissement de 74 000 $, il y avait une somme de 12 000 $ qui avait été prévue pour une station de production multimédia réclamée depuis trois (3) ans par le programme d’Arts et Lettres. Le Directeur des études a répondu : Non, mais on essaie de trouver des ressources. Cette réponse montre que la question était pertinente et que la demande du programme d’Arts et Lettres était légitime.
Or, cette réponse négative prouve que vous, Directrice générale, n’avez pas tenu l’engagement que vous avez pris devant trois de mes collègues à l’automne 2000, lors de l’accueil du personnel. Mes collègues vous ont expliqué que le collège avait besoin, de toute urgence, de deux (2) stations de production multimédia. Ils vous ont dit que cela existait dans tous les collèges du réseau. Ils ont affirmé que les élèves d’ici ont droit au même service que les autres.
Vous vous êtes montrée d’accord et comme directrice générale vous avez fait la promesse d’investir la somme nécessaire à l’acquisition d’au moins une station de production multimédia pour l’automne 2001 Or, la présentation des prévisions budgétaires pour 2001-2002 prouve que vous n’avez pas tenu votre engagement pris lors de l’accueil du personnel d’août 2000 devant trois (3) témoins responsables très engagés dans le développement du programme d’Arts et Lettres.
A la lumière des circonstances que je viens de décrire, j’affirme que mon seul souhait est que vous respectiez votre engagement et que vous investissiez 12 000 $ minimum pour une station de production multimédia pour l’automne 2001. Ma seule préoccupation est l’intérêt des élèves.
c.c. Aux 19 personnes présentes au C.A. du 19 juin comme membres du C.A. ou comme observateurs ; aux avocats ; au Syndicat ; au programme d’Arts et Lettres.
8 août 2001 : un huissier remet au Littéraire, à son domicile, pendant les vacances, une requête en diffamation datée du 6 août, pour atteinte à la réputation et dommages de 170,000 $ au nom de la Directrice générale et du Cégep pour avoir tenu le 19 juin 2001 des propos méprisants, mensongers et hautement diffamatoires. La requête sera présentée devant un juge de la Cour supérieure le 21 août 2001 au Palais de justice de Sorel. Notez bien que la Directrice générale avait entre les mains toutes les précisions du mot à mot de la question qui avait été posée et le contexte qui était l’accueil du personnel (avec vin) et non pas une réunion du département de français. Malgré ces précisions, la poursuite a été faite.
D O C U M E N T 11 : requête en diffamation de 170,000 $ déposée en Cour supérieure
Cour Supérieure (Chambre civile)
Par huissier
le 6 août 2001
Par huissier
le 6 août 2001
Directrice générale et Cégep, requérantes
c. le Littéraire, intimé
Requête en diffamation, atteinte à la réputation et dommages (art. 762 du C.p.c.)
Le 19 juin 2001, alors que la requérante et l’intimé siégeaient à une assemblée régulière du Conseil d’administration du Cégep, ce dernier a tenu à l’endroit de la requérante, des propos méprisants, mensongers et hautement diffamatoires (...)
En effet, l’intimé s’est adressé à la directrice générale en utilisant des propos laissant clairement entendre que, de façon courante, elle travaillait en boisson. La requérante est en droit de réclamer de l’intimé la somme de 100,000 $ représentant les dommages qu’elle a subis par la faute de l’intimé (...). La co-requérante, le Cégep, réclame de l’intimé la somme de 50 000$ pour atteinte à la réputation, majorée de 20 000 $ pour dommages exemplaires et punitifs.
(...) Le TOUT avec dépens. Procureurs des requérantes.
Commentaire : "Le TOUT avec dépens" veut dire que le Littéraire (ou le syndicat) devrait payer tous les frais d’avocat de la directrice. C’est une perspective intimidante.
10 août 2001 : lettre informant l’enseignant que le Conseil de discipline étudiera son cas. Il refusera de passer devant ce tribunal formé des amis de la Directrice générale. Il enverra plutôt sa lettre de démission forcée. L’ostracisme continue. C’est une victoire pour la Directrice générale qui n’aura plus à répondre à ses questions et à endurer ses ajouts à l’ordre du jour qui donnaient l’occasion aux membres externes du C.A. d’entendre un autre son de cloche et de prendre conscience des problèmes nombreux créés par les décisions prises par la directrice générale et surtout par l’autoritarisme de son style de gestion.
29 août 2001 : intervention très importante des 12 coordonnateurs de département contre les poursuites
D O C U M E N T 12 : lettre de démission du Littéraire comme membre du Conseil d’administration du collège
Le 10 octobre 2001
"J’aime qu’on s’exprime courageusement, que les mots aillent où va la pensée." (Montaigne)
Au président du Conseil d’administration.
Au Conseil d’administration du 19 juin 2001, j’ai appris le refus de l’administration de financer au coût d’environ 15 000 $ deux ordinateurs pour faire du multimédia, indispensables pour les enseignants et les élèves d’Arts et Lettres. Ce refus est une erreur et a été prise même s’il y a plus de 600 000 $ dans la réserve accumulée du Collège. Ce service direct aux élèves, essentiel pour garder notre clientèle, n’est pas la priorité de cette administration qui sous-finance les programmes de Sciences humaines, de Sciences de la nature et d’Arts et Lettres, et qui, pourtant, ne se gêne pas pour dépenser des fonds publics de la façon que l’on sait en frais d’avocat.
Pour cette administration, la fin justifie les moyens comme on l’a vu dans la menace d’aller en appel d’offres dans le dossier de la cafétéria et comme on le voit dans la judiciarisation des relations de travail dénoncée à l’unanimité par les 12 coordonnateurs de départements. Ce qui est grave, c’est qu’on n’a pas l’air de se rendre compte que ces méthodes d’intimidation pourrissent notre climat de travail.
Pendant quatre ans, en collaboration avec mon confrère l’Ingénieur, j’ai défendu des valeurs auxquelles je crois qui sont l’amélioration de la relation professeur-élève (ce qui suppose qu’on ne cherche pas constamment à diminuer les ressources à l’enseignement), le respect de tous les personnels, l’équité dans la répartition des ressources, la liberté d’expression, le droit à une information complète sur les aspects financiers des décisions.
Malgré les beaux grands principes formulés dans le projet éducatif du Collège, j’aurais de nombreux exemples à vous donner qui montrent que ces valeurs sont encore un horizon lointain pour l’administration actuelle.
Je démissionne avec regret comme membre du Conseil d’administration que vous co-présidez avec la directrice générale (...).
Le Littéraire, Ph.D.
c.c. membres du CA ; tous les enseignants ; exécutif du Syndicat ; Direction des Ressources Humaines
18 octobre 2001 : le syndicat ayant demandé une médiation, rencontre à Québec du groupe des Quatre : l’Irlandais de l’exécutif, le président de la Fédération (la FAC), la Directrice des ressources humaines et Gilles Pouliot, du Ministère de l’Education. Cette médiation sera une perte de temps et d’énergie et ne donnera rien.
21 octobre 2001 : contestation amendée déposée en Cour supérieure par l’enseignant poursuivi disant que la requérante a diffusé des propos que l’intimé n’avait pas tenus et que cette dernière est la seule responsable de la diffusion de propos erronés. Une question : comment fait-on pour retirer des propos qu’on n’a pas tenus ? Si vous dites : je n’ai pas dit cela, vous vous trouvez à diffuser ce que vous prétendez ne pas avoir dit et qui est jugé diffamatoire. C’est impossible de se défendre. Vous êtes donc coincé et la guerre des nerfs continue.
D O C U M E N T 13 : contestation de l’enseignant déposée en Cour supérieure
Cour supérieure
Contestation de l’intimé
le 23 octobre 2001 (...)
12- Lors de la réunion du Conseil d’administration tenue le 19 juin 2001, l’intimé n’a fait que renouveler à la requérante, l’engagement qu’elle avait pris lors de l’accueil du personnel à l’automne 2000 ;
13- Durant la séance du Conseil d’administration, l’intimé n’a jamais traité la requérante, “d’alcoolique” ; (...)
18. Lors de l’assemblée du Conseil d’administration du 19 juin 2001, environ trois (3) personnes autres que les membres du Conseil d’administration étaient présentes, soit des représentants du Syndicat des enseignants ;
19. L’intimé n’a aucunement nui à la réputation, à l’intégrité et à l’honneur de la requérante ;
20. Par la présente poursuite, la requérante a diffusé des propos que l’intimé n’avait pas tenus et cette dernière est la seule responsable de la diffusion de propos erronés ;
21. La réclamation des requérantes est abusive et grossièrement exagérée ;
22. Le Cégep n’a droit à aucune somme pour atteinte à la réputation de l’un de ses cadres, ce dernier n’étant aucunement visé dans les propos contestés et qu’auraient tenus l’intimé ;
23. En conséquence, la présente requête en diffamation est abusive et disproportionnée tant à l’égard du droit d’action que des montants réclamés, le tout considérant les circonstances de la présente affaire
24- La présente contestation est bien fondée en faits et en droit.
Par ces motifs, plaise à la cour :
Accueillir la présente contestation ;
Rejeter la requête en diffamation des requérantes ;
Le TOUT avec dépens.
Jacques Lamoureux, le 23 octobre 2001
Procureur de l’intimé
22 octobre 2001 : grief plaidé devant l’arbitre Gilles Lavoie sur l’interception du courrier syndical du Complément de l’Info-CA par les quatre membres de la Régie avant que les destinataires ne l’aient reçu et le droit à l’usage des casiers des enseignants pour communiquer de l’information syndicale sans contrôle du contenu par l’administration. L’Ebéniste (Daniel T.) joue un rôle décisif en trouvant dans les dossiers syndicaux, avec l’aide de Denise G., la responsable de la documentation, une entente qui avait été signée par les parties sur le droit à l’usage des casiers des enseignants par le syndicat.
29 octobre 2001 : seconde rencontre du groupe des Quatre. La partie patronale accepte d’aller en médiation mais refuse la demande du Syndicat de déjudiciariser les relations de travail en retirant les poursuites. Un de nos espions agent-double nous apprend que la Directrice générale lui a dit avec l’intention qu’il le répète à l’intéressé : "Tant que Le Littéraire n’aura pas pris sa retraite, les poursuites ne seront pas retirées." Phrase extrêmement révélatrice qui va au fond des choses de ce que Montaigne appelle "une guerre intestine". Quelques enseignants ont ainsi joué un rôle ambigu mais utile. Montaigne écrit : "En matière de guerres intestines, votre valet peut être du parti que vous craignez".
30 octobre 2001 : l’assemblée générale des enseignants, à l’unanimité, dénonce le manque de crédibilité du processus d’évaluation de la Directrice générale. Le processus a été accéléré afin de court-circuiter notre démarche d’évaluation car nous n’aurons pas le temps de compiler et d’analyser les réponses des enseignants à trois longs questionnaires avant la décision de renouveler son mandat pour cinq ans.
31 octobre 2001 : au Palais de justice, interrogatoires, par les avocats, de la Directrice Générale et du Littéraire, vice-président du syndicat, précédant le procès, où chacun donne sa version des paroles prononcées au Conseil d’administration du 19 juin. Les deux versions sont différentes l’une de l’autre. Elles ne peuvent donc pas être vraies toutes les deux. La seule chose qui est vraie, c’est que les deux versions sont différentes. La Directrice générale n’a pas tenu compte de la lettre du début de juillet 2001 qui donnait toutes les précisions. Une sténo prend tout en note et nous avons la retranscription mot à mot des témoignages.
La requérante soutient que l’enseignant se référait à une réunion de département. Première erreur : il se référait à un accueil du personnel avec vin. Cinq témoins pourraient le dire qui étaient avertis de la question qui serait posée et qui étaient présents comme observateurs à la réunion du Conseil. De plus, le coordonnateur du programme d’Arts et Lettres et le coordonnateur du département de français, qui avaient décrit au Littéraire en détail la scène de la promesse faite d’acheter des ordinateurs lors de l’accueil du personnel de l’automne 2000 savaient que la question serait posée au Conseil d’administration du 19 juin. Un accueil du personnel et une réunion de département, ce n’est pas la même chose. On ne sert pas de boisson pendant les réunions de département.
Deuxièmement, il y a eu une confusion entre réunion de programme et réunion de département. Les besoins en équipement du programme d’Arts et Lettres ne sont pas discutés en réunion de département mais en réunion de programme. C’est un détail qui touchera les émules de Colombo, d’Hercule Poirot et de Miss Marple. Ensuite, il y a une autre erreur à propos de la boisson. La directrice a prétendu que l’enseignant avait dit : Cette fois-là, vous étiez à jeun ce qui a donné l’occasion à son avocat de prétendre que l’enseignant avait laissé entendre que sa cliente était habituellement paquetée dans l’exercice de ses fonctions. Or, l’enseignant n’a jamais dit cela et, en plus, ne l’a jamais pensé. Ainsi donc l’accusation de diffamation est basée, comme le dit notre contestation, sur des propos que l’intimé n’avait pas tenus. Il n’a pas dit : Cette fois-là. L’accusation est donc sans fondement.
6 novembre 2001 : dans un aide-mémoire confidentiel intitulé : pourquoi ça ne va pas bien au cégep, il est question du problème de la cafétéria que la Direction a voulu privatiser et des relations tendues avec les employés de soutien. Un bilan est fait des gestes hostiles de la Directrice générale contre chacun des quatre membres de l’exécutif du syndicat des enseignants depuis son arrivée au collège en mai 1997. Ce texte-bilan restera confidentiel sauf pour quelques enseignants triés sur le volet. Le Littéraire ayant oublié une copie de ce document sur le photocopieur, une rumeur a couru que la Directrice l’avait obtenu et l’avait lu. Rencontrée par hasard dans un corridor, la Directrice a dit, furieuse, au Littéraire : Vous voulez détruire le collège ! On peut en déduire qu’elle l’avait lu. On se perd en conjectures pour savoir si cet oubli était volontaire...
Document: 6 novembre 2001
Lettre ouverte à la Directrice générale : Pourquoi ça ne va pas bien au collège.
Madame la Directrice générale,
Un administrateur l’a admis récemment : Ça ne va pas bien actuellement. Nous pensons que vous êtes la principale responsable du mauvais climat de travail qui existe au collège. Et nous avons l’intention de le prouver. Voici une série de faits que vous ne pouvez nier. Voici des paroles que vous avez prononcées et des gestes que vous avez posés qui montrent un manque de respect de votre part, vous qui n’avez que ce mot à la bouche pour dénoncer ceux ou celles qui ne pensent pas comme vous.
1- Par rapport aux employées de la cafétéria, à la gérante et au président du Café du Bourg
* en augmentant le loyer pour le porter à 18,000 $ et en enlevant les revenus des machines distributrices, vous avez provoqué la fermeture du Café-Inn qui est très apprécié de tous mais vous avez laissé croire que cette fermeture était la faute de la coop du Café du Bourg ;
* lors d’une séance d’information convoquée conjointement avec le président de la coopérative du Café du Bourg en présence de plus d’une centaine de membres du personnel, vous avez manqué de respect envers ces employées en les appelant "des petites madames" ; et le pire, c’est que vous ne vous rendez même pas compte que cette expression est méprisante ;
* à cette occasion, vous avez été la seule à prendre la parole ; vous avez humilié le président du Café du Bourg en le réduisant au silence et vous avez eu une attitude antidémocratique en essayant de nous imposer votre pensée unique ;
* en menaçant d’aller en appel d’offres pour confier la cafétéria à une entreprise privée, vous avez créé pendant un an un sentiment angoissant d’insécurité chez les sept employées en particulier chez la gérante, qui est diététiste, au détriment de leurs conditions de travail et cela, pour quelques dollars et surtout des raisons idéologiques en faveur de l’entreprise privée.
* vous avez créé un sentiment d’insécurité par rapport à la qualité des services alimentaires donnés aux élèves et au personnel.
* vous avez déstabilisé une institution qui fonctionnait très bien depuis 20 ans
2- Par rapport aux employés de soutien
* lors de l’accueil du personnel, au début de ce que vous appelez l’an 2, le président du syndicat des employés de soutien a eu le courage de lire une lettre de protestation qui n’était pas prévue à l’ordre du jour, pour dénoncer le mépris de la directrice générale à leur endroit puisqu’elle les traite comme des pions qu’on peut déplacer à volonté ;
* le résultat de vos modifications de l’organigramme : un nombre anormal de congés de maladie ;
* il n’y a personne pour accueillir les visiteurs qui arrivent dans l’entrée principale du collège ; vous avez déplacé la réceptionniste et distributrice du courrier pour la déstabiliser et l’intimider avant qu’elle ne témoigne lors de l’audition du grief sur l’interception par le Comité de direction d’un courrier syndical, le complément à l’Info-CA, sur le problème de la cafétéria.
3- Par rapport aux élèves
* vous avez imposé une cotisation de 5 $ par session donnée à la Fondation incluse dans le calcul des frais d’inscription et autres, donc camouflée ;
* vous avez imposé des frais de toutes sortes : frais de stationnement ; frais de polycopie ; frais d’utilisation des ordinateurs ; notre collège a les frais afférents les plus élevés au Québec
4- Par rapport aux membres de l’exécutif du syndicat des enseignants
le vice-président du syndicat, professeur de sciences politiques (le Politique)
* vous avez déposé une lettre à son dossier parce qu’il était le co-auteur avec le Littéraire d’un texte qui critiquait votre gestion de la réserve accumulée de 2.4 millions et votre refus de financer de nouvelles voies de sortie ; vous avez retiré cette lettre à son dossier après l’avoir obligé à signer un engagement de ne plus manquer de respect ;
* pour l’intimider, vous l’avez menacé d’envoyer le directeur des études lui-même dans ses classes pour l’évaluer ; vous avez tout de même envoyé un professionnel pour assister à ses cours et seule une évaluation favorable de ses élèves a fait cesser ce harcèlement.
le président du syndicat, professeur de biologie (l’Ebéniste)
* en l’an 1, à l’époque où le coup de foudre n’était pas terminé, lors d’un repas convivial, vous avez exigé que 4.2 ETC ( Equivalent Temps Complet) (4.2 enseignants) soient utilisés pour financer vos projets périphériques comme le Centre de transfert au détriment des ressources à l’enseignement ; comme l’Ebéniste pouvait être personnellement intéressé par ces projets. vous l’avez placé dans un situation d’avoir à choisir entre l’intérêt général et son intérêt particulier lui, et les deux autres membres de l’exécutif syndical ;
* alors que l’Ebéniste avait droit à 1 ETC de dégrèvement pour la réalisation d’un projet de recyclage de matières résiduelles à l’usine Fer et titane, vous lui avez enlevé .35 ETC qui lui revenait comme président du syndicat ;
* parce qu’il a signé le complément à l’Info-CA dénonçant le fonctionnement du Conseil d’administration dans le traitement du problème de la cafétéria, en guise de représailles, vous lui avez refusé l’autorisation de participer à un congrès de trois jours sur l’environnement en lui disant : Avec moi, c’est donnant-donnant. Cette mentalité mesquine ne vous honore pas.
le secrétaire-trésorier du syndicat, professeur d’anglais (l’Irlandais)
* lors de l’accueil du personnel à l’automne 2000 dans l’auditorium, vous avez nommé absolument tout le monde (congés, retraités, retours, déplacements, nouveaux enseignants) sauf un : vous avez volontairement oublié l’Irlandais qui était de retour après trois ans d’absence et vous avez négligé de le féliciter pour son recyclage réussi en anglais ;
* à la suite de l’article publié dans le journal local sur la poursuite en diffamation de 80,000 $ du Collège contre l’exécutif du syndicat ; à la suite de la photo et de l’article publiés dans le même journal sur la remise des bourses par le syndicat à des élèves, vous avez dit qu’il était un cancer et qu’il voulait détruire le collège comme vous l’aviez dit d’un autre membre de l’exécutif syndical qui a été l’objet privilégié de votre attention.
le vice-président du syndicat, professeur de français (le Littéraire)
* vous avez déposé une lettre de réprimande à son dossier à cause d’un texte critique dont il était le co-auteur avec le Politique sur votre performance pendant ce que vous avez appelé l’an 1. Vous avez retiré cette lettre de doléances à son dossier en échange de sa démission comme membre du Comité d’évaluation des mandats du Directeur des études et de la Directrice générale (les hors-cadres), ce qui était votre objectif politique. Vous avez aussi exigé qu’il signe un engagement de bonne conduite et de respect ;
* à cause de ce texte critique, vous avez manoeuvré de manière à ce qu’il soit suspendu pendant six mois du Conseil d’administration pour manque de respect. Cette suspension était illégale car elle a été votée par un exécutif du Collège qui n’avait pas quorum ; la résolution qui accusait le représentant des enseignants de manquements inclus dans le Code d’éthique fut donc biffée du procès-verbal et considérée comme nulle et non avenue. Vos manoeuvres ayant échoué, vous avez modifié la règle du quorum lors des réunions de l’exécutif ou du conseil de discipline ainsi que le règlement 7c qui permet de renouveler votre mandat en novembre et non en mars comme prévu par le règlement. Et vous avez chassé un professeur de génie électrique qui l’avait remplacé au Comité d’évaluation des mandats de manière qu’aucun membre de l’interne ne siège à ce comité ;
* Vous avez tenté de le prendre en défaut dans son enseignement et vous avez donné à votre adjointe préférée le mandat de l’espionner systématiquement. Convoqué par cette adjointe en présence du coordonnateur du département de français, il fut sommé de s’expliquer sur de prétendues absences non motivées ou non expliquées. Dans un cas, il s’agissait d’un congé de maladie : l’information ne s’était pas rendue jusqu’au bureau de l’adjointe qui avait aspiré au poste de directeur des études et que vous vouliez nommer directement sans passer par un comité de sélection. Dans un autre cas, les élèves étaient dans un autre local (C-2103) afin de visionner un vidéo sur le Misanthrope de Molière. Ayant répondu à toutes les questions de l’Adjointe à sa satisfaction, piteusement, elle parla de rumeurs et s’excusa presque d’avoir fait subir un tel interrogatoire à un enseignant qui a donné au collège de bons et loyaux services pendant trente ans. Quelle administration de broche à foin qui se cache derrière des rumeurs ou des pseudo-plaintes anonymes !
* A propos de plaintes, vous avez commencé votre carrière de directrice en convoquant le président du syndicat pour déblatérer contre cet enseignant au lieu de vous adresser directement à lui comme vous auriez dû le faire ; c’est un manque d’éthique professionnelle ;
* suite au conflit de la cafétéria où le syndicat des enseignants vous a obligée à agir de façon civilisée, suite à l’évaluation négative du Directeur des études qui vous a fait paniquer, vous avez décidé de prendre les grands moyens : chaque membre de l’exécutif du syndicat a reçu la visite du huissier et a été poursuivi personnellement en Cour supérieure pour la somme de 80,000 $ en diffamation et atteinte à la réputation ;
* à la fin des dernières négociations, une entente a été signée au niveau national pour que cesse la coupure de 2.5% de nos salaires au début de janvier 2000. Les sept membres du Comité des relations du travail ont dénoncé par lettre votre décision de continuer à couper jusqu’en avril. Cette lettre a été envoyée à chacun des membres du CA. Pour éviter cela qui nuisait à votre image, vous avez exigé que nous retirions la lettre. Essuyant un refus catégorique de sa part, vous l’avez accusé de ne pas avoir rempli son contrat d’enseignant à la dernière session en bureautique. Devant sa réaction de colère, quelques jours plus tard, vous avez envoyé l’adjointe avec un questionnaire d’évaluation qui devait être rempli par ses anciennes élèves de bureautique trois mois après la fin de la dernière session, afin de prouver que vous aviez raison. Malheureusement pour vous, les enseignantes de bureautique s’opposèrent à ce harcèlement ;
* Au Conseil d’administration du 19 juin 2001, comme le Littéraire, représentant des enseignants vous a accusée de ne pas respecter un engagement que vous aviez pris lors de l’accueil du personnel à propos de l’achat d’ordinateurs en Arts et Lettres, vous avez décidé de frapper le grand coup : sa révocation jusqu’au 17 novembre 2003 suite à une plainte d’un membre du CA et une poursuite en diffamation de 170,000 $.
***
Le tableau qui vient d’être tracé ici n’est pas exhaustif. Nous avons énuméré des faits vrais. Or, nulle trace de ces faits dans vos rapports d’évaluation annuels. Votre autoévaluation qui sert de fondement à votre demande de renouvellement de mandat pour cinq autres années ne parle pas des gestes de harcèlement que vous avez posés, des conflits que vous avez provoqués, des coups bas que vous avez donnés, de l’hostilité que vous avez engendrée et des conséquences désastreuses de vos agissements sur nos conditions de travail et sur le climat général du collège. Quand une autorité se croit tout permis, abuse de son pouvoir, regarde de haut les gens et les voit comme des subalternes qu’on peut traiter cavalièrement, il peut se passer deux choses. Ou bien les subalternes encaissent les coups et s’écrasent. Ou bien ils dénoncent et contestent au lieu de se soumettre. Nous ne sommes pas du genre à nous écraser. Quand on exige du respect, il faut d’abord en donner. Ça ne va pas bien au collège et vous en êtes la principale responsable. A la fin de votre mandat, vous devez donc partir."
Rapport d’évaluation du premier mandat de la directrice générale publié même si ce rapport devait rester confidentiel. Sur les nouvelles technologies on peut lire : Avec 2.4 $ millions dans la réserve accumulée par le Collège, n’importe qui pouvait dépenser des milliers de dollars pour acheter des ordinateurs. Il n’y a aucun mérite à cela. Le fait de faire payer les élèves pour l’utilisation des ordinateurs a conduit à des conflits qui ont nui à l’usage efficace des ordinateurs par les élèves. C’est un exemple de mercantilisme de la directrice générale. De plus, quant à prêter un ordinateur à des enseignants sélectionnés selon des critères discutables, que chaque enseignant qui en fait la demande ait un ordinateur ou qu’on n’en parle plus.
Sur la promotion et l’image, tout le personnel a pu lire : La directrice générale projette une image mercantile, anti-démocratique et anti-syndicale. Elle est à temps plein au service de son image et à temps partiel au service du Collège. Elle manque de jugement et est tyrannique en utilisant des fonds publics pour payer son avocat à des fins personnelles pour saboter le processus de son évaluation. Sa priorité n’est pas d’investir dans la relation maître-élève, mais dans toutes sortes d’activités périphériques comme le Centre de transfert des technologies de l'environnement ou l’International où il y a beaucoup de dépenses et pas de revenus. Par ses activités extérieures, elle projette une image de bourgeoise et de quêteuse. Ce fut une mauvaise décision d’investir 80,000 $ au Canal Savoir. Donner 80 bourses de 1,000 $ aurait été plus efficace pour attirer de la clientèle. La directrice générale fait semblant d’être surprise quand ses décisions sont contestées ; elle est incapable de respecter un point de vue différent du sien. C’est le règne de la pensée unique et quand Sa Majesté n’obtient pas l’unanimité, elle pique des crises de diva. C’est la première fois dans l’histoire des collèges que des hors-cadres poursuivent des enseignants en Cour supérieure pour diffamation. Je réclame la mise en tutelle de notre collège par le gouvernement et une Commission d’enquête publique gouvernementale.
Sur les fonctions administratives et relationnelles, encore une fois sous le couvert de l’anonymat, tout le collège a pu lire ceci :
Voici le jugement global que je porte sur les quatre années de fonction de la directrice générale :
elle est pourrie dans sa gestion des ressources humaines ;
dans le dossier de la cafétéria, elle a fait preuve de son manque d’humanisme ; elle a même été cruelle envers les employées qu’elle ne respecte pas ;
dans le dossier de l’examen de reprise, elle a refusé de reconnaître ses erreurs ;
incapable d’argumenter et de défendre démocratiquement ses décisions et son style de gestion, elle a montré son impuissance et son incompétence en essayant d’imposer sa pensée unique par la voie des tribunaux ;
incapable de composer avec des opinions différentes des siennes, elle force les gens à démissionner en leur étant systématiquement hostile comme ce fut le cas des deux enseignants qui ont démissionné du Conseil d’Administration du collège ; ce n’est pas une rassembleuse ;
par son mercantilisme et la priorité qu’elle accorde aux activités périphériques (bal masqué, partie de sucres, tournoi de golf), elle camoufle le fait qu’elle cherche à diminuer les ressources à l’enseignement. Elle nous fait des coups de cochon et il faudrait aller lever le coude avec elle et socialiser comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
elle est pourrie dans sa gestion des ressources humaines ;
dans le dossier de la cafétéria, elle a fait preuve de son manque d’humanisme ; elle a même été cruelle envers les employées qu’elle ne respecte pas ;
dans le dossier de l’examen de reprise, elle a refusé de reconnaître ses erreurs ;
incapable d’argumenter et de défendre démocratiquement ses décisions et son style de gestion, elle a montré son impuissance et son incompétence en essayant d’imposer sa pensée unique par la voie des tribunaux ;
incapable de composer avec des opinions différentes des siennes, elle force les gens à démissionner en leur étant systématiquement hostile comme ce fut le cas des deux enseignants qui ont démissionné du Conseil d’Administration du collège ; ce n’est pas une rassembleuse ;
par son mercantilisme et la priorité qu’elle accorde aux activités périphériques (bal masqué, partie de sucres, tournoi de golf), elle camoufle le fait qu’elle cherche à diminuer les ressources à l’enseignement. Elle nous fait des coups de cochon et il faudrait aller lever le coude avec elle et socialiser comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
8 novembre 2001 : l’exécutif du syndicat informe les trois membres du Comité d’évaluation des mandats du conseil d’administration que 70% des enseignants sont contre le renouvellement de mandat de la Directrice générale. A cause de l’ampleur de la consultation des enseignants, le rapport d’évaluation détaillé n’est pas prêt.
15 novembre 2001 : sans attendre le dépôt du rapport d’évaluation des enseignants qui explique en détail les raisons justifiant le non-renouvellement de mandat de la Directrice générale, le Conseil d’administration procède au renouvellement de mandat de la Directrice générale pour cinq ans jusqu’en 2006. On est le 15 novembre 2001 et son mandat se terminait le 30 juin 2002. Où était l’urgence ? La Directrice générale triomphe. Toutefois, les administrateurs lui demandent de porter une attention prioritaire à la qualité du climat de travail qui est très mauvais à cause de la judiciarisation des relations de travail et de son style autoritaire de gestion.
15 novembre 2001 : l’arbitre Gilles Lavoie donne raison au syndicat. L’interception par le Collège du Complément à l’info-CA est illégale parce que contraire à notre convention collective. Gilles Lavoie juge que le Syndicat a le droit de faire distribuer tout document aux enseignants (...) dans les cases de ses membres (...) et ce, sans que l’employeur n’intervienne pour vérifier le contenu de telles communications ou s’arroge le droit de refuser telle distribution. C’est une belle victoire syndicale contre la volonté patronale de censure et de contrôle de l’information. Remarquez qu’il a fallu faire un grief et le gagner pour avoir le droit d’utiliser les casiers des enseignants comme cela se fait dans tous les collèges sans problème.
21 novembre 2001 : au tribunal du Travail à Montréal, devant la commissaire Louise Verdone, la Directrice générale et la Directrice des ressources humaines répondent aux questions pointues de notre avocat et de l’avocat de la Fédération des cégeps sur les différentes versions de la politique institutionnelle d’évaluation des apprentissages. En vertu du Code du Travail, le Collège est accusé par le Syndicat de représailles et d’anti syndicalisme, entre autres à cause de la poursuite de $80,000. Chacun des quatre membres de l’exécutif réclame 5,000$ pour atteinte à ses droits pour un total de 20,000 $.
23 novembre 2001 : lettre à tout le personnel où la Directrice générale se réjouit d’avoir obtenu un second mandat de 5 ans. Elle parle de bonne volonté, de bonne foi et de goût du bonheur. Tout en continuant à poursuivre en Cour supérieure quatre enseignants élus qui sont appuyés par des résolutions unanimes de l’Assemblée syndicale qui réclament le retrait des poursuites, triomphaliste, elle nous demande d’avoir le goût de travailler ensemble au développement de notre Collège. A nos yeux, et aux yeux de la très grande majorité du personnel, ces belles paroles écrites avec honneur, dignité et vaillance n’ont aucune crédibilité. Elles sont même provocatrices.
D O C U M E N T 14 : la directrice générale jubile et veut partager sa joie avec tout le personnel
Le 23 novembre 2001 (extraits)
A tout le personnel
Objet : Un second mandat de cinq ans à la direction du Collège
C’est avec beaucoup de gratitude que je viens vous remercier pour la confiance qui m’est témoignée par la décision unanime des membres du Conseil d’administration de me reconduire dans mes fonctions à la direction générale du Collège.
Le Conseil a salué le bilan très positif du précédent mandat. (...) Maintenant, nous allons devoir relever d’autres défis exigeants pour demeurer l’institution de grande qualité que nous sommes et continuer de bien servir notre population. Pour ce faire, les membres m’ont indiqué de travailler prioritairement à l’amélioration du climat de travail au Collège. (...) L’amélioration du climat ne pourra se réaliser sans la bonne volonté de tous d’avoir le goût du bonheur d’accomplir chaque jour la plus belle des missions qui soit, d’avoir le goût de travailler ensemble au développement de notre collège et d’avoir une attitude de bonne foi dans la recherche de solutions aux problèmes quotidiens que nous rencontrons. En même temps, je crois bon de nous rappeler le bon vieux dicton qui dit quand on veut, on peut et, je crois fermement que nous allons y arriver parce que nous partageons le même objectif : la meilleure formation et la réussite de nos jeunes. (...)
Avec dignité, honneur et vaillance !
Votre directrice générale (Françoise R.)
7 décembre 2001 : vol. 1, numéro 1 ; premier numéro du Huissier, bulletin d’information du Syndicat des enseignants. Information sur la victoire syndicale sur la liberté d’information et l’utilisation des casiers des enseignants ; annonce du boycott du souper de Noël ; on souligne que l’administration a reconnu son erreur quant à la règle du 70%-50% pour les examens de reprise ; de plus, dès janvier 2002, le programme d’Arts et Lettres aura les ordinateurs dont il avait un urgent besoin. Le syndicat se dit heureux d’avoir contribué au développement du programme d’Arts et Lettres dont les leaders ont dû passer, bizarrement, devant le Conseil d’administration de la Fondation pour obtenir du financement. La Fondation finança la moitié des coûts. Devant la description du travail à la mitaine que devait faire le Grammairien en création-vidéo, un membre de la Fondation compara la situation à l’Armée canadienne et offrit de financer au complet l’achat des ordinateurs au grand déplaisir de la Directrice générale qui a mal paru, encore une fois, et qui en fit le reproche aux deux enseignants contraints de justifier devant la Fondation des demandes qui répondent à des besoins essentiels pour des ordinateurs dont les élèves de tous les autres collèges peuvent bénéficier. Cette dernière remarque sur les services offerts ailleurs du coordonnateur du programme d’Arts et Lettres fit rougir de colère la directrice.
13 décembre 2001 ; au Palais de justice, deux requêtes en irrecevabilité sont présentées par notre avocat Jacques Lamoureux devant un juge de la Cour supérieure afin que les deux poursuites soient déclarées irrecevables parce qu’il y avait un autre recours approprié et/ou parce qu’elles sont frivoles et sans fondement.
14 janvier 2002 : Dans le numéro 2 du bulletin d’information syndicale : L’Huissier : présentation en douze pages du rapport sur l’évaluation du premier mandat de la directrice générale envoyé à tous les enseignants. Le Conseil d’administration ayant décidé de maintenir la Directrice dans ses fonctions pour les cinq prochaines années, le rapport se situe dans une perspective d’évaluation formative et formule les points à améliorer. Il compile les réponses des enseignants aux trois questionnaires et leurs commentaires parfois cinglants qui expliquent pourquoi 70% des 55 répondants se sont prononcés contre le renouvellement de mandat pour cinq ans sans condition. Ce numéro du Huissier met la Directrice générale hors d’elle comme en témoigne le Communiqué de la Direction du 28 janvier 2002 où elle exprime sa colère au point de commettre deux erreurs graves.
18 janvier 2002 : L’Huissier, numéro 3. Version synthèse en trois pages du rapport d’évaluation envoyée à tout le personnel et aux membres du Conseil d’administration, conformément au mandat confié à l’exécutif du syndicat par les 50 membres présents à l’Assemblée générale du 24 mai 2001. A cette occasion, tous les employés et administrateurs du collège ont aussi reçu le numéro 1 du Huissier daté du 7 décembre 2001. Les membres du Conseil d’administration ont donc pris connaissance d’une évaluation sérieuse de la Directrice générale APRES avoir renouvelé son mandat pour cinq ans suite à des manoeuvres de la même directrice pour accélérer le processus. Insultés par le mépris dont ils faisaient l’objet, les enseignants n’ont eu d’autre choix que de rendre publique leur évaluation qu’ils avaient faite avec beaucoup de conscience professionnelle puisque les structures normales étaient manipulées et contrôlées par la directrice générale.
D O C U M E N T 15 : extraits du rapport d’évaluation de la directrice générale par les enseignants
L’Huissier, vol. 1, numéro 3, 18 janvier 2002 (extraits)
Présentation du rapport sur l’évaluation du premier mandat de la directrice générale.
A la lecture des résultats obtenus, on peut conclure que les enseignants, à 70%, sont manifestement insatisfaits de la prestation de la directrice générale. (...) Questionnaire numéro 3 : Fonctions administratives et relationnelles Les réponses obtenues dans ce troisième questionnaire révèlent un malaise quant aux relations de travail entretenues par la directrice générale avec le corps professoral. Le style de gestion qu’elle préconise déplaît à la grande majorité des 55 répondants. Les réponses obtenues révèlent un style de gestion plus autocratique que démocratique, qu’il n’y a que peu de place pour les discussions ou les négociations, qu’elle est incapable de gérer les conflits. Une très forte majorité considère que les poursuites judiciaires sont inadmissibles. Son style de gestion ne correspond pas du tout à ce que les enseignantes et les enseignants attendent d’une directrice générale.
Points à améliorer :
* améliorer les relations de travail avec les professeurs ainsi que les autres personnels (respect, négociations, discussions, honnêteté, souplesse)
* promouvoir la transparence dans toutes les décisions et dans l’information diffusée ;
* créer un climat d’appartenance (cela commence par l’amélioration des relations de travail)
* retrait immédiat des poursuites contre le Syndicat et contre le représentant des enseignants au Conseil d’administration du Collège.
* promouvoir la transparence dans toutes les décisions et dans l’information diffusée ;
* créer un climat d’appartenance (cela commence par l’amélioration des relations de travail)
* retrait immédiat des poursuites contre le Syndicat et contre le représentant des enseignants au Conseil d’administration du Collège.
28 janvier 2002 : communiqué de La Direction à tous les membres du personnel enseignant faisant part du résultat des requêtes en irrecevabilité présentées par votre Syndicat à l’encontre de nos requêtes en diffamation.
D O C U M E N T 16 : réaction de La Direction au Huissier du 14 janvier 2002
Communiqué : A tous les membres du personnel enseignant
28 janvier 2002
Nous profitons de ce communiqué pour vous faire part que nous déplorons que votre exécutif syndical continue la publication d’écrits qui enfreignent, selon notre interprétation, les notions de confidentialité, de respect de renseignements personnels et qui sont mensongers à plusieurs égards. En effet, selon l’éthique la plus minimale, l’évaluation d’une personne doit se discuter à l’intérieur d’un processus très confidentiel. Que diriez-vous si le Collège dévoilait les résultats de l’évaluation d’un enseignant à l’ensemble des étudiants, des enseignants et des membres du Conseil d’administration ? (...) Par ailleurs, si quelqu’un d’entre vous ressent le besoin d’avoir des informations supplémentaires ou des réponses à leur questionnement, nous vous rappelons que notre porte est grande ouverte pour vous recevoir individuellement ou collectivement.
La Direction
29 janvier 2002 : L’Huissier, numéro 4. Nos membres sont informés que tous les employés du collège, y compris les membres du Conseil d’administration, ont reçu la version synthèse du rapport d’évaluation expurgée des commentaires parfois cinglants des enseignants ainsi que le numéro 1 du Huissier.
7 février 2002 : L’Huissier, numéro 6 ; Sondage-éclair. Consultation des membres du syndicat sur l’opportunité de prendre une action en justice suite au Communiqué de La Direction en date du 28 janvier 2002 où, après nous avoir traités de diffamateurs avant que la chose ne soit jugée, elle nous diffame en nous traitant de menteurs.
12 février 2002 : publicité payée dans le journal local par le Collège en page 2 du journal local. Est publiée in extenso sur une colonne qui occupe le tiers d’une page la liste de tous les noms des enseignants et enseignantes du collège avec, en grosses lettres : MERCI à nos enseignantes et à nos enseignants pour l’excellent travail réalisé à cause d’une augmentation du taux de réussite de 9.4% à l’automne 2001. C’est une tentative (ratée) d’influencer le vote des enseignants sur l’opportunité de prendre une action en justice contre La Direction.
27 février 2002 : grief syndical réclamant du Collège la somme de 35,000 $ pour atteinte au droit fondamental de représentation du syndicat suite au Communiqué du 28 janvier où La Direction a un comportement abusif en niant à toutes fins pratiques la clause 2-2.07 reconnaissant expressément le syndicat comme représentant exclusif des enseignants. Ce 35,000 $ s’additionne aux 20,000 $ de la plainte au Tribunal du travail. Tout cela pèsera dans la balance qui nous mènera à un règlement hors cour.
28 février 2002 : selon les résultats de notre sondage-éclair, une majorité des membres qui se sont exprimés sont favorables à une réplique du Syndicat à la publication du Communiqué de La Direction du 28 janvier 2002. Le Syndicat fait parvenir le 28 février 2002, par huissier, aux cinq membres de la Direction, une mise en demeure de se rétracter des attaques contre l’exécutif du syndicat qui sont injustifiées, diffamatoires et inacceptables. La Direction est mise en demeure de présenter des excuses écrites, dans les dix jours, aux quatre membres de l’exécutif du syndicat des enseignants. A défaut de vous conformer à la présente dans les délais qui y sont mentionnés, nous avons mandat d’entreprendre contre vous tous les recours judiciaires nécessaires au respect des droits du Syndicat et des membres de son exécutif. Un huissier a remis cette mise en demeure au président du Conseil d’administration ; à la directrice générale ; au directeur des études, au directeur des ressources matérielles et à la directrice des ressources humaines. L’Huissier, numéro 9 du premier mars, informe les membres du grief et des mises en demeure.
Le Syndicat a un an pour décider s’il poursuivra la Direction. Le rapport de forces s’améliore. C’est une épée de Damoclès au-dessus de la tête de la Direction. Les recours judiciaires, c’est un petit jeu qui se joue à deux.
D O C U M E N T 17 : Mise en demeure du syndicat contre la Direction, le 28 février 2002.
Par huissier
Destinataires : Président du CA et les quatre membres de La Direction : la Directrice générale ; le Directeur des études ; le Directeur des ressources matérielles ; la Directrice des ressources humaines.
Objet : Syndicat des enseignants du cégep c. vous-même (...)
Dans le communiqué du 28 janvier 2002, vous alléguez que l’exécutif syndical continue la publication d’écrits (...) qui sont mensongers. De telles affirmations sont injustifiées, diffamatoires et inacceptables. Le Syndicat ne saurait tolérer d’attaque aussi indue à l’endroit de ses officiers syndicaux. (...)
Conséquemment, vous êtes mis en demeure de vous rétracter de ces affirmations par écrit auprès de l’ensemble des enseignants du collège, et ce, dans les dix (10) jours de la réception de la présente. De plus, vous êtes également mis en demeure de présenter, dans le même délai, vos excuses écrites à chacun des quatre membres de l’exécutif du syndicat, à l’effet que ces derniers auraient publié des écrits qui sont mensongers. Vous les traitez aussi de diffamateurs bien qu’aucun juge ne vous ait donné raison. A défaut de vous conformer à la présente dans les délais qui y sont mentionnés, nous avons mandat d’entreprendre contre vous tous les recours judiciaires nécessaires au respect des droits du Syndicat et des membres de son exécutif, et ce sans autre avis ni délai.
Veuillez donc vous gouverner en conséquence.
par l’avocat du syndicat Jacques Lamoureux pièce jointe. : Communiqué du 28 janvier 2002
D O C U M E N T 18 : Grief du 27 février 2002 envoyé en arbitrage le 21 mars 2002
Exposé du grief :
Le Collège par son communiqué du 28 janvier 2002 porte atteinte directement et sciemment à l’exercice du droit de représentation du Syndicat. Le contenu du communiqué brime l’exercice du droit d’association, droit protégé par la Charte canadienne des droits et libertés. Par ses écrits, le Collège s’ingère dans les affaires syndicales ; ce comportement est abusif et discriminatoire. En agissant ainsi, le Collège manque à ses obligations légales et conventionnelles.
Correctif requis : Que le Collège cesse tout comportement abusif à l’égard de la représentation syndicale. Que le Collège s’engage à respecter la convention collective particulièrement la clause 2-2.07 reconnaissant expressément le syndicat comme représentant exclusif des enseignants. Que le Collège verse au Syndicat la somme de 25 000 $ à titre de dommages exemplaires pour atteinte à un droit fondamental et la somme de 10 000 $ à titre de dommage-intérêt pour le préjudice subi. Les sommes portent intérêt au taux légal.
19-20 mars 2002 : suite des travaux devant la Commissaire du Tribunal du travail, madame Louise Verdone.
23 mai 2002 : rencontre entre les quatre membres de la Direction et les quatre membres de l’exécutif du Syndicat. S’adressant à la Directrice, après avoir exprimé ses regrets devant les malentendus résultant des propos échangés au Conseil d’administration du 19 juin 2001 même si rien ne l’obligeait à le faire, ce qui équivaut pratiquement à des excuses, le vice-président du syndicat le Littéraire affirme sans détours que la version de la directrice du 31 octobre 2001 comporte trois erreurs graves (voir 31 octobre 2001 : cette fois-là n’a jamais été dit ; accueil du personnel et non réunion de département ; réunion du comité du programme et non réunion de département) ; sa poursuite est donc sans fondement et elle devrait la retirer de toute urgence. Elle écoute en silence et on sent qu’elle est ébranlée. Le Littéraire en profite pour répéter que dans l’exercice de ses fonctions, la directrice a toujours été en pleine possession de ses moyens et qu’il n’a jamais pensé ni dit le contraire. Il lui demande de répandre dans toute la communauté collégiale et dans toute la région les propos qu’il vient de tenir devant sept témoins et non des moindres.
23 mai 2002 : Projet de règlement du conflit adopté par l’Assemblée générale des enseignants.
15 août 2002 : L’ Huissier, vol. 2, numéro 1.
Le Collège a refusé de négocier avec le Syndicat sur la base du projet de règlement adopté par l’Assemblée générale ; la réunion du 12 août n’a pas eu lieu. “En conséquence, si le Collège maintient son refus de négocier avec le Syndicat (...) et de rechercher activement un règlement à l’amiable ; voici la chronologie juridique de l’automne 2002 :
16-17-18-19 septembre : suite des auditions devant la commissaire du Travail, Louise Verdone.
4 novembre 2002 : procès Directeur des études vs les quatre membres de l’exécutif et le Syndicat.
2 décembre 2002 : procès Directrice générale et Cégep vs Le Littéraire (28 janvier 2003 : date limite pour que le Syndicat puisse déposer une requête en diffamation contre les quatre membres de la Direction et le Cégep.) Remarquez comment est formulée la poursuite du Directeur des études : le collège ne fait plus partie de la poursuite suite à une décision d’un juge.
4 septembre 2002 : Le Huissier, vol. 2, numéro 2. Au début de la session d’automne, lettre ouverte du syndicat à la directrice générale envoyée à nos membres, aux élèves, aux professionnels, au soutien, aux cadres et aux membres du Conseil d’administration. Nous informons la directrice générale qu’aucun plan stratégique ne pourra être appliqué tant qu’un règlement à l’amiable ne sera pas survenu impliquant le retrait sans condition des deux poursuites judiciaires pour éviter une lourde perte de temps, d’énergie et d’argent.
Le 4 septembre 2002, Le Littéraire reçoit une lettre du Directeur des études qui lui demande de respecter son plan de cours, de donner des cours magistraux et de ne pas attaquer l’administration en classe. Cette lettre n’a aucun statut : il ne s’agit pas d’une lettre de doléances au sens de la convention collective au chapitre des mesures disciplinaires. C’était un avertissement faisant partie d’une stratégie ou d’un complot comme on devait l’apprendre un mois plus tard.
9 octobre 2002 : à 14h30, visite surprise de deux cadres féminines pendant une classe de français du Littéraire qui est vice-président du syndicat. Pendant que l’enseignant proteste dans le bureau du Directeur des études en présence de l’Ebéniste, les élèves remplissent un questionnaire qui pose, entre autres, les questions suivantes. Est-ce que votre professeur vous respecte comme étudiant ou étudiante ? Est-ce qu’il suit son plan de cours ? Est-ce qu’il attaque l’administration, qui attaque-t-il et que dit-il ? Est-ce qu’il donne des cours magistraux ? Ce questionnaire doit être passé à deux autres groupes d’élèves le lendemain matin à huit heures et neuf heures et cinquante. Les élèves protestent et certains tiennent des propos virulents contre les deux cadres qui obéissent aux ordres (une des deux cadres quittera ses fonctions et le collège l’année suivante...).
10 octobre 2002 : Après une nuit agitée pratiquement sans sommeil, le lendemain matin à 7h45, l’enseignant attend la visite des deux cadres dans sa classe. Une des deux cadres l’informe que le Directeur des études veut lui parler de toute urgence et que l’opération est annulée. Dans son bureau, le Directeur dit à l’enseignant que les réponses des élèves au questionnaire lui ont permis de conclure que la plainte faite contre lui était sans fondement mais qu’il se devait de faire enquête pour en avoir le coeur net. Il s’excuse des inconvénients causés. Par la nature des questions, on voit ce que l’administration cherchait à savoir. Le prétexte à la plainte serait un incident survenu dans une classe la semaine d’avant. Comme l’enseignant commençait son cours un après-midi, des ouvriers faisaient un bruit infernal sur le toit du collège : ils étaient en train d’installer un système de ventilation. Après les bruits provenant du sous-sol qui avaient perturbé sa classe la semaine précédente, cela dépassait les limites de l’acceptable. Il fit signer une pétition déclarant que des bruits l’empêchaient de donner un cours normal et, en regardant la feuille, il vit les noms de deux chanteuses connues, Alanis Morrissette et Shania Twain. Il apostropha les deux petites comiques qui n’avaient pas signé de leur nom propre la pétition ; il fit une colère en disant : on vous demande un petit service et certaines cervelles d’oiseaux en profitent pour niaiser. Ces élèves, déjà faibles, ont eu peur de couler, en ont parlé à leur mère qui a appelé l’administration qui en a profité, trois semaines avant le premier procès. La plainte, comme d’habitude, est restée anonyme. Ce prétexte a permis à l’administration d’aller à la pêche en faisant remplir aux élèves un questionnaire dans le but de trouver des choses à reprocher à l’enseignant. C’est la quatrième action de harcèlement et la plus grave après, bien entendu, les poursuites. Rappelons les trois autres : la convocation du président du syndicat en août 1997 à l’occasion d’une plainte anonyme contre le Littéraire ; la visite de l’Adjointe dans une classe de bureautique avec un questionnaire d’évaluation trois mois après la fin des cours du Littéraire dans cette classe ; l’espionnage de la même Adjointe par rapport à la présence de l’enseignant en classe. Notons aussi la tentative ratée d’utilisation des secrétaires pour faire de la délation. Toutes ces formes de harcèlement sont inacceptables.
11 octobre 2002 : à 16 heures, rencontre entre le Littéraire et le Directeur des études au Centre de Varennes. Le Directeur des études, fort aimable, fait visiter les lieux qui sont neufs. L’enseignant lui demande une copie du questionnaire qui a été passé aux élèves. Le Directeur lui donne le questionnaire et lui dit : Après avoir compilé les réponses, je peux dire que vos élèves trouvent que vous êtes un professeur compétent et dynamique ; vos élèves vous aiment. L’enseignant lui demande de mettre cela par écrit, ce que le directeur des études fera d’autant plus volontiers qu’il avait déjà entrepris, en secret, des démarches pour quitter ses fonctions à notre collège. La directrice générale ne le savait pas, il ne le lui avait pas dit et cela est très instructif sur la nature de leur relation non amicale de dominante-dominé comme administrateurs. Il sera nommé Directeur des études dans un collège où il avait enseigné la philosophie pendant vingt ans. Notez bien que notre texte du 24 janvier 2001 la double incompétence était censé avoir détruit sa réputation... Devant la mauvaise humeur de l’enseignant, le hors-cadre tente de le calmer en lui disant d’oublier l’incident. L’enseignant en profite pour lui demander de retirer sa poursuite en lui disant que son témoignage devant la Commissaire Louise Verdone était vraiment exagéré surtout quand il a soutenu que la civilisation occidentale était menacée parce qu’on avait attaqué sa réputation. L’enseignant lui dit : Vous avez commis une erreur avec la règle du 70-50% appliquée à l’examen de reprise et nous l’avons écrit. Nous n’avons jamais attaqué votre personne mais nous avons souligné une lacune dans l’exercice de votre fonction. D’ailleurs, vous avez corrigé l’erreur. Je reconnais que vous n’étiez pas obligé d’instaurer des examens de reprise avec des professeurs payés au taux horaire. Après cette rencontre somme toute civilisée, Le Littéraire a cru qu’il serait possible que les poursuites soient retirées. Il avait raison. Le Syndicaliste en doutait : il croyait que la Reine F. Première irait jusqu’au bout.
30 O C T O B R E 2002 : après discussions entre les avocats, la Direction, la Fédération autonome du collégial et l’exécutif du syndicat, les parties signent enfin un RÈGLEMENT hors cour qui implique, d’une part, le retrait des poursuites du Directeur des études et de la Directrice générale et, d’autre part, le retrait des griefs, de la plainte au Tribunal du travail et de la menace de poursuites pour diffamation contre la Direction de la part des quatre membres de l’exécutif du syndicat. Les membres de la partie syndicale refusent de serrer la main de la directrice, de l’avocate de service et de l’avocat local. La partie syndicale sable le champagne. Mais le conflit n’est pas terminé car les warriors du syndicat restent des warriors et entreprennent la rédaction d’un document synthèse sur le conflit qui sera vu comme du harcèlement contre la Directrice.
D O C U M E N T 19 : lettre sur la visite de deux cadres dans une classe du Littéraire
Jeudi, le 7 novembre 2002
A la Directrice générale ; au Directeur des études ; à la Directrice des Ressources Humaines
Mercredi, le 9 octobre 2002, à 14h30, deux cadres ont interrompu mon cours de français (601-101, de 13h30 à 15h15) dans une classe de trente (30) élèves et m’ont invité à me rendre au bureau du Directeur des études. En présence de l’Ebéniste, le Directeur des études m’a dit que des commentaires lui avaient été faits sur mes cours qui étaient suffisamment graves pour justifier l’intervention dans mes classes cet après-midi aussi bien que le lendemain dans mes deux autres groupes de 601-101 que je devais rencontrer de 8h à 11h35. Il faut noter que je n’ai pas reçu d’avis préalable. Information prise, après une courte présentation justifiant leur démarche, les deux cadres féminines ont fait remplir un questionnaire à mes élèves pour une évaluation pouvant conduire à des mesures disciplinaires puisque, selon l’administration, la gravité de la plainte justifiait une intervention immédiate dans mes trois groupes. Avec l’aide de mes élèves, j’ai reconstitué assez vite le questionnaire ; je sais donc de quoi il retourne. Cette histoire de plainte anonyme à propos d’une pétition que j’ai fait signer contre les bruits de construction qui ont nui à mon enseignement à plusieurs reprises cet automne a tout l’air d’un prétexte pour s’informer sur ma pédagogie ou sur mon attitude devant l’administration pour confirmer les allégations contenues dans votre lettre du 4 septembre 2002. De plus et surtout, le contexte des poursuites en Cour supérieure et de la plainte devant la Commissaire du Travail sème le doute quant aux buts réels poursuivis par la Direction.
Le droit de gérance existe mais est-ce qu’il justifiait une telle intervention ? Je ne crois pas. Le lendemain matin, jeudi, le 10 octobre, à 7h50, après une nuit blanche, j’ai rencontré une de deux cadres pour lui demander à quelle heure elle passerait dans ma classe. Elle me dit que tout était annulé et qu’il fallait voir le Directeur des études qui me cherchait pour des explications. Dans son bureau, le Directeur m’a dit qu’il était arrivé à la conclusion que les accusations portées contre moi étaient sans fondement et qu’il regrettait de m’avoir dérangé et d’avoir dérangé mes élèves. Comme je voulais annuler la rencontre qui devait avoir lieu le vendredi à 16 heures à Varennes, il insista pour me rencontrer quand même car nous avions à discuter de la demande syndicale que lui et la Directrice générale retirent leur poursuite en Cour supérieure.
Lors d’une rencontre au Centre de Varennes, comme je demandais au Directeur une copie du questionnaire que mes élèves ont rempli, il m’a répondu que c’était dans l’intérêt de tout le monde d’oublier cet incident. Et il ajouta : Vous êtes un professeur compétent et dynamique. Vos élèves vous aiment. Ensuite, nous avons discuté pendant une heure du retrait de sa poursuite et de celle de la Directrice générale. Le Directeur des études envisageait de retirer sa poursuite, ce qui était une bonne nouvelle.
L’intervention de deux cadres dans ma classe n’est pas un fait anodin et est maintenant connue de tout le monde dans le collège et même au-delà. C’est la première fois dans l’histoire du collège fondé en 1968 qu’un tel événement se produit. Ma réputation a été ternie. Conséquemment, je demande au Collège de réparer le tort qui m’a été fait et de rendre public auprès de tous le jugement positif que le Directeur des études a posé sur mon enseignement lors de la rencontre du 11 octobre à Varennes. Vous devez rendre public ce jugement favorable pour rétablir ma réputation comme enseignant et cela, le plus rapidement possible. Je crois que j’y ai droit. Il n’y a aucune raison pour que le dénouement de cette affaire reste confidentiel.
Je demande qu’une lettre signée par la Directrice générale qui est la principale responsable, par la Directrice des ressources humaines et le Directeur des études réaffirme que je suis un professeur compétent et dynamique qui jouit de l’estime de ses élèves ; une lettre où vous reconnaissez que votre intervention a pu m’être préjudiciable. Je demande que cette lettre soit envoyée à tout le personnel et à tous mes élèves. Puisque vous êtes des spécialistes dans la protection de la réputation des personnes, je suis sûr que vous serez sensible à ma demande.
A cause du précédent que l’intervention du 9 octobre constitue, il n’est pas question d’oublier cet incident. Je vous prie d’agir avant le 15 novembre à défaut de quoi je verrai quelles seront les suites à donner. A cause du règlement hors-cour du 31 octobre et du protocole que nous venons de signer, je vous donne la chance d’agir avec équité à mon endroit. Je suis disponible pour une rencontre avec le Directeur des études pour en arriver à une lettre satisfaisante qui rétablira ma réputation.
Le Littéraire
témoin : l’Irlandais
c.c. président du syndicat ; coordonnateur de français
D O C U M E N T 20 : lettre d’excuses du Directeur des études suite à la visite surprise de deux cadres féminines dans la classe du Littéraire. Le Directeur fait l’éloge de l’enseignant au grand mécontentement de la Directrice générale qui se considère trahie.
Le 13 décembre 2002
M. le Littéraire
Monsieur,
La présente fait suite à votre lettre du 7 novembre dernier et à notre entretien du 28 novembre, en rapport avec la visite d’un de vos groupes d’étudiants le 9 octobre 2002.
Comme je vous l’ai mentionné le 9 octobre, cette rencontre de vos étudiantes et de vos étudiants visait à valider des commentaires qui nous avaient été rapportés et dont la nature, s’ils étaient confirmés, pouvait éventuellement conduire à des mesures disciplinaires.
Reconnaissant que cette action allait déranger le déroulement normal de vos activités d’enseignement, je vous en ai alors présenté mes excuses et demandé votre collaboration, compte tenu du fait que je n’avais d’autre moyen de m’assurer que vous puissiez recevoir un traitement juste et équitable en rapport avec ces commentaires.
Fort heureusement, la rencontre du premier groupe d’étudiants nous a permis, de façon suffisamment explicite, de conclure que les dits commentaires n’étaient pas fondés. Aussi nous sommes-nous empressés d’annuler les rencontres qui étaient prévues auprès des autres groupes et de vous en aviser. Cette rencontre nous a par ailleurs permis de constater que vous jouissez de l’estime de vos étudiantes et de vos étudiants, qui ont notamment affirmé que vous êtes un enseignant compétent et dynamique, qui sait rendre l’apprentissage de la littérature intéressant.
Je vous remercie de la collaboration que vous avez démontrée à cette occasion et vous réitère une fois de plus mes excuses pour avoir dû déranger le déroulement normal de vos activités d’enseignement et pour les inconvénients que cela a pu vous causer.
Recevez, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
Le Directeur des études (Christian M.)
Commentaire :
Le Littéraire remercie le Directeur des études pour son honnêteté et sa droiture. On ne saura jamais quels commentaires avaient été rapportés et dont la nature, s’ils étaient confirmés, pouvait éventuellement conduire à des mesures disciplinaires.
décembre 2002 : après avoir été vice-président à l’information, maintenant responsable de l’application de la convention collective et agent de griefs ( le Politique étant président du syndicat), après une lutte perdue pour qu’un jeune professeur de micro-édition et hypermédia ne soit pas congédié, le Littéraire s’oppose en vain aux refus de priorité envoyés à deux jeunes enseignantes, une en Soins infirmiers et l’autre en Chimie (sciences de la nature). Un refus de priorité est l’équivalent d’un congédiement. C’est l’administration qui prend la décision d’un refus de priorité, mais dans les trois cas précités, les enseignant(e)s des départements concernés, pour des raisons différentes, ont collaboré avec l’administration. L’exécutif du syndicat ayant défendu les jeunes enseignants (un homme et deux femmes) comme c’était son devoir de le faire, l’exécutif et le Littéraire en particulier, s’est rendu impopulaire auprès des membres des départements concernés et s’est même fait quelques ennemis. C’est ce que souhaitait la Directrice des ressources humaines. Poussé par ses amies de l’administration, Amable Beausapin décida de former une équipe syndicale comme le lui a suggéré Grandpied lors leur rencontre hebdomadaire à l’Université (brasserie ainsi nommée parce que les grands esprits de droite et/ou les grandes gueules de droite s’y réunissent). Il était assuré de l’appui des amis de la Directrice générale, profiteurs du double emploi qui ont refusé pendant trois ans de respecter les boycotts, des amateurs de refus de priorité et des partisans de la restructuration salariale. Ce serait suffisant pour assurer la victoire de cette nouvelle équipe syndicale comme prix de consolation pour la Directrice générale pratiquement forcée de prendre sa retraite.
4 février 2003 : dans le contexte de l’équité salariale et d’une restructuration salariale (l’échelle unique) qui donne des augmentations salariales aux moins scolarisées, le Ministère veut augmenter la charge de 173 heures par année soit cinq heures par semaine comme au primaire et au secondaire. L’Assemblée générale, en opposition aux 173 heures, vote à l’unanimité le boycott de toutes les activités qui ne sont pas obligatoires en vertu de la convention collective.
25 février 2003 : Le Huissier vol. 2, numéro 3. La vie syndicale après le retrait des poursuites en Cour supérieure.
Ce bulletin d’information est envoyé à tous les membres de notre collège, à tous les syndicats de la Fédération , aux directeurs généraux et aux directeurs des études de tous les collèges de la Fédération. En résumé, nous disons qu’avant d’aller plus loin, il faut comprendre ce qui s’est réellement passé, de la mise en demeure du 31 janvier 2001 au règlement hors cour du 30 octobre 2002 qui a conduit au retrait des poursuites de 80,000 $ et 170,000 $. L’Huissier du 25 février contient la citation suivante des Essais, livre 3, chapitre VIII : L’obstination et une façon de débattre têtue et impérieuse pleine d’opiniâtreté est la plus sûre preuve d’incivilité et d’inimitié. Si elle se rabaisse à la conférence commune et qu’on lui présente autre chose qu’approbation et révérence, elle vous assomme de son autorité. Ce sera encore une fois, en partie, la faute à Montaigne si la Directrice générale voudra de nouveau nous poursuivre en Cour supérieure pour, selon elle, ne pas avoir respecté l’entente hors cour en continuant de l’attaquer. Nous avons expliqué que, selon nous, c’est son évaluation négative par les enseignants qui a joué un rôle capital dans sa décision de se servir des Tribunaux. Cette explication qui était plutôt vraie fut jugée par elle inacceptable. Nos commentaires sur le roulement du personnel cadre étaient aussi difficiles à avaler. Quant à l’incivilité, quelle insulte pour cette spécialiste des bonnes manières et du décorum ! Et ne parlons pas d’inimitié, puisque cela a commencé dès 1997 par son attitude hostile devant le vice-président de la Fédération et devant le Littéraire. (Il est vrai que cette inimitié entre une membre de la clique libérale et le Littéraire remontait aux années 70.)
DOCUMENT 21 : synthèse du conflit
Après l’entente hors cour, le 25 février 2003, le Syndicat des enseignantes et des enseignants a publié un numéro du Huissier qui faisait une synthèse du conflit et s’intitulait : La vie syndicale après le retrait des poursuites.
Ce n’est pas victoire si elle ne met fin à la guerre. (Montaigne, 1, 47)
La vie syndicale après le retrait des poursuites en Cour supérieure
En signant un règlement hors cour le 30 octobre 2002 qui a conduit au retrait des poursuites de 80 000 $ et de 170 000 $ intentées par le Directeur des études et la Directrice générale contre les membres de l’Exécutif syndical, personnellement, pour diffamation et atteinte à la réputation, l’Exécutif du Syndicat a évité deux procès qui devaient débuter les deux semaines suivantes et qui, selon toute vraisemblance, se seraient éternisés durant de longs mois sinon quelques années. Mais avant d’aller plus loin, il faut comprendre ce qui s’est réellement passé.
Dire que tout aurait pu être réglé en 30 minutes...
Allons à l’essentiel. Le 31 janvier 2001, le Syndicat a reçu une mise en demeure de se rétracter et de s’excuser pour les propos utilisés pour dénoncer l’impéritie de la Direction des études dans la gestion d’un aspect du plan de réussite : l’examen de reprise et la double sanction. Or, on aurait pu régler cette question en trente minutes. Si le Directeur des études avait convoqué l’Exécutif pour se plaindre de nos propos tout en admettant qu’il avait fait une erreur (erreur qu’il a corrigée quelques mois plus tard) et nous avait proposé une déclaration conjointe dans ce sens, nous aurions accepté et le problème aurait été réglé. Cela aurait été la façon normale de procéder, c’est-à-dire la seule véritable façon de faire de vraies relations de travail où les torts ne sont pas toujours du côté syndical.
Pour éviter de faire face à la critique : des lettres d’avocats
Il faut alors se demander pourquoi la Direction a plutôt choisi de tenter de faire des relations de travail en nous envoyant une lettre d’avocat. La réponse est simple. Après avoir lu l’évaluation que l’Exécutif avait eu le mandat de faire du Directeur des études, évaluation où de nombreux reproches étaient imputés à la Directrice générale, cette dernière a voulu empêcher le Syndicat de l’évaluer librement. Habituée à s’auto-évaluer favorablement, elle a vu là ce qu’elle a interprété comme un danger pour elle-même et pour son image. La liberté d’expression et la liberté d’opinion syndicales lui apparaissaient alors et comme toujours, menaçantes. Or, le moyen que la Directrice générale a trouvé pour empêcher le Syndicat de s’exprimer librement a été de tenter de lui faire peur et de l’intimider en le menaçant de poursuites en Cour supérieure. (...)
Une première dans le monde des collèges : des officiers syndicaux poursuivis personnellement pour diffamation
C’est donc ce contexte de l’évaluation des hors-cadres (Directeur des études et Directrice générale) par les enseignants qui explique mais sans les justifier les poursuites en Cour supérieure. Le Conseil d’administration nous a demandé notre avis à propos du renouvellement de mandat du Directeur des études et de la Directrice générale et ces hors-cadres n’ont pas accepté la liberté de jugement et d’opinion des enseignants qui, dans les deux cas, se sont prononcés négativement. Ces évaluations critiques, les membres de l’Exécutif du syndicat ont été obligés d’en payer le prix personnellement par des poursuites au Civil. De plus, ce sont tous les enseignants qui, solidaires de leur Exécutif, ont dû endurer un climat de travail malsain.
Le roulement du personnel-cadre : une saine philosophie de gestion ?
Même après le retrait des poursuites, le climat de travail est resté à ce point malsain que des membres de la Direction se cherchent un emploi ailleurs et que le Directeur des études vient d’en trouver un dans un autre collège où il s’en va, comme il l’a écrit dans sa lettre d’adieu, avec une grande joie. Ne peut-on pas et ne doit-on pas se poser des questions sur le fonctionnement d’une directrice générale qui a perdu une directrice des ressources humaines, trois adjoints au directeur des études, un directeur des études et dont le directeur des ressources financières, de l’international et de la formation continue, lui aussi, s’interroge sur son avenir ici ? Comment expliquer ce roulement de personnel-cadre ? Est-ce normal ! Ne serait-il pas permis de croire que ce n’est pas seulement le Syndicat qui a de la difficulté à travailler avec la directrice générale ? En y réfléchissant bien, un commencement d’explication se trouve sans doute, encore une fois, dans la sagesse de Montaigne : L’obstination et une façon de débattre têtue et impérieuse pleine d’opiniâtreté est la plus sûre preuve d’incivilité et d’inimitié. Si elle se rabaisse à la conférence commune et qu’on lui présente autre chose qu’approbation et révérence, elle vous assomme de son autorité. ( Essais, Livre 3, chapitre VIII)
La facture
C’est dans ce contexte que la Direction n’a pas hésité à utiliser des fonds publics. Selon notre estimation environ 50,000 $ auront été gaspillés en frais d’avocat. Nous avons le mandat de passer par la Commission d’accès à l’information pour le savoir et quand nous le saurons nous le ferons savoir à nos membres et au grand public qui paie des taxes.
Les leçons de cette saga judiciaire
Nous pensons que le Syndicat a le droit et le devoir de critiquer les décisions des administrateurs et d’exprimer ses positions et opinions et ce, tant auprès des membres que publiquement.
Que cela soit bien clair : nous ne croyons pas que les propos qui nous ont été reprochés étaient diffamatoires et portaient atteinte à la réputation des personnes qui ont intenté des poursuites en Cour supérieure. (....)
Dans tout ce conflit, les hors-cadres ont refusé de faire une distinction entre leur fonction et leur personne. C’est une distinction que fait Montaigne, maire de Bordeaux. Selon nous, c’est une erreur grave.
Nous pensons que le recours aux tribunaux a été un abus de pouvoir et que les sommes d’argent dépensées par le Collège dans le cadre de ces poursuites en Cour supérieure auraient pu servir à répondre à des besoins essentiels de l’enseignement.
A la défense de nos libertés fondamentales
Nous continuons de croire que les énergies et les sommes investies par le Syndicat pour se protéger des attaques patronales l’ont été à juste titre pour la défense de nos libertés syndicales fondamentales. (...) Nous avons démontré que le recours à la Cour supérieure ne relève pas d’une philosophie de gestion acceptable dans le milieu de l’éducation, pas plus que dans tout autre organisme public ou parapublic.
Nos boycotts : une stratégie peu coûteuse et extrêmement efficace et qui, surtout, fait très mal à la Direction générale
Nous sommes sûrs que c’est grâce à l’appui solide de nos membres si les poursuites ont été retirées. Les boycotts se sont avérés une stratégie peu coûteuse mais très efficace. Ensemble, nous avons fait comprendre à nos administrateurs que sans l’implication et la participation bénévole des enseignants, un collège ne saurait être pleinement un Collège. Nous avons fait la preuve que la résistance pacifique est un moyen d’action syndicale efficace qui, à moyen et à long termes, nous permet de nous faire respecter. (...) (Fin)
Ce numéro du Huissier fut envoyé à tous les membres du syndicat des enseignants ; à l’Association générale des étudiants ; aux syndicats des professionnels et des employés de soutien ; aux cadres ; aux membres de la Direction du Collège et du Conseil d’administration à la Fédération et aux syndicats de la Fédération ; aux dg et aux dé des collèges de la Fédération
27 MARS 2003 : en réplique au Huissier du 25 février, lors d’une réunion du Conseil d’administration, la résolution suivante est adoptée.
Le Conseil d’administration :
réitère sa confiance envers la direction du Collège ;
blâme la conduite des membres de l’exécutif du syndicat des enseignants ;
exige que les membres de l’exécutif du syndicat des enseignants respectent leurs engagements et cessent tout harcèlement envers la direction du collège et ses administrateurs ;
prenne les mesures nécessaires, incluant au besoin de nouvelles procédures judiciaires, afin de donner les suites à la présente résolution ;
transmette cette résolution à tous ceux qui ont reçu Le Huissier du 25 février 2003.
blâme la conduite des membres de l’exécutif du syndicat des enseignants ;
exige que les membres de l’exécutif du syndicat des enseignants respectent leurs engagements et cessent tout harcèlement envers la direction du collège et ses administrateurs ;
prenne les mesures nécessaires, incluant au besoin de nouvelles procédures judiciaires, afin de donner les suites à la présente résolution ;
transmette cette résolution à tous ceux qui ont reçu Le Huissier du 25 février 2003.
Comme nous en ont informés des membres du Conseil d’administration, la résolution originelle qui a été modifiée puis confisquée demandait que l’Exécutif du Collège prenne immédiatement, le plus vite possible puisqu’il y avait urgence d’agir, de nouvelles procédures judiciaires afin de donner suite à la présente résolution. A cause du Huissier du 25 février, la Directrice générale voulait donc nous poursuivre de nouveau. La preuve se trouve dans les considérants qui n’ont pas été modifiés tout le débat portant sur la décision de donner à l’Exécutif le mandat d’intenter immédiatement ou non de nouvelles poursuites judiciaires. La représentante du personnel de soutien, la Courageuse, s’est opposée fermement à la proposition d’intenter immédiatement des poursuites contre les auteurs du Huissier et contre l’idée même de nouvelles poursuites. Comme il fallait l’unanimité, le débat a eu lieu, long et pénible, des pressions indues étant faites sur la représentante du personnel de soutien qui, le soir même après la réunion du CA, étranglée par l’émotion, était incapable d’en faire le récit suite au climat de terreur qu’elle venait de vivre. La Courageuse mérite son surnom, notre admiration et nos remerciements. C’est grâce à elle si Le Politique, Le Littéraire, l’Irlandais et l’Ebéniste n’ont pas été poursuivis pour une troisième fois.
Voici les principaux considérants.
Considérant que l’exécutif du Syndicat des enseignants a diffusé le bulletin Le Huissier, daté du 25 février 2003, aux membres de la communauté collégiale ainsi qu’à tous les directeurs des études et directeurs généraux des collèges dont les syndicats sont affiliés à la Fédération ;
Considérant que le contenu de ce bulletin est diffamatoire envers la direction du Collège et qu’il nuit considérablement au Collège et aux membres de son personnel ; (...)
Considérant la mauvaise foi et l’intention manifeste des membres de l’exécutif du syndicat de ne pas respecter les engagements pris et diffusés publiquement dans le cadre du règlement hors cour déposé en Cour supérieure afin de réparer les torts causés aux membres de la direction du Collège ;
Considérant le droit inaliénable de toute personne à sa dignité, à son honneur, à son intégrité et à sa réputation ;
Considérant l’urgence d’agir afin que cesse cette conduite destructrice et inacceptable qui est hautement nuisible au Collège ainsi qu’aux membres de son personnel.
Considérant que le contenu de ce bulletin est diffamatoire envers la direction du Collège et qu’il nuit considérablement au Collège et aux membres de son personnel ; (...)
Considérant la mauvaise foi et l’intention manifeste des membres de l’exécutif du syndicat de ne pas respecter les engagements pris et diffusés publiquement dans le cadre du règlement hors cour déposé en Cour supérieure afin de réparer les torts causés aux membres de la direction du Collège ;
Considérant le droit inaliénable de toute personne à sa dignité, à son honneur, à son intégrité et à sa réputation ;
Considérant l’urgence d’agir afin que cesse cette conduite destructrice et inacceptable qui est hautement nuisible au Collège ainsi qu’aux membres de son personnel.
En lisant ces considérants, on reconnaît l’expertise de l’avocate directrice des ressources humaines dans le choix des mots devant conduire logiquement à une autre poursuite immédiate contre les quatre membres de l’exécutif du Syndicat. Selon elle, le contenu de ce bulletin syndical est diffamatoire ; cette conduite est destructrice et inacceptable et hautement nuisible. Ces considérants démontrent hors de tout doute l’intention ferme d’intenter immédiatement une poursuite pour diffamation considérant l’urgence d’agir. Mais le Conseil d’administration principalement grâce au courage de la représentante du personnel de soutien en a jugé autrement et a modifié la résolution. Pour intenter de nouvelles poursuites judiciaires, il faudrait de nouveau passer devant l’ensemble des 14 personnes du Conseil d’administration : l’Exécutif de cinq personnes contrôlé par la Directrice générale ne pourra donc pas décider seul d’intenter des poursuites contre le Syndicat comme c’était sa ferme intention.
Ce qui avait été voté voulait dire ceci : si les membres de l’exécutif du syndicat respectent leurs engagements et cessent tout harcèlement envers la direction du collège, il n’y aura nul besoin de nouvelles procédures judiciaires. Tel est le sens de la résolution comme nous l’a expliqué au téléphone un professeur de génie mécanique (Michel Duhaime) et représentant des enseignants au Conseil d’administration du collège. N’ayant pas obtenu ce qu’elle voulait, la Directrice générale considéra que le Conseil l’avait désavoué et même trahie. Voyant que les quatre membres de l’exécutif du syndicat s’en tiraient à si bon compte, elle se sentit trahie comme elle s’était sentie trahie par le Directeur des études et elle commença à penser à la retraite et à sa prime de départ dans les six chiffres.
25 avril 2003 : Le Huissier, vol. 2, numéro 5 : Le Syndicat informe ses membres qu’il n’est pas d’accord avec de nombreux éléments de la résolution votée par le C.A. mais qu’il n’exercera pas son droit de réplique quant aux considérants et à la résolution du 27 mars. Nous exprimons notre volonté de contribuer à améliorer le climat de travail au nom de l’intérêt général , sans renoncer aux obligations, aux devoirs et aux droits que nous confèrent notre convention collective et notre solidarité avec les syndicats de la Fédération autonome du collégial. Avec diplomatie, voyant le danger, nous déclarons que, tout comme les membres du Conseil d’administration, nous souhaitons tourner la page.
avril 2003 : Hommage à la Courageuse (Lise Latraverse) à l’occasion de sa retraite pour la remercier d’avoir empêché une troisième poursuite contre le Syndicat des enseignants suite à la publication du Huissier du 25 février 2003 intitulé : La vie syndicale après le retrait des poursuites en Cour supérieure. Les péripéties de la réunion du Conseil d’administration sont décrites dans le chapitre C’est la faute à Montaigne.
Une proposition a été votée à l’unanimité avec une abstention, celle de la Courageuse qui, en conscience, ne pouvait absolument pas voter pour une proposition qui ouvrait la porte à d’autres poursuites en Cour supérieure à même des fonds publics. Elle voulait voter contre mais les pressions furent si fortes et les arguments si insidieux qu’elle dut y renoncer à son corps défendant. Son abstention permettait de dire que la proposition avait été adoptée à l’unanimité selon la conception très particulière de la démocratie qui sévit à ce collège depuis mai 1997 soit depuis l’An I. Seule cette deuxième proposition qui excluait une poursuite immédiate enclenchée par l’Exécutif du Collège est apparue au procès-verbal et non la première pourtant dûment présentée et votée, ce qui est une irrégularité, c’est le moins qu’on puisse dire.
Le message sur la carte accompagnant le cadeau se lisait comme suit :
"Chère Lise, grâce en bonne partie à tes interventions courageuses, les menaces de nouvelles poursuites judiciaires contre l’exécutif du syndicat des enseignants ont été rejetées par le Conseil d’administration du 27 mars 2003. Avec une conviction et un sens du bien commun remarquables, tu as lutté pour affirmer ta liberté de conscience et ta liberté d’expression et tu as contribué à faire échouer une troisième tentative d’utiliser les tribunaux à des fins antisyndicales."
Le 27 mars 2003, la modeste et digne employée a remporté la victoire contre l’élite locale. Pour ton engagement de presque trente ans, pour ton dévouement, ta droiture et ton intégrité, au nom de tous les enseignants, c’est avec une vive émotion que nous t’exprimons notre respect, notre admiration et notre reconnaissance."
Le Littéraire, au nom de l’exécutif du syndicat des enseignants, avril 2003.
mai 2003 : formée par Amable Beausapin, l’équipe que la Directrice appuyait est élue à l’exécutif du syndicat des enseignants. Malgré sa compétence, le Syndicaliste Daniel Lussier est battu 43 à 36. Le taux de participation est exceptionnel : 80% des enseignants sont venus voter. Amable triomphe : il est élu vice-président, responsable de l’application de la convention collective des enseignants lui qui connaît plutôt la convention collective du personnel de soutien. Mais quand on sait tout d’avance... Ces élections ont vu les habitués de l’Université (brasserie fréquentée chaque vendredi soir par les cerveaux de la région) prendre le pouvoir. C’est un prix de consolation qui arrive trop tard pour la Directrice générale qui s’est sentie trahie par le Conseil d’administration qui pendant sept ans mangeait dans sa main. Le pouvoir de Sa Majesté a été mortellement affaibli par le refus du Conseil d’administration du 27 mars 2003 de poursuivre pour la troisième fois l’exécutif du syndicat des enseignants.
Cette nouvelle équipe syndicale sera là deux ans jusqu’à ce qu’Amable Beausapin se retire après avoir été mis en disponibilité avec un salaire de 80% d’assuré. Comme quoi sa vocation syndicale n’était pas très profonde ni son programme de mobilisation des jeunes très sérieux. Cet objectif (laisser la place aux jeunes) n’avait été l’occasion que d’un exercice de rhétorique vide devant une assemblée générale médusée par son culot. Les cons ça ose tout: c'est même à ça qu'on les reconnaît. (Lino Ventura, les tontons flingueurs) Il n’était pas question pour lui de faire du bénévolat. Son passage du statut de personnel de soutien au statut d’enseignant malgré l’opposition légitime de l’Ingénieur a soulevé bien des questions. Après un congé sans solde à l’hiver 2008, Amable a pris sa retraite. Qu’il continue de se reposer en méditant sur ses exploits dont le principal est d’être passé grâce à la complaisance de l’Administration (donnant-donnant) de technicien à enseignant sans, à notre connaissance, avoir suivi de cours de perfectionnement, avec tous les avantages monétaires qui découlent de ce changement de statut.La Directrice venait d’applquer sa théorie du donnant-donnant.
mai 2003 : départ pour la retraite de l’Avocate de service. Rencontrée par hasard dans un restaurant non loin du collège, l’ex-directrice des ressources humaines, les lèvres pincées, les cheveux en bataille, l’air dépité comme d’habitude, fit au Littéraire le coup du mauvais oeil. Il la regarda droit dans les yeux avec un léger sourire et demeura imperturbable. Le Ton n’était pas de bonne humeur encore une fois. Ce ne doit pas être drôle d’être constamment frustrée comme ça.
18 mai 2004 : sélection d’une nouvelle directrice générale ; malgré une situation financière déficitaire, elle réussira à équilibrer le budget et à rétablir le climat de travail.
juin 2004 ; après une année d’affrontements sur l’augmentation de la tâche des enseignants de 5 heures par semaine rattachée à la restructuration salariale (les 173 heures) et sur les 15 orientations de la Fédération des cégeps sur la réforme des collèges, la Directrice générale prend sa retraite deux ans avant la fin de son mandat et emporte avec elle sa prime (légale) de séparation (de 143,000$, dit-on) et son rêve de faire du collège une sorte d’institution post-secondaire privée où on aurait pu remplacer un cours de formation générale obligatoire en français ou en philosophie par un cours en environnement obligatoire (pour rentabiliser un programme en manque d’élèves), où la convention collective aurait été négociée localement et où toutes les marges de manoeuvre imaginables auraient été données dans l’administration des budgets surtout celui réservé aux ressources à l’enseignement. Pendant cette dernière année, la grande majorité des enseignants ont continué les boycotts pour s’opposer à l’augmentation de la tâche de cinq heures par semaine (les 173 heures) mais surtout pour s’opposer à la réforme des collèges du ministre apprenti-sorcier Pierre Reid. On a déjà enlevé un cours d’éducation physique pour le remplacer par un cours d’anglais. C'était l'époque où la libérale Lucienne Robillard ironisait sur les cours d'éducation physique escalade de rocher et pêche à la ligne 2.
15 juin 2005 : ayant été enseignant pendant 40 ans, de 1965 à 2005, dont 36 ans au collège de Sorel-Tracy qui aurait pu s’appeler Collège Germaine-Guèvremont, au moment qu’il a lui-même choisi, le Littéraire prend sa retraite. Il a été ému en entendant un choeur d’enfants chanter à la fin d’un épisode touchant de Virginie de Fabienne Larouche au moment où Jean-Claude Lauzon s’en va : Adieu monsieur le professeur ; on ne vous oubliera jamais. Il espère avoir fait aimer la littérature française et québécoise et la langue française. Il a essayé de donner le sens de l’humour, de la désinvolture, de la liberté et de l’engagement en faveur d’un Québec indépendant à quelques-uns des sept mille élèves que la Providence, le hasard ou la Fortune comme dirait Montaigne a placés sur sa route.
Hors-texte
aire de repos
« La liberté d’expression est à la vie démocratique ce qu’est l’oxygène au corps humain : essentielle », écrit le juge André Rochon pour la Cour d’appel en avril 2010.
"La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage, est de savoir celle qu’il faut mettre la première." (Les Pensées, Blaise Pascal)
Et les crapauds chantent la liberté. (Félix Leclerc)
J’entends les cris de l’engoulevent, j’observe son vol lointain dans le ciel d’un soir d’été, les lumières s’allument sur le parc Robin, il est temps de mettre fin aux jeux, balançoire et château de sable et de rentrer à la maison de mes grands-parents italiens, où le vin fermente dans deux gros barils, ma petite main droite serrée dans la douce main gauche de ma mère. J’ai quatre ans et je suis heureux. Je suis conscient du temps qui passe et un peu inquiet du cri rauque de l’engoulevent dans le soir qui tombe. J’ai peur des poules en liberté chez mon cousin Marcel Trifiro qui joue de l’accordéon. En croquant une carotte, je regarde de la galerie du deuxième étage, sur la rue St-Catherine, la boule illuminée sur le toit de la pharmacie Montréal qui tourne sans cesse. Antonio, mon grand-père piémontais, chapeau sur la tête, comme chaque jour, lit son journal et ça sent bon, ma grand-mère sicilienne Teresa Guastella fait sa sauce spaghetti avec des pourpettes. Merveilleuse et inoubliable enfance.
aire de repos
Tant d’hommes pour transformer le monde et si peu pour le contempler. (Julien Gracq)
Etre écrivain selon Marguerite Yourcenar
Les écrivains véritables sont nécessaires : ils expriment ce que d’autres ressentent sans pouvoir lui donner forme et c’est pourquoi toutes les tyrannies les bâillonnent. Est-ce que les écrivains sont un luxe ? Le luxe, ce n’est pas nécessairement la possession des choses. C’est un luxe que de se promener au printemps dans une prairie ; c’est un luxe d’être heureux, quand tant de gens souffrent ; un luxe d’être bien portant parmi tant de malades. Je ne vois aucun mal à ce qu’écrire soit un luxe pour celui qui le fait, pas plus que de chanter ou de prier.
Les quatre voeux bouddhiques que je me suis souvent récités au cours de ma vie, j’hésite à les redire en ce moment devant vous, parce qu’un voeu est une prière, et plus secret encore qu’une prière. Mais en simplifiant, il s’agit : de lutter contre ses mauvais penchants ; de s’adonner jusqu’au bout à l’étude ; de se perfectionner dans la mesure du possible ; et enfin, si nombreuses que soient les créatures errantes dans l’univers, de travailler à les sauver. De la conscience morale à la connaissance intellectuelle, de l’amélioration de soi à l’amour des autres et à la compassion envers eux, tout est là, il me semble, dans ce texte vieux de vingt-six siècles.
Il faut peiner et lutter jusqu’au bout, nager dans la rivière en étant à la fois porté et emporté par elle, et accepter d’avance l’issue qui est de sombrer au large.
(...) notre Montaigne, l’homme qui, en Occident, a peut-être ressemblé le plus à un philosophe taöiste (...).
(Marguerite Yourcenar, Les yeux ouverts, entretiens, 1980) `
un ouvrage littéraire selon Julien Gracq
Un ouvrage littéraire est bien souvent la mise bout à bout et le tricotage intime dans un tissu continu et bien lié - telles ces couvertures faites de bouts de laine multicolores qu’on appelle au Québec des catalognes- de passages appuyés à l’expérience réelle, et de passages appuyés seulement à la conformité au caprice de la langue, sans que le lecteur y trouve rien à redire, sans qu’il trouve même à s’apercevoir de ces changements continuels de références dans l’ordre de la vérité.
Ecrivain : quelqu’un qui croit sentir que quelque chose, par moments, demande à acquérir par son entremise le genre d’existence que donne le langage. Genre d’existence dont le public est le vérificateur capricieux, intermittent, et peu sûr, et l’auteur le seul garant fiable.
(Julien Gracq, En lisant en écrivant, 1981, José Corti, p.158-159)
on écrit parce que… selon Jacques Ferron
On écrit parce que la société ne vous accorde qu’un nom, qu’un rôle, qu’une femme, et que ce n’est pas assez. On se conforme à ce partage, le seul équitable. Et l’on reste avec l’énorme excédent de ses virtualités. On écrit pour ne pas les perdre, pour tromper l’état civil, sa femme, son devoir, pour échapper à la société, se substituer à son super ego. On écrit par révolte contre soi-même, pour libérer le monstre, le mégalomane, pour être soi-même et tout ce qu’on n’est pas et qu’on pourrait être. C’est permis, c’est faisable, car on écrit à un niveau qui n’est pas sujet aux lois de la société pour la bonne raison qu’on écrit en dehors de toute société et qu’on sera lu par un solitaire du même acabit, non par un citoyen : par un complice. C’est pour lui seul qu’on écrit. On ne l’oblige à rien. S’il ne se sent pas de mèche, il cesse de lire et l’affaire ne va pas plus loin. Le livre est le grand lieu de la contestation et le restera.
(Jacques Ferron, Du fond de mon arrière-cuisine)
témoignage fabriqué
Le 31 octobre 2001, lors du pré-procès au palais de justice de Sorel, trois erreurs font conclure inéluctablement que le témoignage de la directrice était fabriqué. Fabriqué de manière à justifier une poursuite en diffamation. Surtout cette invention pure et simple : Cette fois-là, vous étiez à jeun. Fabriqué, mais mal fabriqué parce qu’incohérent. Une preuve de plus d’impéritie et de manque d’éthique, caractéristiques des libéraux.*
Citons Morgan Freeman qui joue le rôle du juge dans le film Le bûcher des vanités tiré du roman de Tom Wolfe, The Bonfire of the Vanities. A la fin du procès où l’accusé (Tom Hanks) est innocenté, le juge Morgan Freeman dit à l’assemblée :
La falsification rend impossible la justice. L’honnêteté ne se marchande pas. C’est ce que votre grand-mère vous a incrusté. Entrez chez vous et soyez honnête. Soyez honnête.
If witnesses perjure themselves, is that justice ! I will tell you what justice is. Justice is the law. And the law is man’s feeble attempt to set down the principles of decency. Decency. Decency is what your grandmother taught you. It’s in your bones. You go home. Go home and be decent people. Be decent.
(Si des témoins se parjurent, que devient la justice ! Je vais vous dire ce qu’est la justice. La justice, c’est la loi. Et la loi, c’est une faible tentative de l’homme pour imposer les principes de la simple décence. La décence. La décence, c’est ce que votre grand-mère vous a enseigné. C’est dans votre adn. Retournez à la maison et soyez des gens décents. Incarnez la décence.)
* Le fair-play des libéraux, ça n’existe pas. Pensons aux 15 millions dépensés par le NON au référendum de 1995 par Patrimoine Canada et Option Canada (institution cachée) en infraction de la Loi québécoise sur la consultation populaire, sans oublier l’accélération du processus d’accession à la citoyenneté de milliers d’immigrants avec serment à la reine et invitation à voter NON. Voir Le référendum volé de Robin Philpot, Les Intouchables, 2005.
aire de repos
Dans des conditions routières idéales, le comportement de la nouvelle Honda Accord 2008 porte difficilement flanc à la critique à la condition de ne pas se méprendre sur sa nature plus bourgeoise.
le contexte politique
En dénonçant la relation de Robert Bourassa à la famille Simard dans les années 70, qui ressemble selon Patrick Bourgeois (dans son livre La Nébuleuse) à la relation entre Jean Charest et Paul Desmarais, j’ai suscité des antipathies chez les libéraux. Et, croyez-moi, je n’étais pas et je ne suis pas paranoïaque. La nomination de la directrice au printemps de 1997 mit fin à une période d’accalmie après la défaite au référendum du 30 octobre 1995 où 49.2% des Québécois et Québécoises ont voté OUI à la souveraineté-partenariat et 61% des francophones. Avec son arrivée au printemps 1997, la guerre a recommencé pour atteindre des sommets inégalés. Et c’est une guerre qu’on ne peut pas comprendre si on ignore son arrière-fond politique qui remonte aux années 70.
Malgré le décalage dans le temps, les deux poursuites-bâillons sont la suite de ces affrontements des années 70-80. La boucle est ainsi bouclée. Il est temps de planter un clou définitif dans le cercueil de la clique libérale qui a essayé de nous nuire pendant trente-cinq ans.
Cette clique libérale détient encore une partie du pouvoir économique par exemple en contrôlant les fonds d’investissement régionaux (Fiers). Elle a détenu le pouvoir politique au niveau municipal de l’an 2000 jusqu’à novembre 2009. Toutes les employées du gros agent d’assurances ont été mobilisées pour l’élection du maire. Celui-ci a été battu le premier novembre 2009. Au niveau fédéral, le comté a élu Louis Plamondon, un député du Bloc québécois qui a fêté récemment ses trente ans de vie politique. En 1994, Sylvain Simard du Parti québécois a été élu député du comté de Richelieu. Il a été réélu en 1998, 2003, 2007 et le 8 décembre 2008. Il a été Ministre de l’Education du 30 janvier 2002 au 29 avril 2003 au moment des poursuites de la Direction contre nous. Lors d’une rencontre que l’Irlandais (membre de l’exécutif syndical) et moi avons sollicitée, le Ministre a sympathisé avec nous puis, après une subvention d’un million de dollars pour aménager le sous-sol du collège pour le nouveau programme en environnement, il est intervenu personnellement pour que la Direction retire ses poursuites. Il faut croire qu’il a été entendu. Après la démission de Elaine Zakaïb, Sylvain Rochon du Parti québécois a été élu lors d'une élection partielle tenue le 9 mars 2015.
La Directrice générale dite La Reine ou Sa Majesté, l’Adjointe au Directeur des études et l’avocate directrice des ressources humaines dite Béèmdoublevé sont trois libérales. Ce sont les trois femmes de l’administration qui nous ont cherché querelle comme on le conclut après avoir pris connaissance des faits. Les faits ne sont pas subjectifs: ils ont une existence objective (les gestes ont été posés et les documents existent) et ont une signification. Ils ne sont pas insignifiants. Ces faits montrent hors de tout doute que nous étions en guerre. Le Littéraire, l’Irlandais, le Politique et l’Herboriste sont des indépendantistes.
aire de repos
Les abeilles pillotent de çà, de là, les fleurs, mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym ni marjolaine. (Essais, 1, 25)
Gagner une brèche, conduire une ambassade, régir un peuple, ce sont actions éclatantes. Tancer, rire, vendre, payer, aimer, haïr, et converser avec les siens et avec soi-même doucement et justement, ne relâcher point, ne se démentir point, c’est chose plus rare, plus difficile, et moins remarquable. Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. De fonder la récompense des actions vertueuses sur l’approbation d’autrui, c’est prendre un trop incertain et trouble fondement. Il n’y a que vous qui sache si vous êtes lâche et cruel, ou loyal et dévotieux : les autres ne vous voient point, ils vous devinent par conjectures incertaines ; ils voient non tant votre nature que votre art. Par ainsi, ne vous tenez pas à leur sentence, tenez-vous à la vôtre. (Essais, III, 2)
Crois-tu que de vivre dans le conflit t’apportera le bonheur ? (Philippe Barberis)
A qui prend la mer sans décider de son port de destination, le vent n’est jamais favorable. (Montaigne)
résumé
on veut les faits dit l’avocat. Et bien, voici les faits. Les fa comme on dit en québécois. Avec beaucoup de précision.
Voici l’histoire telle que nous l’avons racontée plusieurs fois pendant nos voyages de vacances devant des auditeurs intéressés et telle qu’elle apparaît clairement dans la Chronologie et les 21 documents.
L’action oui car il y a eu de l'action pendant sept ans, l'action se passe dans un collège public de la Rive-Sud de Montréal qui aurait pu s’appeler Collège Germaine-Guèvremont en l’honneur d’un grand écrivain québécois. A partir de 1997, moment de la nomination d’une nouvelle directrice générale, pendant sept ans, on a assisté à un conflit entre un professeur compétent dit le Littéraire, un militant syndical et politique et une gestionnaire incompétente et dominatrice dite la Reine ou Sa Majesté.
Le conflit a commencé par la façon de rejeter un ami du Littéraire, l’ex-président du syndicat des enseignants dit le Syndicaliste, candidat au poste vacant de Directeur des ressources humaines. La mésentente a continué par le traitement grossier d’une plainte contre le Littéraire. Elle s’est aggravée par un désaccord autour de l’utilisation d’une réserve de 2.4 millions, somme que le syndicat voulait affecter en partie à la création de trois nouvelles voies de sorties en électrotechnique, en assurances et en réseautique au lieu d’imposer une augmentation de la tâche aux enseignants comme la directrice en avait le projet.
Le syndicat des professeurs s’est opposé fermement à la privatisation de la cafétéria avec laquelle la directrice s’était mise en tête de faire des revenus en s’emparant des machines distributrices de boissons et en augmentant le loyer. Nous avons défendu les sept employées de la cafétéria menacées de perdre leur emploi. Nous avons préservé la qualité des aliments à un prix raisonnable. Sur l’utilisation du surplus de 2.4 millions pour les nouvelles voies de sorties et sur la privatisation de la cafétéria, la directrice a subi la défaite. Elle n'a pas aimé qu'on lui tienne tête efficacement.
Elle essaya de détourner 4.2 enseignants temps complet (ETC) à d’autres fins que l’enseignement ( le financement du Centre de transfert des technologies), ce qui était contraire à la Convention collective mais le Politique et le Littéraire s’y sont opposés efficacement. Pour environ 1,000 élèves, il aurait fallu faire le travail de 82 enseignants avec 78 enseignants, donc il y aurait eu augmentation de la tâche pour tout le monde en particulier pour les professeurs de formation générale en français, philosophie et anglais qui auraient pu avoir des groupes de plus de trente-trois élèves. Au-delà de trente élèves, on sait qu'une classe devient lourde. Sur tous ces points mais surtout la cafétéria et les ressources à l’enseignement, le syndicat a gagné. Et la directrice générale a perdu. Or, elle n’aimait pas perdre et nous allions en subir les conséquences.
Après avoir augmenté les frais afférents payés par les étudiants, elle voulut continuer à couper nos salaires de 2.5% jusqu’en mai même après une entente nationale qui faisait cesser la coupure de nos salaires au premier janvier. Nous l’avons dénoncée et elle fit marche arrière. Elle essaya de nommer directement son adjointe préférée sans comité de sélection au poste de Directrice des études et subit un autre échec. Pour elle-même, elle voulait un renouvellement de mandat de cinq autres années et elle se sentit menacée par l’évaluation des enseignants. De fait, 70% des enseignants s’opposèrent à son renouvellement de mandat. Mais comme elle contrôlait le conseil d'administration, son mandat fut renouvelé pour cinq autres années.
Devant l’opposition du syndicat des enseignants à ses projets, elle chercha une occasion de frapper fort et elle la trouva quand l’exécutif du syndicat traita par écrit le directeur des études de doublement incompétent et de manque de jugement à propos des examens de reprise qui n'étaient pas mathématiquement accessibles à la fin d’une session même si ces examens de reprise faisaient partie de la politique d’évaluation du collège. Les quatre membres de l’exécutif du syndicat des enseignants furent sommés par lettre d’avocat de s’excuser mais après l’avoir fait deux fois par écrit, ils furent quand même poursuivis pour une somme de 80,000 $ pour diffamation et atteinte à la réputation par le directeur des études sous les ordres de la directrice générale à qui il est hiérarchiquement soumis. Ces excuses paraît-il n'étaient pas sincères car le syndicat réclamait que la direction reconnaisse son erreur, ce qu'elle fit six mois plus tard. De plus, une citation de Montaigne placée en exergue de la lettre d'excuses exprimait exactement ce que nous pensions.
Puis, hélas, lors d’une réunion du Conseil d’administration dont il faisait partie, le Littéraire posa une question sur une partie du budget qui devait être affecté à l’achat d’ordinateurs pour le programme d’Arts et Lettres ; la directrice ayant fait, un verre de vin à la main, la promesse d’acheter ces ordinateurs à trois enseignants du programme d’Arts et Lettres lors d’un accueil du personnel, le Littéraire reprocha à la directrice de ne pas respecter sa promesse et ajouta à la fin de son intervention : Et vous étiez à jeun ! C’est comme s’il avait dit, promesse d’ivrogne ! C'était une erreur. Il fut alors poursuivi par la Directrice et le Collège pour la somme de 170,000 $ pour avoir supposément traité la directrice d’alcoolique. Il était censé avoir dit : Cette fois-là, vous étiez à jeun, ce qu’il n’avait jamais dit. C'était une fabrication pure et simple. Lors vismes leur mauvaisté. Devant cette offensive patronale judiciaire aux méthodes mensongères, le syndicat répliqua par des boycotts de toutes les activités sociales non obligatoires. Il répliqua aussi par une plainte au Tribunal du travail, par la publication dans l’Huissier, bulletin d’information syndicale, du rapport détaillé d’évaluation par les enseignants de la Directrice générale, par des griefs sur la tentative de la Directrice de passer par-dessus le syndicat pour s’adresser aux enseignants et par une menace de poursuite contre La Direction qui nous avait traités par écrit de menteurs et de diffamateurs avant que la chose ne soit jugée. Ce fut une contre-attaque fort efficace.
Après des lettres aux dossiers du Littéraire et du Politique, l’obligation de passer devant le Comité de discipline du CA et surtout un certain nombre de gestes de harcèlement qui perturbaient abusivement ma vie professionnelle d’enseignants, une entente hors cour fut signée qui annulait les poursuites, les griefs et les plaintes. Mais continuant le combat, le syndicat publia un texte expliquant ce qui s’était passé, l’envoya à tout le personnel ainsi qu'aux directeurs généraux et directeur des études d’une quinzaine de collèges membres de la Fédération. Hors d’elle, furieuse, elle qui croyait le conflit terminé, la directrice voulut nous poursuivre pour une troisième fois et fut bloquée par le Conseil d’administration grâce à l’intervention courageuse de Lise Latraverse du personnel de soutien qui empêcha l'unanimité réclamée par la directrice. Après avoir fait dépenser au collège la coquette somme de 48,900 $ en frais d’avocat payés à un avocat local, la directrice prit sa retraite en 2004, deux ans avant la fin de son mandat et partit avec sa pension et une prime juteuse de séparation.
Le Littéraire prit sa retraite en juin 2005. En 2004, il avait commencé à écrire sur les événements survenus qui avaient occupé pas mal de son temps pendant les sept dernières années de sa carrière de 40 ans comme professeur de littérature au niveau post-secondaire. Pour éviter le reproche que nous faisions à notre adversaire d’être partisane de la pensée unique, nous lui avons donné l’occasion d’exprimer son point de vue en long et en large en créant comme un personnage de roman dans les Confidences d’une femme trahie.
Après avoir terminé son livre, l’auteur peut dire : mission accomplie. La vérité est sortie au grand jour et l’auteur a exercé son droit à la liberté d’expression, un droit qui a été menacé par les deux poursuites-bâillons, deux Slapps de 80,000 $ et 170,000 $ et par du harcèlement. Depuis ce temps, le Parlement de Québec a passé une loi contre le harcèlement psychologique et, en juin 2009, une loi contre les poursuites-bâillons (slapp), deux lois qui auraient pu s’appliquer à notre conflit si elles avaient existé. Ces deux lois sont la preuve que l’humanité progresse…du moins au Québec.
Gibelotte en compagnie de Montaigne est une autobiographie politique et un essai sur la démocratie qui est le contraire de l’autocratie et la liberté d’expression. Des enseignants d’un collège du Québec ont résisté à deux poursuites de 80,000 $ et 170,000 $ pour diffamation et atteinte à la réputation lors d’un conflit qui a duré sept ans entre une directrice s’appuyant sur les élites locales et un professeur de littérature appuyé par son syndicat. La directrice faisant partie de la clique libérale a abusé de son pouvoir de multiples façons par deux poursuites et par du harcèlement c’est-à-dire des interventions répétées pour rendre difficile la tâche d’un enseignant qui s’opposait à elle avec, pour but ultime, d’éliminer carrément un adversaire en le forçant à prendre sa retraite.
Les Confidences d’une femme trahie racontent toute l’histoire du point de vue de la directrice qui est devenue comme un personnage de roman. On y apprend comment et par qui elle prétend avoir été trahie. Sa version est plausible : le lecteur croira peut-être qu’elle a eu raison de poursuivre les membres de l’exécutif du syndicat des enseignants et son ennemi juré. Le lecteur changera d'idée en lisant le texte non publié, oublié sur une photocopieuse, les Remarques sur le vocabulaire, les personnages et les circonstances ainsi qu’une Chronologie et 21 documents (1997-2009). Et aussi en lisant C’est la faute à Montaigne qui explique comment le syndicat et l’enseignant particulièrement visé ont tenu tête aux poursuites et montré beaucoup de résilience.
Ces récits sont suivis d’une conclusion qui explique l’échec d’une directrice qui ne voulait qu’une chose : la soumission du syndicat et l’humiliation de son adversaire et qui ne l’obtint pas. Cela a donné un docufiction de deux genres littéraires nouveaux : le SLAPP fiction et l’essai-hybride qui tendent à démontrer que le syndicat et l’enseignant ont subi deux SLAPPs, soit deux poursuites-bâillons.
Le projet de neutraliser le Littéraire avait été conçu il y a longtemps par un groupe de libéraux appelés la clique qui avaient été dénoncés dans De la clique des Simard à Paul Desrochers…en passant par le joual publié en 1973. Un des chapitres décrit la tentative de la clique de me faire perdre mon emploi. Ces libéraux se réunissaient dans la propriété (comme on dit à Bye bye maison) de l’une ou de l’autre avec vue sur le fleuve ou au restaurant l’Aquarelle. Après avoir devisé du dernier voyage, parlé du prochain voyage, des affaires, de politique municipale, de développement local, d'investissements rentables dans la région de Sorel-Tracy, de construction possible d’une maison plus grande, plus belle, plus prestigieuse, ils parlaient du collège et des ambitions de l’hôtesse royale et aussi des problèmes de l’adjointe au directeur des études, Louise K.. Entre la poire et le fromage car eussent-ils abordé le sujet plus tôt, cela aurait été de nature à leur couper l’appétit, ces notables se posaient la question : Comment se débarrasser du Littéraire? Sa présence au collège de leur région était inacceptable.
Entre deux gorgées de Côtes du Rhône (L. Guigal), ils se plaisaient à rappeler les idiosyncrasies du Littéraire, cet étranger de Montréal vivant à Longueuil : son arrogance de sportif vedette, son insolence, ses fanfaronnades, sa désinvolture, son outrecuidance, sa vulgarité de bum lettré, son côté bas de la ville de Montréal. Par leur réseau de relations, chaque semaine depuis vingt-cinq ans, des propos politiques piquants ou offensants leur étaient rapportés. Pour eux, c’était évident, le Littéraire se servait de ses cours pour faire de la propagande politique anti-fédéraliste et anti-libérale. Cela avait assez duré. Il a assez ri de nous autres disaient-ils en choeur. Il fallait mettre fin à ça. Et ils choquaient leurs verres tout en devenant de moins en moins à jeun.
Leur plan permettrait une longue patience puisqu’il aboutirait au succès. L’hôtesse royale avait un plan de carrière qui la mènerait à la direction du collège. C’était bien parti puisqu’après avoir été enseignante, puis professionnelle, ensuite cadre, elle était devenue Directrice des études dans un collège de la Rive-Sud. Pour accéder au poste envié de Directrice générale, il s’agissait d’attendre la retraite de l’actuel Directeur général. Cela arriva et en effet la châtelaine de Sainte-Anne-de-Sorel atteint son but : elle fut nommée Directrice générale en 1997.
Une ligne belliqueuse fut alors tracée par la clique qui a décidé de se débarrasser du Littéraire, ce fendant, de prétentieux docteur en lettres des universités de Laval et de Montréal, cet insupportable flagorneur, cet inconscient, cet étranger, cet ennemi, ce baveux, ce grossier personnage, ce séparatiste. L’objectif était de le forcer à prendre sa retraite en créant des conditions de travail difficiles. Il fallait prendre le temps nécessaire. Et utiliser tout l’arsenal patronal pour le déstabiliser et lui rendre la vie impossible. Une de ces péripéties est un complot contre le Littéraire qui a échoué: la visite de deux cadres (féminines) dans sa classe avec un questionnaire passé aux élèves pour le prendre en défaut. Cet échec patronal est une des causes qui les a poussés à signer une entente.
Une synthèse du conflit rédigée par la syndicat provoqua un nouveau psychodrame. Mais le Conseil d’administration refusa la demande de la Directrice de nous poursuivre de nouveau pour une troisième fois. Celle-ci se sentit trahie et se prépara à la retraite qu’elle prit l’année suivante.
Dans son rapport à la clique, Sa Majesté se vanta de nous avoir fait la vie dure. Mais elle ne put crier victoire. Elle se consola du mieux qu’elle put, un verre de vin à la main, en écoutant le cri des outardes et en suivant des yeux leur vol élégant en formation sur le fleuve alors qu'elles se dirigeaient vers le Chenal-du-Moine où les attendaient les chasseurs sorelois dignes descendants du Père Didace, personnage du Survenant et de Marie-Didace, deux romans de Germaine Guèvremont, chefs-d'oeuvre de la littérature universelle que j'ai étudiés avec mes élèves.
Gibelotte en compagnie de Montaigne brave quelques interdits en combattant ce que Balzac appelle la bêtise et l’hypocrisie provinciales. Sur fond politique. Le ton de cet essai hybride s’inspire de Montaigne qui écrivait : Je ne fais rien sans gaieté. Montaigne, le plus grand écrivain français du XVIè siècle, a été pour nous une inspiration, un maître de résilience et un compagnon de lutte. L’auteur et ses amis ont réussi à sauvegarder la liberté syndicale dans leur collège et la liberté d’expression. Ce n’est pas si mal. C'est ce qu'un autre grand écrivain le Docteur Jacques Ferron aurait appelé une prouesse. J'en ai fait une affaire personnelle. J'ai retardé ma retraite de quatre ans pour la régler.
Je conclus en citant Jacques Ferron, Jacques Audiberti et Montaigne.
D'abord Ferron.
On dira que c'était une petite affaire. Mais comme elle me concernait, mon jugement prévalut.
Puis Audiberti.
Certains écrivent des livres, beau travail. D'autres les lisent, leur travail non plus n'est pas négligeable. Lisant ce petit livre, elle mettait, à poursuivre sa lecture, une intensité créatrice analogue à celle de l'auteur. Elle qui n'avait jamais rien écrit, à part les lettres banales à l'adresse de la famille, elle savait qu'elle finirait ce livre dans la même retentissante, silencieuse explosion de délivrance et de fierté que l'auteur quand, lui-même, un jour, il l'avait fini.
(Jacques Audiberti, Le Maître de Milan, L'Imaginaire, Gallimard, Paris, 1950)
Enfin, à tout seigneur tout honneur, Montaigne.
Pour moi donc, j’aime la vie et la cultive telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer. (…) On fait tort à ce grand et tout-puissant donneur de refuser son don, l’annuler et défigurer. Tout bon, il a fait tout bon… (…)
C’est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. Nous cherchons d’autres conditions, pour n’entendre l’usage des nôtres, et sortons hors de nous, pour ne savoir quel il y fait. Si, avons-nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher de nos jambes. Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes assis que sur notre cul. (Essais, III, 13)
(Journée nationale des Patriotes, lundi 20 mai 2019)
F I N
Robert Barberis-Gervais
l’auteur
Né le 24 septembre 1938 à Montréal, fils de Charles Barberis et de Claire Gervais, Robert Barberis-Gervais est marié à Marcelle Viger du Vieux-Longueuil et père de quatre enfants, deux filles, France et Manon et deux garçons, Pascal et Philippe. Il a fait son cours classique avec latin mais malheureusement sans grec en quatre ans et obtenu son Bac en 1960. Il a ensuite entrepris des études en théologie au Grand Séminaire de Montréal où il a appris un peu d’hébreu et de grec biblique, a obtenu une Licence en théologie en 1964, puis une Maîtrise en lettres de l’Université de Montréal en 1972 et, enfin, en 1987, à l’Université Laval de Québec, un doctorat en lettres. Sa thèse a porté sur l’espace autobiographique de la fiction. Il faut croire que l’auteur aimait l’école: 26 ans de scolarité. Même les Jésuites n’en font pas autant. Comme il a enseigné pendant 40 ans, on peut dire qu’il a passé sa vie à l’école.
D’origine italienne, il est devenu indépendantiste à la suite des cours d’histoire de Maurice Séguin, de la rencontre de Gaston Miron et de son exégète le plus compétent, Jacques Brault, de la lecture d’Option-Québec de René Lévesque, de son expérience comme professeur au Loyola Collège (devenu Concordia University) et de l’influence de l’engagement politique de Michel Viger qui fut président de la région Rive-Sud du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) présidé par Pierre Bourgault et André d’Allemagne. Il a travaillé activement avec Marcelle Viger, Pierre Marois et d’autres militants à l’implantation du Mouvement Souveraineté-Association sur la Rive-Sud de Montréal. Il a été secrétaire à la rédaction des Editions du Parti québécois qui ont publié, entre autres, l’autobiographie politique du Dr Camille Laurin, le père de la loi 101 et Comment se fera l'indépendance, série d'entretiens avec René Lévesque, Jacques Parizeau et Jacques-Yvan Morin publiés dans le Toronto Star par Robert McKenzie en 1971. Dans ces entretiens, les leaders du Parti québécois affirment que le Parlement de Québec peut enclencher le processus d’accession à l’indépendance par un vote majoritaire des députés. Il a été membre du comité national du programme et est fier d’avoir eu une relation amicale avec René Lévesque. Le Devoir et La Presse, à l’époque de gens sérieux comme Claude Ryan et Michel Roy ont publié une trentaine de ses libres opinions dont certaines ont été écrites en collaboration avec Yves Miron, Jan Depocas (qui ne voulait pas signer) et Pierre Drouilly. En 1978, il a été pendant six mois avec Yves Miron membre du cabinet politique du ministre de l'Immigration Jacques Couture au moment de la signature de l’entente Cullen-Couture.
Collaborateur à des revues et au journal Le Jour, il a publié cinq livres dont De la clique des Simard à Paul Desrochers...en passant par le joual (1973), Ils sont fous ces libéraux (1974), La fin du mépris (Ecrits politiques et littéraires (1966-1976), (1978); Les illusions du pouvoir, les erreurs stratégiques du gouvernement Lévesque (1981), en collaboration avec Pierre Drouilly, le spécialiste de la sociologie électorale québécoise et canadienne.
Il a enseigné les sciences religieuses, en anglais, deux ans au Loyola College. Il a enseigné la littérature française et québécoise pendant 36 ans dans un collège public de la Rive-Sud de Montréal, le cégep de Sorel-Tracy où il a été coordonnateur du département de français à plusieurs reprises, membre de l’exécutif du syndicat des enseignants pendant une douzaine d’années et membre du Conseil d’administration du collège. Il bénéficie de ce que James Joyce appelle l’heure dorée de la retraite depuis juin 2005. Il se consacre entièrement à des activités d’écrivain et à des interventions politiques sur sa page Facebook après avoir publié 1,028 textes sur le site Vigile.net grâce à l’accueil amical de Bernard Frappier. Il songe à publier un livre avec ses meilleurs textes politiques. La Gibelotte en compagnie de Montaigne est son sixième livre.
Robert Barberis-Gervais, 190 rue St-Jacques, Longueuil, J4H3B9
450-677-7872
barberis@videotron.ca
l’auteur
né à Montréal, le 24 septembre 1938; marié à Marcelle Viger de Longueuil, père de quatre enfants, deux garçons et deux filles, Pascal, France, Manon et Philippe.
Maîtrise en lettres de l’Université de Montréal (1974), docteur en lettres de l’Université Laval (1987) a enseigné deux ans au Loyola College puis le français et la littérature au collège de Sorel-Tracy pendant 36 ans, de 1969 jusqu’à sa retraite en juin 2005.
A publié des essais et un récit
De la clique des Simard à Paul Desrochers… en passant par le joual, Editions québécoises, 1973, 154 pages.
Ils sont fous ces libéraux Editions Robert Antoine, 1974, 159 pages.
La fin du mépris, Ecrits politiques et littéraires (1966-1976), Parti pris, 1978, 262 pages.
Les Illusions du pouvoir, les erreurs stratégiques du gouvernement Lévesque, en collaboration avec Pierre Drouilly, 1981, 238 pages.
La rencontre, récit, Editions du Fleuve, 1987, 91 pages.
en caractères Verdana, 12 points
Table des matières
prologue de Marcelle Viger
tout en douceur
introduction: l'auteur se présente
au lecteur comme dans Perdants magnifiques de Leonard Cohen
mise en contexte juridique; acteurs et actrices
ce qui s'est passé au collège Germaine Guèvremont
Confidences d'une femme trahie
En vacances aux Eboulements
C'est la faute à Montaigne
Gibelotte: variations sur les mêmes thèmes
remarques sur le vocabulaire, les personnages et les circonstances
Epilogue
Conclusion: de l'insoumission, condition de la liberté
Lettres (fictives) de réactions à la Gibelotte et répliques du Littéraire
critique qui aurait pu paraître dans le journal local
Appendice
Chronologie et 21 documents
résumé
table des matières
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